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ЖАНРЫ

Том 6. Художественная проза
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Я ехал обратно в Тифлис по дороге уже мне знакомой. Места, еще недавно оживленные присутствием 15 000 войска, были молчаливы и печальны. Я переехал Саган-лу и едва мог узнать место, где стоял наш лагерь. В Гумрах выдержал я трехдневный карантин. Опять увидел я Безобдал и оставил возвышенные равнины холодной Армении для знойной Грузии. В Тифлис я прибыл 1-го августа. Здесь остался я несколько дней в любезном и веселом обществе. Несколько вечеров провел я в садах при звуке музыки и песен грузинских. Я отправился далее. Переезд мой через горы замечателен был для меня тем, что близ Коби ночью застала меня буря. Утром, проезжая мимо Казбека, увидел я чудное зрелище: белые, оборванные тучи перетягивались через вершину горы, и уединенный монастырь * , озаренный лучами солнца, казалось, плавал в воздухе, несомый облаками. Бешеная Балка также явилась мне во всем своем величии: овраг, наполнившийся дождевыми водами, превосходил в своей свирепости самый Терек, тут же грозно ревевший. Берега были растерзаны; огромные камни сдвинуты были с места и загромождали поток. Множество осетинцев разработывали дорогу. Я переправился благополучно. Наконец я выехал из тесного ущелия на раздолье широких равнин Большой Кабарды. Во Владикавказе нашел я Дорохова * и Пущина. Оба

ехали на воды лечиться от ран, полученных ими в нынешние походы. У Пущина на столе нашел я русские журналы. Первая статья, мне попавшаяся * , была разбор одного из моих сочинений. В ней всячески бранили меня и мои стихи. Я стал читать ее вслух. Пущин остановил меня, требуя, чтоб я читал с большим мимическим искусством. Надобно знать, что разбор был украшен обыкновенными затеями нашей критики: это был разговор между дьячком, просвирней и корректором типографии, Здравомыслом этой маленькой комедии. Требование Пущина показалось мне так забавно, что досада, произведенная на меня чтением журнальной статьи, совершенно исчезла, и мы расхохотались от чистого сердца.

Таково было мне первое приветствие в любезном отечестве.

Приложения к путешествию в Арзрум

I. Otice Sur La Secte Des Y'ezidis *

Entre les sectes nombreuses que se sont 'elev'ees dans la M'esopotamie, parmi les Musulmans, apr`es la mort de leur proph`ete, il n'en est aucune qui soit odieuse `a toutes les autres autant que celle des Y'ezidis. Les Y'ezidis ont pris leur nom du scheikh Y'ezid, auteur de leur secte, et ennemi d'eclar'e de la famille d'Ali. La doctrine dont ils font profession, est un m'elange du manich'eisme, du mahom'etisme et de la croyance des anciens Perses. Elle se conserve parmi eux par tradition, et est transmise de p`ere en fils sans le secours d'aucun livre: car il leur est d'efendu d'apprendre `a lire et `a 'ecrire. Ce d'efaut de livres est sans doute la cause, pour laquelle les historiens Mahom'etans ne parlent de cette secte qu'en passant, et pour d'esigner sous ce nom des gens abandonn'es au blasph^eme, cruels, barbares, maudits de Dieu, et infid`eles `a la religion de leur proph`ete. Par une suite de cela on ne peut se procurer, relativement `a la croyance des Y'ezidis, aucunes notions certaines, si ce n'est ce qu'on observe aujourd'hui m^eme parmi eux.

Les Y'ezidis ont pour premier principe de s'assurer l'amiti'e du Diable, et de mettre l''ep'ee `a la main pour sa d'efense. Aussi s'abstiennent-ils non-seulement de le nommer, mais m^eme de se servir de quelque expression dont la consonnance approche de celle de son nom. Par exemple un fleuve se nomme dans le langage ordinaire schatt, et comme ce mot a quelque l'eger rapport avec le mot sche"itan, nom du Diable, les Y'ezidis appellent un fleuve av'e mazen, c'est `a-dire grande eau. De m^eme encore les Turcs maudissent fr'equemment le Diable, en se servant pour cela du mot nal, qui veut dire mal'ediction; les Y'ezidis 'evitent avec grand soin tous les mots qui ont quelque analogie avec celui-l`a. Ainsi au lieu du mot nalqui signifie aussi fer de cheval, ils disent sol, c'est-`a-dire, semellede souliers d'un cheval, et ils substituent le mot solker, qui veut dire savetier, au terme du langage ordinaire nalbenda, qui signifie mar'echal. Quiconque fr'equente les lieux qu'ils habitent, doit ^etre tr`es-attentif `a ne point prononcer les mots diableet maudit, et surtout ceux-ci, maudit soit le diable; autrement il courrait grand risque d'^etre maltrait'e, ou m^eme tu'e. Quand leurs affaires les attirent dans les villes Turques, on ne peut pas leur faire de plus grand affront que de maudire le diable devant eux, et si la personne qui a eu cette imprudence vient `a ^etre rencontr'ee en voyage par des Y'ezidis et reconnue, elle est en grand danger d''eprouver leur vengeance. Il est arriv'e plus d'une fois que des hommes de cette secte ayant 'et'e arr^et'es pour quelque crime par la justice Turque, et condamn'es `a mort, ont mieux aim'e subir leur condamnation que d'user de la facult'e qui leur 'etait accord'ee, de s'y soustraire en maudissant le Diable.

