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ЖАНРЫ

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LE DOCTEUR. (Perplexe.) Vous ^etes d'ej`a venue ? Avant ?

IR`ENE. Bien s^ur, et pas qu’une fois. Auriez-vous oubli'e ? Avant, me semble-t-il, il n’y avait pas l`a cette statuette de bronze.

LE DOCTEUR. Vous ^etes s^ure d’avoir 'et'e ici auparavant ?

IR`ENE. Comment n’en serais-je pas s^ure, si c’est moi-m^eme qui vous ai amen'e mon mari. Vous ne vous en souvenez vraiment pas ?

LE DOCTEUR. Moi ? (Incertain.) Mais pourquoi ? Bien s^ur que je me souviens. (Il verse d’une fiole des gouttes dans un verre, ajoute de l’eau de la carafe et boit, s’efforcant de faire cela `a la d'erob'ee.)

IR`ENE. `A propos, je me fais du souci pour lui. Excusez-moi, je dois v'erifier s’il n’est pas parti.

IR`ENE sort. LE DOCTEUR se prend le pouls. IR`ENE revient.

LE DOCTEUR. Il est parti ?

IR`ENE. Non.

LE DOCTEUR. Dommage.

IR`ENE. Voil`a, docteur, je voudrais que vous me donniez un certificat de sant'e de mon mari avec sa fiche m'edicale recouvrant toutes ces ann'ees. J’ai entrepris des d'emarches pour obtenir une pension d’invalidit'e pour lui et l’attestation d’un m'edecin en vue peut ^etre tr`es utile.

LE DOCTEUR. M-m-m… Voyez-vous, je n’ai pas encore d'etermin'e en quoi consiste sa maladie.

IR`ENE. Comment, deux ans n’y ont pas suffi ? `A vous ? Un m'edecin si exp'eriment'e ?

LE DOCTEUR.

« Deux ans » ?

IR`ENE. Donnez-moi, je vous prie, sa fiche m'edicale et je ne vous d'etournerai plus de votre travail.

LE DOCTEUR. Je… Je dois d’abord la pr'eparer.

IR`ENE. Qu’y a-t-il `a pr'eparer ? Imprimez-la et voil`a tout.

LE DOCTEUR. J’ai l’impression que mon ordinateur bogue… Ne pourriez-vous pas repasser un peu plus tard aujourd’hui ?

IR`ENE. Bien s^ur. (Elle se l`eve, se dirige vers la sortie, mais s’arr^ete.) Au fait, que dois-je comprendre ? M’avez-vous invit'ee `a d^iner ou pas ? Ou bien, cela aussi, vous l’avez oubli'e ?

LE DOCTEUR. Naturellement, vous ^etes invit'ee.

IR`ENE. Je ne voudrais pas para^itre insistante, mais lorsqu’un homme invite une dame, d’ordinaire il lui communique le lieu et le moment o`u il vient la chercher ou le lieu et le moment o`u ils doivent se rencontrer. Je dois me pr'eparer. Je ne peux tout de m^eme pas aller `a un rendez-vous avec vous ainsi fagot'ee.

LE DOCTEUR. Vous ^etes, `a mes yeux, irr'eprochable.

IR`ENE. Non, non. Je dois me changer. Ainsi donc, je repasserai dans une demi-heure et nous nous mettrons d’accord sur tout. Et par la m^eme occasion, je prendrai la fiche m'edicale.

LE DOCTEUR. Parfait.

IR`ENE. Vous en avez fini avec mon mari ?

LE DOCTEUR. Pas encore.

IR`ENE. Alors, jusque-l`a, je vous le laisse. (Avec un sourire tr`es engageant.) `A tout de suite.

IR`ENE sort. LE DOCTEUR reste seul. Son visage exprime un m'elange de joie et de d'econtenancement. Entre MICHEL.

MICHEL. Docteur…

LE DOCTEUR. (L’air de souffrir.) N’allez pas me dire que vous souffrez d’amn'esie.

MICHEL. Mais je ne souffre pas du tout d’amn'esie. Qu’est-ce qui vous fait dire ca ?

LE DOCTEUR. Alors, que voulez-vous, donc, de moi ?

MICHEL. Ma femme m’a dit d’attendre dans la salle d’attente, mais je m’y ennuie. Est-ce que je peux rester assis, ici ?

LE DOCTEUR. Je pr'ef`ere dans la salle d’attente.

MICHEL. Je pr'ef`ere ici.

LE DOCTEUR. Bon, d’accord. `A une condition : vous ne parlez pas.

MICHEL. Je ne dirai pas un mot.

LE DOCTEUR. Vous promettez de ne pas oublier ?

MICHEL. Je n’oublie jamais rien.

LE DOCTEUR. (Soupirant.) Eh bien, c’est parfait.

MICHEL s’assoit discr`etement dans un coin. LE DOCTEUR cherche la fiche m'edicale dans son ordinateur, visiblement sans succ`es. LE DOCTEUR s’adresse, `a tout hasard, `a MICHEL.

Vous ne vous rappelez pas, par hasard, si je vous ai fait une fiche m'edicale ?

MICHEL. Vous l’avez faite.

LE DOCTEUR. Quand ? Ce matin ?

MICHEL. Non, il y a tr`es longtemps. Il y a un an, ou deux.

MICHEL. Et vous vous en souvenez ?

MICHEL. Bien s^ur que je m’en souviens.

LE DOCTEUR. Pourquoi, alors, ne puis-je pas la retrouver dans mon ordinateur ?

MICHEL. Je ne sais pas. Vous voulez que je vous aide ?

LE DOCTEUR. (Le repoussant.) Pas la peine ! (Il renouvelle ses recherches dans son ordinateur.)

Entre une Femme portant un costume en prince de galles irr'eprochable. Ses gestes sont assur'es, elle parle avec clart'e et pr'ecision, a les mani`eres d’une personne d'ecid'ee.

LA FEMME. Bonjour.

MICHEL. (Heureux.) C’est toi ?

LA FEMME. Comme tu vois, ch'eri.

MICHEL. Je m’ennuie de toi, ici. Je suis content que tu sois venue !

MICHEL et LA FEMME s’enlacent et s’embrassent.

LA FEMME. Rentre ta chemise et arrange ta coiffure. Comment vas-tu ?

MICHEL. `A merveille.

LE DOCTEUR. Vous permettez ? Qui ^etes-vous ?

MICHEL. C’est ma femme.

LA FEMME. (Tendant la main au Docteur.) Comme vous le savez, je m’appelle Jeanne Grelot.

LE DOCTEUR. (Abasourdi.) Enchant'e.

JEANNE. Je ne vous d'erange pas ?

LE DOCTEUR. Asseyez-vous. (Il emm`ene Michel `a part.) Qui est cette femme ?

MICHEL. Mais je vous l’ai dit : ma femme.

LE DOCTEUR. Mais, tout `a fait r'ecemment vous avez enlac'e `a cette m^eme place une autre femme dont vous avez dit aussi qu’elle 'etait votre femme !

MICHEL. Docteur, vous avez des hallucinations. Il faut vous soigner. Ici, il n’y a eu aucune femme.

LE DOCTEUR, d'esorient'e, prend une nouvelle dose de m'edicament. Ayant rassembl'e ses id'ees, il s’adresse `a JEANNE.

LE DOCTEUR. J’esp`ere que vous ne vous offusquerez pas si je vous demande de me pr'esenter une pi`ece d’identit'e.

JEANNE. 'Etrange demande. Du reste, c’est comme vous voulez. Voici mon permis de conduire. (Elle tend son document.) Jeanne Grelot. `A votre service.

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