Сочинения в двенадцати томах. Том 3
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Ce commerce faisoit sortir annuellement de France des sommes consid'erables en argent qui ne renlroient plus o^u au moins qu’en tr`es petite-partie, puisque les objets d’exportation se reduisoient `a peu de chose;
Il est vrai que la compagnie o^u des n'egociants francais faisoient par cette importation des b'en'efices qui diminuoient d’autant la somme des esp`eces export'ees outre que c’'etoit une 'ecole pour notre marine; les 'etablissements que nous avions sur la c^ote de Coromandel et de Malabar offroient de grandes ressources pour le commerce de la Chine es du Japon;
Mais `a pr'esent que nos 'etablissements dans cette partie du globe n’existent plus; `a pr'esent que les anglais ont mis en leur pouvoir toute la presqne’ile de l’Inde; nous n’avons plus de compagnie, ni commercants fiancais qui puissent faire ce commerce directement, et c’est des anglais seuls que nous pouvons nous procurer les toiles de coton qui se consomment chez nous, pour lesquelles seulement nous leurs payons la somme annuelle de 70 `a 80 millions!!!
Pour nous exonerer d’un si enorme tribut, il fallut recourir `a l’'etablissement des filatures et tissures sur notre propre sol; et depuis quelques ann'ees que le gouvernement, par des sages r'eglemens, et la prohibition sur certaint objets fabriqu'es, tels que basins, piquets velours etc. les avait encourag'es, ont avait vu s’'el'ever des fabriques dans ce genre dans toutes les parties de la France.
Le gouvernement Anglais n’a pu voir ces 'etablissements de sang froid; avec le commerce exclusif en Europe des cotons fil'es et de leurs tissus, l’Angleterre gagne annuellement de sommes 'enormes et soutire tout l’argent du continent, qui sert ensuite `a corrompre les ministres des diverses puissances et `a entretenir la guerre et la discorde; ensorte qu’en dernier r'esultat c’est nous qui fournissons une partie des subsides qu’elle accorde aux puissances qui nous font la guerre;
Il est donc urgent de faire cesser un ordre de chose aussi ruineux, et la mesure que prendra l’empereur des francais, ne peut ^etre ni trop prompte, ni trop forte; car le mal est `a son comble. —
Beaucoup de chefs d’ateliers, esp'erant que par une prohibition absolue, les fils et tissus 'etrangers ne pourroient faire concurence aux leurs, avoient augment'e le nombre de leurs m'etiers; `a Paris, `a Rouen, les ateliers ne s’occupoient que de la construction des nouvelles machines pour la filature, et dans les d'epartements, plusieurs 'etablissements dans ce genre s’'etoient form'e, o^u 'etoient pr^ets `a l’^etre, lorsque tout `a coup ce genre d’industrie s’est trouv'e frapp'e d’une paralysie totale.
Dans le Midy, dans le D'epartement de la Dr^ome entre autre, les filatures de coton commencaient `a s’y propager, au point que dans la seule ville de Crest — dont la population exc`ede tout au plus quatre mille ^ames, plus de cinq cents individus etoienl occup'es `a ce genre d’industrie. Messieurs Daly et C° y avoient m^eme form'e un 'etablissement de tissures en toiles de coton compos'e de cinquante m'etiers, mais ne pouvant soutenir la concurrence 'etrang`ere ils se sont vu forc'es de l’abandonner;
Ces filatures alimentoient les fabriques de Montpellier qui offroient un double avantage `a la France; par leurs teintures en ronge qui comsommoient les huiles, et d’avancer d’autres productions de notre sol;
Les tissus et les fil'es en couleurs de ces deux villes s’exportaient dans les iles et en Espagne, d'ebouch'es enti`erement perdus pour nous, l’Espagne en a enti`erement prohib'e l’entr'ee et la consommation de nos colonies est r'eduite `a peu de chose;
Remarquons, n'eanmoins, que l’Angleterre ne cesse d’introduire ses fil'es et tissus en coton dans le Portugal et de l`a en Espagne, ensorte que bient^ot nos toiles de Flandre et de Voyron y auront tr`es peu de consommation par la preferance qu’on y accorde aux kalicots et perkales anglaises pour chemises et autres;
