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ЖАНРЫ

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Enfin ils devin`erent qu’un mortel chagrin causait tout ce ravage ; ils en avertirent la reine, qui, toute pleine de tendresse pour son fils, vint le conjurer de dire la cause de son mal ; et que, quand il s’agirait de lui c'eder la couronne, le roi son p`ere descendrait de son tr^one sans regret, pour l’y faire monter ; que s’il d'esirait quelque princesse, quand m^eme on serait en guerre avec le roi son p`ere, et qu’on e^ut de justes sujets pour s’en plaindre, on sacrifierait tout pour obtenir ce qu’il d'esirait ; mais qu’elle le conjurait de ne pas se laisser mourir, puisque de sa vie d'ependait la leur.

10. Intitulez ce fragment et faites le devoir !

La reine n’acheva pas ce touchant discours sans mouiller le visage du prince d’un torrent de larmes.

« Madame, lui dit enfin le prince avec une voix tr`es faible, je ne suis pas assez d'enatur'e pour d'esirer la couronne de mon p`ere ; plaise au ciel qu’il vive de longues ann'ees, et qu’il veuille bien que je sois longtemps le plus fid`ele et le plus respectueux de ses sujets ! Quant aux princesses que vous m’offrez, je n’ai point encore pens'e `a me marier ; et vous pensez bien que, soumis comme je le suis `a vos volont'es, je vous ob'eirai toujours, quoi qu’il m’en co^ute. – Ah ! mon fils, reprit la reine, rien ne me co^utera pour te sauver la vie ; mais, mon cher fils, sauve la mienne et celle du roi ton p`ere, en me d'eclarant ce que tu d'esires, et sois bien assur'e qu’il te sera accord'e. – Eh bien ! madame, dit-il, puisqu’il faut vous d'eclarer ma pens'ee, je vais vous ob'eir ; je me ferais un crime de mettre en danger deux ^etres qui me sont si chers. Oui, ma m`ere, je d'esire que Peau-d’^Ane me fasse un g^ateau, et que, d`es qu’il sera fait, on me l’apporte.

» La reine, 'etonn'ee de ce nom bizarre, demanda qui 'etait cette Peau-d’^Ane. « C’est, madame, reprit un de ses officiers qui par hasard avait vu cette fille, c’est la plus vilaine b^ete apr`es le loup ; une peau noire, une crasseuse, qui loge dans votre m'etairie et qui garde vos dindons. – N’importe, dit la reine : mon fils, au retour de la chasse, a peut-^etre mang'e de sa p^atisserie ; c’est une fantaisie de malade ; en un mot, je veux que Peau-d’^Ane (puisque Peau-d’^Ane il y a) lui fasse promptement un g^ateau. »

On courut `a la m'etairie, et l’on fit venir Peau-d’^Ane, pour lui ordonner de faire de son mieux un g^ateau pour le prince.

11. Intitulez ce fragment et faites le devoir !

Quelques auteurs ont assur'e que Peau-d’^Ane, au moment que ce prince avait mis l’oeil `a la serrure, les siens l’avaient apercu : et puis, que regardant par sa petite fen^etre, elle avait vu ce prince si jeune, si beau et si bien fait, que l’id'ee lui en 'etait rest'ee, et que souvent ce souvenir lui avait co^ut'e quelques soupirs. Quoi qu’il en soit, Peau-d’^Ane l’ayant vu, ou en ayant beaucoup entendu parler avec 'eloge, ravie de pouvoir trouver un moyen d’^etre connue, s’enferma dans sa chambre, jeta sa vilaine peau, se d'ecrassa le visage et les mains, se coiffa de ses blonds cheveux, mit un beau corset d’argent brillant, un jupon pareil, et se mit `a faire le g^ateau tant d'esir'e : elle prit de la plus pure farine, des oeufs et du beurre bien frais. En travaillant, soit de dessein ou autrement, une bague qu’elle avait au doigt tomba dans la p^ate, s’y m^ela ; et d`es que le g^ateau fut cuit, s’affublant de son horrible peau, elle donna le g^ateau `a l’officier, `a qui elle demanda des nouvelles du prince ; mais cet homme, ne daignant pas lui r'epondre, courut chez le prince lui porter ce g^ateau.

