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ЖАНРЫ

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ELLE. Mes ces choix ne sont pas d’'egale valeur. Supposons qu’`a un bal se trouvent cent dames et cent cavaliers, et que sur ces cent c’est moi que cinq hommes d'ecident d’inviter `a danser. C’est vrai, j’ai la possibilit'e de choisir parmi les cinq. Mais eux ont choisi parmi cent femmes!

LUI. Il faut croire que la nature savait ce qu’elle faisait; d’une mani`ere ou d’une autre chacun aura sa partenaire.

ELLE. Pas tous.

LUI. (Apr`es un court silence.). Pas tous, en effet.

ELLE. Et le couple qui se forme n’est pas toujours assorti.

LUI. C’est vrai aussi.

ELLE. Donc, vous consid'erez qu’une femme doit toujours ^etre non pas l’archet mais le violon?

LUI. La question n’est pas ce que je consid`ere ou non. Le monde est comme ca, tout simplement.

ELLE. Mais pourquoi? Les femmes n’ont-elles pas le droit de chercher leur bonheur et de faire ce qu’il faut pour l’atteindre? Les hommes et les femmes ne sont-ils pas 'egaux?

LUI. 'Egal ne signifie pas identique. Un chat m^ale et un chat femelle sont aussi juridiquement 'egaux, mais biologiquement ils se conduisent diff'eremment. Pareil pour les humains. Physiquement, une femme ne peut pas prendre un homme, le poss'eder. C’est toujours lui qui la prend, et elle, elle se donne. D’o`u diff'erentes normes de conduite : il choisit, elle attend d’^etre choisie.

ELLE. Vous raisonnez en professionnel. Donc, une femme ne peut pas chercher.

LUI. Ce n’est pas elle qui doit chercher, elle, on doit la trouver. C’est pourquoi le premier motif du comportement d’une femme, c’est d’^etre attirante.

ELLE. Mais peut-^etre n’est-ce pas une loi de la biologie, mais une question d’'education et de tradition?

LUI. Les traditions sont diff'erentes d’un peuple `a l’autre. Mais partout nous voyons une seule et m^eme chose : l’homme cherche la femme, la choisit, fait tout pour l’avoir, l’ach`ete, la prend. Mais on ne voit pas le contraire. Et en g'en'eral, c’est bien connu, l’homme chasse la femme jusqu’`a ce qu’elle le capture.

ELLE. C’est une vieille fable.

LUI. Du reste, se battre seul contre une morale accept'ee par tous est toujours sans espoir et n’a pas de sens. Et si l’on va `a l’encontre de notre nature biologique cela conduit in'evitablement `a toutes sortes de n'evroses qui s’observent chez la majorit'e d’entre nous.

ELLE. Vous compris?

LUI. Pourquoi devrais-je ^etre une exception? Cessons cette discussion, voulez-vous?

ELLE. Comme vous voulez. Je vous aurais m^eme invit'e `a danser, mais je suis certaine que vous ne savez pas.

LUI. Si, pourquoi? Un peu moins bien qu’un ours, mais s^urement mieux qu’un 'el'ephant.

ELLE. On peut peut-^etre essayer. (Elle le tire par la main, l’invitant `a danser et fait quelques pas avec lui.)

LUI. Non, ce n’est pas la peine. Vous allez y perdre vos pieds.

ELLE. Donc, vous aussi vous avez des probl`emes, bien que vous soyez un grand th'eoricien en mati`ere de sexe. Et qu’en est-il dans la pratique?

LUI. Dans la pratique, tout mon temps est accapar'e par le travail. Le reste m’int'eresse peu.

ELLE. Et les enfants? Et votre femme ch'erie? (Elle ajoute, non sans une pointe de causticit'e :) Qui vous pla^it sous tous les rapports?

LUI. Je n’ai pas d’enfants.

ELLE. Pas de femme non plus, peut-^etre?

LUI. Eh bien, si vous voulez la v'erit'e, pas de femme non plus, `a pr'esent.

ELLE.

«`A pr'esent» vous voulez dire maintenant pendant que vous ^etes `a l’h^otel?

LUI. Je n’ai pas du tout de femme. Depuis deux ans.

ELLE. Une petite amie, bien s^ur.

LUI. Non plus.

ELLE. (Franchement surprise.). Comment ca? un psychologue parlerait l`a d’un cas lourd.

LUI. Ca ne va pas aussi mal que vous le pensez, c’est bien pire.

ELLE. Que vous est-il arriv'e?

LUI. Rien de particulier. Une histoire tr`es triviale.

ELLE. Dites.

LUI. Vous ne pr'ef'erez pas boire?

Il remplit les fl^utes et ils trinquent.

ELLE. Et maintenant, racontez.

LUI. En fait, Il n’y a rien `a raconter. Je me suis mari'e dans mon temps. Alors, j’'etais jeune et stupide. D’ailleurs, pas moins stupide que jeune.

ELLE. Et apr`es?

LUI. Un matin, je me suis r'eveill'e en comprenant qu’elle et moi n’avions absolument rien `a nous dire. Nos int'er^ets communs se r'esumaient au lit et m^eme eux s’amenuisaient de jour en jour. Et au lieu d’apporter tout de suite un correctif, nous nous sommes mutuellement pourri la vie.

ELLE. Effectivement, c’est une histoire triviale. Mais pourquoi cela s’est-il pass'e comme ca?

LUI. L’homme se lasse toujours du mariage. De devoir ^etre chaque jour ensemble. De ne pouvoir se r'efugier en soi. D’^etre conscient qu’il est li'e. Les femmes aiment nous tenir en laisse sans comprendre que plus la laisse est courte, plus nous voulons nous en lib'erer.

ELLE. Mais vous vous en ^etes lib'er'e, pourtant?

LUI. Oui. Nous nous sommes s'epar'es.

ELLE. C’est tout?

LUI. Non. Puis, l’^age avancant, je ne suis pas devenu moins stupide et je me suis remari'e.

ELLE. J’esp`ere que cette fois vous avez choisi celle qui vous convenait?

LUI. Eh bien, apr`es mon premier mariage, moi j’'evitais les femmes, mais, d’une certaine mani`ere, elle m’a remarqu'e. Tiens, voil`a, d’ailleurs, un exemple de qui choisit qui.

ELLE. Pourquoi l’avez-vous 'epous'ee?

LUI. Et pourquoi nous marions-nous, en g'en'eral? Vous croyez que c’est par affinit'e d’^ames? Par d'esir de rester ensemble toute la vie et de mourir le m^eme jour? Non. Par stupidit'e. Par la force du hasard. `A cause d’une taille fine et d’une jolie veste.

ELLE. Et comment cela a-t-il fini?

LUI. Quelque deux ans apr`es, ma femme m’a tromp'e avec une nullit'e, et je l’ai chass'ee. D’ailleurs, si je veux ^etre pr'ecis, c’est moi qui ai d^u partir car la plus grosse part de nos biens lui est revenue.

ELLE. Vous l’aimiez beaucoup?

LUI. Non, pas beaucoup. Ou plut^ot, pas du tout. Mais ca a 'et'e un coup dur pour moi.

ELLE. Pourquoi, si vous ne l’aimiez pas plus que ca?

LUI. Eh bien, vous savez… Rentrer chez soi et trouver sa femme au lit avec un autre homme…

ELLE. Je vous comprends mieux que ce que vous croyez… Et depuis vous ne vous en ^etes pas remis?

LUI. `A pr'esent, si. Mais j’essaie de me tenir le plus loin possible des femmes. Je me suis br^ul'e deux fois, cela me suffit. Comme dit la chanson, je ne crois plus en l’amour.

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