Les fabriques de Lyon et de N^ismes emploient beaucoup de coton fil'e, m'elang'es avec de la soie; et font ainsi des 'etofes qui ont cours dans le nord de l’Europe; mais les fil'es anglaises s’y pr'esentent encore en concurence, et les bas prix leurs obtient la pr'ef'erence;
C’est cotons fil'es audessous du N 60 quoique prohib'es, ne parviennent pas moins, on ne sait comment, dans le coeur de la France; sans doute `a la faveur de ceux qui sont d’une finisse sup'erieure et toujours par une maneuvre coupable;
L’arr'et'e de S. M. l’Empereur de jour compl'ementaire an 13, en augmentant les droits d’entr'ee sur les fils et tissus en coton, ne rem'ediera pas au mal que font aux n^otres ceux venant de l’Angleterre, pareeque les primes que le gouvernement anglais accorde au commerce sur les exportations, et les gros b'en'efices qu’il fait sur tout ce qu’il tire de i’Inde, lui permettront de baisser les prix de ces objets au point de les livrer au dessous de ceux de nos fabriques:
Craint-on qu’une prohibitions totale prive nos fabriques d’indiennes des toiles nec'essaires pour leurs consomations? on ne le pense pas; des miliers de m'etiers sont pr^ets `a se monter; pour peu que la consomation de leurs tissus soit assur'ee `a N^ismes, `a Montpellier et `a Avignon, on est s^ur que plus de trois mille ouvriers qui ne font rien, se livruiroient `a ce genre d’industrie, auqueis ils sont si familliers est qui est si facile `a enseigner que dans 40 `a 45 jours ils pourroient dresser la m^eme quantit'e d’apprenifs; sans compter que l’emploi de la navette volante pour les tissus de grandes largeurs, r'eduit le nombre des tisseurs de moiti'e; sans compter encore que les fil'es, provenant de nouvelles machines, ont plus de prix et l’ouvrier fait un tiers de plus d’ouvrage;
Ainsi l’on peut affirmer que les fabriques de France seroient bient^ot `a m^eme de fournir les quantit'es des tissus n'ecessaires `a celles d’indiennes et m^eme an del`a;
Ajoutons `a toutes ces consid'erations que non seulement la France s’allegeroit d’un tribut enorme envers son ennemi implacable en cessant d’importer ses fils et tissus en coton, mais m^eme l’on verroit bient^ot d’autres 'etats imiter son exemple et appauvrir d’autant cette puissance ambitieuse et jalouse qui ne cesse de m'editer la ruine des autres 'etats pour s’emparer du commerce du monde;
Ainsi le h'eros qui gouverne la France ajoutera beaucoup `a sa gloire, il aplanira une partie des obstacles qui s’opposent `a ses grands desseins — contre ces audacieux insulaires, s’il parvient `a affranchir la France du tribut annuel quelle est forc'ee de lui fournir, que dis-je? `a pr'esent que ses 'eclatantes victoires l’on rendu l’arbitre des destin'ees des 'etats du continent, qu’il exige pour condition essentielle de la paix qu’il leur accorde, que tout les ports du continent soient ferm'es aux Anglais, et bient^ot la superbe Albion renoncera `a l’acte de navigation invent'e par Cromwell, et conformant ses principes `a ceux que la justice et l’humanit'e prescrivent `a toutes les nations polic'ees, elle se bornera `a jou"ir des avantages de sa position, de son industrie et de sa civilisation, sans s’opposer `a ce que les autres nations usent du m^eme privil`ege;
En exigeant une pareille mesure de la part des autres 'etats de l’Europe, l’Empereur ne feroit que leur bien; puisqu’ils n’en est aucun qui ne soit 'egalement tributaire de l’Angleterre, tant pour les objets en question, que pour une infinit'e d’autres; et alors colla tourneroit l’industrie de leur population de ce cot'e, et pourroit, en attendant qu’elle e^ut atteint la perfection n'ec'essaire, fournir un d'ebouch'e `a l’exc'edent de nos fil'es;
A cet effet les fileurs et tisseurs soussign'es d'eposent aux pieds du tr^one leurs respectueuses observations avec la confiance que la premier regard de l’Empereur, apr`es avoir r'egl'e le sort de ses illustres compagnons, se portera sur la partie industrieuse de ses peuples, qui en faisant des voeux pour la conservation de sa pr'ecieuse personne, ne cesse de concourir par ses laborieux travaux, au soulagement de la classe indigente et la prosp'erit'e du commerce et l’agriculture.