Le prince le prit avidement des mains de cet homme, et le mangea avec une telle vivacit'e, que les m'edecins, qui 'etaient pr'esents, ne manqu`erent pas de dire que cette fureur n’'etait pas un bon signe : effectivement, le prince pensa s’'etrangler par la bague qu’il trouva dans un des morceaux du g^ateau ; mais il la tira adroitement de sa bouche : et son ardeur `a d'evorer ce g^ateau se ralentit, en examinant cette fine 'emeraude, mont'ee sur un jonc d’or, dont le cercle 'etait si 'etroit, qu’il jugea ne pouvoir servir qu’au plus joli doigt du monde.

12. Lisez ce passage et dites si vous savez d'ej`a comment gu'erira le prince. Faites le devoir !

Il baisa mille fois cette bague, la mit sous son chevet, et l’en tirait `a tout moment, quand il croyait n’^etre vu de personne. Le tourment qu’il se donna, pour imaginer comment il pourrait voir celle `a qui cette bague pouvait aller ; et n’osant croire, s’il demandait Peau-d’^Ane, qui avait fait ce g^ateau qu’il avait demand'e, qu’on lui accord^at de la faire venir, n’osant non plus dire ce qu’il avait vu par le trou de la serrure, de crainte qu’on se moqu^at de lui, et qu’on le pr^it pour un visionnaire, toutes ces id'ees le tourmentant `a la fois, la fi`evre le reprit fortement ; et les m'edecins, ne sachant plus que faire, d'eclar`erent `a la reine que le prince 'etait malade d’amour.

La reine accourut chez son fils, avec le roi, qui se d'esolait : « Mon fils, mon cher fils, s’'ecria le monarque afflig'e, nomme-nous celle que tu veux ; nous jurons que nous te la donnerons, f^ut-elle la plus vile des esclaves. » La reine, en l’embrassant, lui confirma le serment du roi. Le prince, attendri par les larmes et les caresses des auteurs de ses jours : « Mon p`ere et ma m`ere, leur dit-il, je n’ai point dessein de faire une alliance qui vous d'eplaise ; et pour preuve de cette v'erit'e, dit-il en tirant l’'emeraude de dessous son chevet, c’est que j’'epouserai la personne `a qui cette bague ira, telle qu’elle soit ; et il n’y a pas apparence que celle qui aura ce joli doigt soit une rustaude ou une paysanne. »

Le roi et la reine prirent la bague, l’examin`erent curieusement, et jug`erent, ainsi que le prince, que cette bague ne pouvait aller qu’`a quelque fille de bonne maison. Alors le roi ayant embrass'e son fils, en le conjurant de gu'erir, sortit, fit sonner les tambours, les fifres et les trompettes par toute la ville, et crier par ses h'erauts que l’on n’avait qu’`a venir au palais essayer une bague, et que celle `a qui elle irait juste 'epouserait l’h'eritier du tr^one.

13. Intitulez ce fragment et faites le devoir !

Les princesses d’abord arriv`erent, puis les duchesses, les marquises et les baronnes ; mais elles eurent beau toutes s’amenuiser les doigts, aucune ne put mettre la bague. Il en fallut venir aux grisettes, qui, toutes jolies qu’elles 'etaient, avaient toutes les doigts trop gros. Le prince, qui se portait mieux, faisait lui-m^eme l’essai. Enfin, on en vint aux filles de chambre ; elles ne r'eussirent pas mieux. Il n’y avait plus personne qui n’e^ut essay'e cette bague sans succ`es, lorsque le prince demanda les cuisini`eres, les marmitonnes, les gardeuses de moutons : on amena tout cela ; mais leurs gros doigts rouges et courts ne purent seulement aller par-del`a l’ongle.

« A-t-on fait venir cette Peau-d’^Ane, qui m’a fait un g^ateau ces jours derniers ?

» dit le prince. Chacun se prit `a rire, et lui dit que non, tant elle 'etait sale et crasseuse. « Qu’on l’aille chercher tout `a l’heure, dit le roi ; il ne sera pas dit que j’aie except'e quelqu’un. » On courut, en riant et se moquant, chercher la dindonni`ere.

