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ЖАНРЫ

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LE DOCTEUR. Non, vous ne pourrez pas. On me demande une carte m'edicale, mais on pourrait me couper les mains que je ne me souviendrais pas de l’avoir 'ecrite.

IR`ENE. Eh bien, faites-en une autre, o`u est le probl`eme ? Vous n’allez pas vous laisser d'emonter par ca ?

LE DOCTEUR. Mais faire comme si la carte m'edicale remontait `a il y a deux ans est impossible. Car l’ordinateur fixe automatiquement la date de cr'eation du fichier. Du reste, je doute que vous y compreniez quelque chose.

IR`ENE. C’est l`a tout votre probl`eme ?

LE DOCTEUR. Sur un plan technique, oui. Et je ne parle pas, ca va de soi, des remords de conscience et de l’int'egrit'e professionnelle. Qui cela int'eresse-t-il de nos jours ?

IR`ENE. Il me semble, que je peux quand m^eme vous aider.

LE DOCTEUR. Comment ?

IR`ENE. Ne vous ai-je pas dit que j’'etais programmeuse ?

LE DOCTEUR. Vous ?!

IR`ENE. Et votre probl`eme technique, d’un point de vue de programmeur, est tout bonnement d'erisoire. Asseyez-vous `a c^ot'e de moi.

IR`ENE et le DOCTEUR s’assoient c^ote `a c^ote devant l’ordinateur. Les doigts d’IR`ENE courent sur le clavier.

Tenez, regardez… Nous ouvrons le fichier avec la fiche m'edicale de Michel… L’ordinateur indique qu’il a 'et'e cr'e'e aujourd’hui. Est-ce vrai ?

IR`ENE. Oui.

IR`ENE. Et `a pr'esent, une petite correction… (Elle tape sur les touches.) Maintenant, regardez, quand le fichier a-t-il 'et'e cr'e'e ?

LE DOCTEUR. (Il regarde l’'ecran.) Il y a deux ans. Mais c’est incroyable ! Comment avez-vous fait ca ?

IR`ENE. (Avec une l'eg`ere pointe d’ironie, elle cite le Docteur.) Du savoir et du travail.

LE DOCTEUR. Je ne sais pas comment vous remercier !

IR`ENE. Pas besoin de me remercier. Au contraire ! (Apr`es un temps d’h'esitation.) Je veux vous dire quelque chose de tr`es important… (Elle se tait.)

LE DOCTEUR. Voyons, pourquoi restez-vous silencieuse ?

IR`ENE. J’ai du mal `a me d'ecider. Mais je vais quand m^eme parler.

Entre L’HOMME. IR`ENE se tait. Elle est tr`es troubl'ee.

L’HOMME. (`A Ir`ene.) Enfin, je vous ai trouv'ee.

IR`ENE. Vous m’avez fil'ee.

L’HOMME. Oui, je vous ai fil'ee. (Au Docteur. Sur un ton assez cassant.) Laissez-nous tous les deux, s’il vous pla^it.

LE DOCTEUR interroge IR`ENE du regard. Elle acquiesce de la t^ete. LE DOCTEUR sort. L’HOMME tarde `a reprendre la parole, ne sachant pas comment d'emarrer une conversation qui s’annonce p'enible.

Pourquoi m’avez-vous cach'e que vous 'etiez mari'ee.

IR`ENE. Je n’ai rien cach'e.

L’HOMME. Mais vous n’y avez jamais fait allusion.

IR`ENE. Vous pensez qu’une femme doit d'eclarer dans les journaux, `a la radio et `a la t'el'evision qu’elle est mari'ee ? Ou, au contraire, qu’elle ne l’est pas ?

IR`ENE. Vous ^etes une femme dangereuse.

IR`ENE. Merci pour le compliment. Vous ^etes venu pour tirer au clair nos relations personnelles ?

L’HOMME. Non. Le th`eme que nous allons aborder est autrement plus s'erieux.

IR`ENE. Eh bien, parlez.

L’HOMME. Vous avez soutir'e `a la banque une somme, vous savez laquelle. L’argent, il est vrai, n’a pas 'et'e transf'er'e sur votre compte, mais vous savez parfaitement ce qui vous attend.

IR`ENE. La prison.

L’HOMME. Tout `a fait. Vous 'etiez consid'er'ee comme une employ'ee mod`ele. Pour vous dire la v'erit'e, `a cette heure encore je suis admiratif de l’art avec lequel vous avez mis sur pied cette combinaison. Deux ans durant, la banque est rest'ee sans remarquer qu’une petite ligne superflue du programme informatique conduisait `a une fuite d’argent.

IR`ENE. Encore faudra-t-il prouver, que c’est moi qui ai ajout'e cette ligne.

L’HOMME. Les experts s’en chargeront.

LA FEMME. Reste `a savoir qui a le plus d’exp'erience, de vos experts ou de moi ? Qu’attendez-vous de moi ?

L’HOMME. Rendez l’argent et la banque ne vous assigne pas en justice.

IR`ENE. Que me vaut cette bienveillance ? Est-ce parce que je ne vous suis pas tout `a fait indiff'erente ?

L’HOMME. Vous ne m’^etes pas pas du tout indiff'erente, mais dans le cas pr'esent mes consid'erations sont d’ordre purement commercial. Il n’est pas du tout dans l’int'er^et de la banque, que le public sache que nos collaborateurs volent l’argent des d'eposants. Nous perdrions alors des milliers de clients et des centaines de millions d’euros. C’est pourquoi notre int'er^et est d’'etouffer l’affaire.

IR`ENE. Quand faut-il rendre l’argent ?

L’HOMME. Aujourd’hui. Dans le cas contraire, vous serez arr^et'ee demain.

IR`ENE. Aujourd’hui, ce n’est pas possible. Du reste, demain, non plus. Pas plus qu’apr`es-demain.

L’HOMME. Pourquoi ?

IR`ENE. Parce que je n’ai pas d’argent. Et que je n’en aurai pas.

L’HOMME. Bien. J’ai dit, ce que j’avais `a dire. Veuillez r'efl'echir. Il vous reste peu de temps. (Il se l`eve, va vers la sortie, s’arr^ete. Son ton change.) Ir`ene, vous savez ce que j’'eprouve pour vous.

IR`ENE. Je sais.

L’HOMME. Pourquoi avez-vous fait cela ?

IR`ENE. Parce que… parce que je l’ai fait.

L’HOMME. Mais, tout de m^eme, o`u est l’argent ?

IR`ENE. Ce n’est pas pour moi que je l’ai pris.

L’HOMME. Je m’en doutais. Alors, que cette personne soit coffr'ee ! En d'efinitive, c’est lui qui a empoch'e l’argent, et vous, formellement, vous n’^etes pas coupable. On peut expliquer cette ligne du programme par une erreur technique. Qu’est-ce que vous en dites ?

IR`ENE. (Apr`es un moment de silence.) Donnez-moi un peu de temps pour r'efl'echir.

L’HOMME sort. Entre LE DOCTEUR.

LE DOCTEUR. Qui est cet homme ?

IR`ENE. Le vice-pr'esident de la banque.

LE DOCTEUR. Que vous voulait-il ?

IR`ENE. C’est sans importance. Docteur, je dois vous faire un aveu.

LE DOCTEUR. (Essayant de plaisanter.) D’un amour, j’esp`ere ?

IR`ENE. Non, simplement un aveu. (Elle se tait.)

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