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LE DOCTEUR. (^Otant son masque.) Oh ! excusez-moi ! Asseyez-vous. Pas l`a, c’est la chaise des patients. Sur le canap'e, s’il vous pla^it. Une tasse de caf'e ?

IR`ENE. Non, merci. O`u en ^etes-vous au niveau du traitement de mon mari ?

LE DOCTEUR. Je ne vous cacherai pas que nous rencontrons des difficult'es de taille.

IR`ENE. Je suis s^ur qu’un aussi brillant m'edecin que vous les surmontera.

LE DOCTEUR. (Flatt'e.) D’o`u savez-vous que je suis un bon m'edecin ?

IR`ENE. C’est une chose que tout le monde sait.

LE DOCTEUR. (Flatt'e.) Oui bon, tout le monde…

IR`ENE. Je vous assure. Vous avez une telle renomm'ee, n’est-ce pas ? De plus, comment ne pas vous conna^itre, alors que vous suivez mon mari depuis un an et demi ?

LE DOCTEUR. Moi ? Votre mari ? Un an et demi ? C’est impossible !

IR`ENE. Excusez-moi, je me suis tromp'ee. Pas un an et demi, mais deux.

LE DOCTEUR. Vous plaisantez ! Je n’avais jamais vu votre mari auparavant !

IR`ENE. Je comprends. Secret professionnel. Mais on ne va quand m^eme pas le cacher `a la femme du patient. Si vous saviez, comme j’en souffre !

LE DOCTEUR. Je peux l’imaginer. Une aussi charmante femme que vous m'erite un meilleur sort. Peut-^etre, accepterez-vous, tout de m^eme, une tasse de caf'e ?

IR`ENE. Puisque vous insistez, je crois bien que je ne refuserai pas.

LE DOCTEUR. (Servant `a son h^ote du caf'e et un biscuit.) S’il vous pla^it.

IR`ENE. Je vous remercie. `A pr'esent, je comprends la raison de votre succ`es professionnel.

LE DOCTEUR. (Modestement.) Elle est simple : du savoir et du travail.

IR`ENE. Je ne l’explique pas tout `a fait comme ca. Un m'edecin, avant toute chose, doit ^etre un homme attirant. Cela agit plus efficacement que n’importe quel m'edicament.

LE DOCTEUR. C’est ce que vous pensez ?

IR`ENE. J’en suis s^ure. Avec votre charme, vous pouvez obtenir des r'esultats 'etonnants. (Avec coquetterie.) Du moins, si nous parlons des femmes.

LE DOCTEUR. (Non sans une certaine fiert'e.) En effet, il est reconnu par la m'edecine, que la personnalit'e du m'edecin a une importance th'erapeutique d'etermin'ee.

IR`ENE. Pas d'etermin'ee, mais d'ecisive.

LE DOCTEUR. Vous savez, lorsque nous nous sommes parl'e au t'el'ephone… Je veux dire que votre voix m’a paru tr`es agr'eable… du reste, je l’ai d'ej`a dit… Et l`a, maintenant que je vous vois…

IR`ENE. (Avec coquetterie.) Vous ^etes d'ecu ?

LE DOCTEUR. Au contraire ! `A propos, pourquoi m’avez-vous dit d’abord que vous n’'etiez pas mari'ee ?

IR`ENE. Selon vous, je dois faire 'etalage par t'el'ephone de tous les d'etails de ma vie priv'ee au premier inconnu qui appelle ?

LE DOCTEUR. Vous avez raison. Mais je trouve ca tr`es dommage.

IR`ENE. (Avec coquetterie.) Quoi donc ?

LE DOCTEUR. Si vous n’aviez pas 'et'e mari'ee, je vous aurais volontiers fait la cour.

IR`ENE. (D’un air s'ev`ere.) J’ai peur de ne pas vous comprendre.

LE DOCTEUR. (Timide.) Non, je… Je voulais dire…

IR`ENE. (Elle continue.) Je ne vous comprends pas, en effet. Les hommes ne font-ils pas la cour aux femmes mari'ees ?

LE DOCTEUR. Si, bien s^ur…

IR`ENE. Alors, o`u est le probl`eme ?

LE DOCTEUR. Vous comprenez, il y a des principes reconnus…

IR`ENE. Des principes ?

LE DOCTEUR. J’ai une r`egle : ne pas m'elanger le travail et la vie priv'ee. C’est pourquoi, par exemple, je ne fais jamais la cour `a mes patientes.

IR`ENE. C’est tr`es louable. Mais je ne suis pas une de vos patientes.

LE DOCTEUR. Vous ^etes la femme d’un patient.

IR`ENE. Oubliez ca. J’ai entendu parler de ces r`egles : ne pas avoir de relations amoureuses avec des coll`egues de travail, avec ses patientes et ses 'etudiantes, avec les femmes de parents et caetera. S’il faut suivre tout ca `a la lettre, qui aura donc des relations avec nous ? Et o`u ? Retenez une chose : il faut toujours faire la cour, et `a toutes les femmes : collaboratrices, 'epouses de vos amis et, d’autant plus, 'epouses de vos ennemis. Et m^eme parfois, vous n’allez pas le croire, `a sa propre femme.

LE DOCTEUR. Donc, selon vous, ces principes…

IR`ENE. Laissez tomber les principes. Dites-moi, plut^ot, honn^etement, que tout simplement je ne vous plais pas assez.

LE DOCTEUR. Je vous assure que vous me plaisez beaucoup.

IR`ENE. Quand une femme pla^it vraiment, on lui fait la cour, sans penser `a rien. C’est l`a l’unique principe juste.

LE DOCTEUR. Donc, vous ne serez certainement pas offens'ee, si je vous propose d’aller d^iner quelque part ?

IR`ENE. Je serai offens'ee, si vous ne le proposez pas. Pour dire la v'erit'e, il y a longtemps qu’il convenait de le faire.

LE DOCTEUR. Je sais, mais il est difficile de s’y r'esoudre d`es la premi`ere rencontre…

IR`ENE. Et `a partir de quelle rencontre un homme doit-il agir, si ce n’est lors de la premi`ere ? Car il peut ne pas y avoir de deuxi`eme rencontre.

LE DOCTEUR. Mais l`a, tout de suite, de but en blanc…

IR`ENE. Comment cela,

« de but en blanc » ? Vous avez des 'elans d’escargot et chargez avec l’imp'etuosit'e d’une tortue ! Nous nous connaissons depuis deux ans et ce n’est qu’aujourd’hui que vous vous ^etes d'ecid'e `a manifester votre int'er^et pour moi.

LE DOCTEUR. (Perplexe.) Deux ans ? Vous ^etes s^ure ? Nous serions-nous d'ej`a rencontr'es ?

IR`ENE. `A pr'esent, je vois quel effet je produis v'eritablement sur vous. Une femme qui pla^it, on ne l’oublie pas.

LE DOCTEUR. Vous me plaisez beaucoup, mais… (Il se tait. Son visage se marque d’un trouble 'evident. Est-il possible que le virus de destruction de la m'emoire agisse si vite ?)

IR`ENE. (Parcourant le cabinet du regard.) Votre cabinet est encore plus imposant et plus impressionnant. On voit tout de suite que l’on est dans la salle de r'eception d’un m'edecin qui a r'eussi.

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