14. Intitulez ce fragment et faites le devoir !

L’infante, qui avait entendu les tambours et le cri des h'erauts d’armes, s’'etait bien dout'ee que sa bague faisait ce tintamarre : elle aimait le prince ; et, comme le v'eritable amour est craintif et n’a point de vanit'e, elle 'etait dans la crainte continuelle que quelque dame n’e^ut le doigt aussi menu que le sien. Elle eut donc une grande joie quand on vint la chercher et qu’on heurta `a sa porte. Depuis qu’elle avait su qu’on cherchait un doigt propre `a mettre sa bague, je ne sais quel espoir l’avait port'ee `a se coiffer plus soigneusement, et `a mettre son beau corps d’argent, avec le jupon plein de falbalas, de dentelles d’argent, sem'e d’'emeraudes. Sit^ot qu’elle entendit qu’on heurtait `a la porte, et qu’on l’appelait pour aller chez le prince, elle remit promptement sa peau d’^ane, ouvrit sa porte ; et ces gens, en se moquant d’elle, lui dirent que le roi la demandait pour lui faire 'epouser son fils, puis, avec de longs 'eclats de rire, ils la men`erent chez le prince, qui, lui-m^eme, 'etonn'e de l’accoutrement de cette fille, n’osa croire que ce f^ut elle qu’il avait vue si pompeuse et si belle. Triste et confondu de s’^etre si lourdement tromp'e : « Est-ce vous, lui dit-il, qui logez au fond de cette all'ee obscure, dans la troisi`eme basse-cour de la m'etairie ? – Oui, seigneur, r'epondit-elle. – Montrez-moi votre main, » dit-il en tremblant et poussant un profond soupir… Dame ! qui fut bien surpris ? Ce furent le roi et la reine, ainsi que tous les chambellans et les grands de la cour, lorsque de dessous cette peau noire et crasseuse sortit une petite main d'elicate, blanche et couleur de rose, o`u la bague s’ajusta sans peine au plus joli petit doigt du monde ; et par un petit mouvement que l’infante se donna, la peau tomba, et elle parut d’une beaut'e si ravissante, que le prince, tout faible qu’il 'etait, se mit `a ses genoux, et les serra avec une ardeur qui la fit rougir ; mais on ne s’en apercut presque pas, parce que le roi et la reine vinrent l’embrasser de toute leur force, et lui demander si elle voulait bien 'epouser leur fils. La princesse, confuse de tant de caresses et de l’amour que lui marquait ce beau jeune prince, allait cependant les en remercier, lorsque le plafond s’ouvrit, et que la f'ee des Lilas, descendant dans un char fait de branches et de fleurs de son nom, conta, avec une gr^ace infinie, l’histoire de l’infante. Le roi et la reine, charm'es de voir que Peau-d’^Ane 'etait une grande princesse, redoubl`erent leurs caresses ; mais le prince fut encore plus sensible `a la vertu de la princesse, et son amour s’accrut par cette connaissance.

15. Intitulez ce fragment et faites le devoir !

L’impatience du prince, pour 'epouser la princesse, fut telle, qu’`a peine donna-t-il le temps de faire les pr'eparatifs convenables pour cet auguste hym'en'ee. Le roi et la reine, qui 'etaient affol'es de leur belle-fille, lui faisaient mille caresses, et la tenaient incessamment dans leurs bras ; elle avait d'eclar'e qu’elle ne pouvait 'epouser le prince sans le consentement du roi son p`ere : aussi fut-il le premier `a qui on envoya une invitation, sans lui dire qu’elle 'etait l’'epous'ee ; la f'ee des Lilas, qui pr'esidait `a tout, comme de raison, l’avait exig'e, `a cause des cons'equences. Il vint des rois de tous les pays : les uns en chaise `a porteurs, d’autres en cabriolet ; de plus 'eloign'es, mont'es sur des 'el'ephants, sur des tigres, sur des aigles ; mais le plus magnifique et le plus puissant fut le p`ere de l’infante, qui heureusement avait oubli'e son amour d'er'egl'e, et avait 'epous'e une reine veuve, fort belle, dont il n’avait point eu d’enfant. L’infante courut au-devant de lui ; il la reconnut aussit^ot, et l’embrassa avec une grande tendresse, avant qu’elle e^ut le temps de se jeter `a ses genoux. Le roi et la reine lui pr'esent`erent leur fils, qu’il combla d’amiti'es. Les noces se firent avec toute la pompe imaginable. Les jeunes 'epoux, peu sensibles `a ces magnificences, ne virent et ne regard`erent qu’eux.

Le roi, p`ere du prince, fit couronner son fils ce m^eme jour, et, lui baisant la main, le placa sur son tr^one, malgr'e la r'esistance de ce fils si bien n'e : il lui fallut ob'eir. Les f^etes de cet illustre mariage dur`erent pr`es de trois mois ; mais l’amour des deux 'epoux durerait encore, tant ils s’aimaient, s’ils n’'etaient pas morts cent ans apr`es.

16. Reconstituez l’ordre correct des images !

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