Le Diable n'a point de nom dans le langage des Y'ezidis. Ils se servent tout au plus pour le d'esigner de cette p'eriphrase, scheikh mazen, le grand chef. Ils admettent tous les proph`etes et tous les saints r'ev'er'es par les Chr'etiens, et dont les monast`eres situ'es dans leurs environs portent les noms. Ils croient que tous ces saints personnages, lorsqu'ils vivaient sur la terre, ont 'et'e distingu'es des autres hommes plus ou moins, selon que le diable a r'esid'e plus ou moins en eux: c'est surtout, suivant eux, dans Mo"ise, J'esus-Christ et Mahomet qu'il s'est le plus manifest'e. En un mot, ils pensent que c'est Dieu qui ordonne, mais qu'il confie au pouvoir du Diable l'ex'ecution de ses ordres.

Le matin, `a peine le soleil commence-t-il `a para^itre, qu'ils se jettent `a genoux les pieds nus, et que tourn'es vers cet astre, ils se mettent en adoration, le front contre terre. Pour faire cet acte de d'evotion, ils se retirent `a part, loin de la pr'esence des hommes; ils font leur possible pour n'^etre point vus quand ils s'acquittent de ce devoir, dont ils se dispensent m^eme suivant les circonstances.

Ils n'ont ni je^unes, ni pri`eres, et disent pour justifier l'omission de ces њuvres de religion, que le scheikh Y'ezid a satisfait pour tous ceux qui feront profession de sa doctrine jusqu'`a la fin du monde, et qu'il en a recu l'assurance positive dans ses r'ev'elations; c'est en cons'equence de cela qu'il leur est d'efendu d'apprendre `a lire et `a 'ecrire. Cependant tous les chefs des tribus et des gros villages soudoient un docteur mahom'etan pour lire et interpr'eter les lettres qui leur sont adress'ees par les seigneurs et les pachas Turcs, et pour y r'epondre. Relativement aux affaires qu'ils ont entre eux, ils ne se fient jamais `a aucune personne d'une autre religion; ils envoient leurs ordres et font faire toutes leurs commissions de vive voix, par des hommes de leur secte.

N'ayant ni pri`eres, ni je^unes, ni sacrifices, ils n'ont aussi aucune f^ete. Ils tiennent cependant le 10 de la lune d'ao^ut une assembl'ee dans le voisinage du tombeau du scheikh Adi. Cette assembl'ee, `a laquelle beaucoup des Y'ezidis se rendent de contr'ees 'eloign'ees, dure toute cette journ'ee et la nuit suivante. Cinq ou six jours avant ou apr`es celui o`u elle a lieu, les petites caravanes courent risque d'^etre attaqu'ees dans les plaines de Moussol et du Kurdistan, par ces p'elerins qui voyagent toujours plusieurs ensemble, et il est rare qu'une ann'ee se passe sans que ce p'elerinage donne lieu `a quelque f^acheux 'ev'enement. On dit qu'un grand nombre de femmes des Y'ezidis, `a l'exception cependant des filles qui ne sont point encore mari'ees, se rendent des villages voisins `a cette r'eunion, et que cette nuit-l`a, apr`es avoir bien bu et mang'e, l'on 'eteint toutes les lumi`eres, et l'on ne parle plus jusqu'aux approches de l'aurore, instant auquel tout le monde se retire. On peut se faire une id'ee de ce qui se passe dans ce silence et `a la faveur des t'en`ebres.

Aucune esp`ece de nourriture n'est d'efendue aux Y'ezidis, except'e la laitue et la citrouille. Ils ne font jamais dans leurs maisons de pain de froment, mais seulement du pain d'orge; je ne sais point quelle en est la raison.

Ils emploient pour leurs serments les m^emes formules qui sont en usage parmi les Turcs, les Chr'etiens et les Juifs; mais le serment le plus fort qu'ils fassent entre eux, est de jurer par l''etendard de Y'ezid, c'est-`a-dire, par leur religion.

Ces sectaires ont un tr`es grand respect pour les monast`eres chr'etiens qui sont dans leurs environs. Quand ils vont les visiter, ils ^otent leurs chaussures avant d'entrer dans l'enceinte et marchant pieds nus, ils baisent la porte et les murs; ils croient par l`a s'assurer la protection du saint dont le couvent porte le nom. S'il leur arrive, pendant une maladie, de voir en r^eve quelque monast`ere, ils ne sont pas plut^ot gu'eris qu'ils vont le visiter, et y porter des offrandes d'encens, de cire, de miel, ou de quelque autre chose. Ils y demeurent environ un quart d'heure, et en baisent de nouveau les murailles avant de se retirer. Ils ne font aucune difficult'e de baiser les mains du patriarche ou de l''ev^eque, qui est sup'erieur du monast`ere. Quant aux mosqu'ees des Turcs, ils s'abstiennent d'y entrer.

Les Y'ezidis reconnaissent pour chef de leur religion, le scheikh qui gouverne la tribu `a laquelle est confi'ee la garde du tombeau du scheikh Adi, restaurateur de leur secte. Ce tombeau se trouve dans la juridiction du prince d'Amadia. Le chef de cette tribu doit toujours ^etre pris parmi les descendants du scheikh Y'ezid: il est confirm'e dans sa place, sur la demande des Y'ezidis, et moyennant un pr'esent de quelques bourses, par le prince d'Amadia. Le respect, que ces sectaires portent au chef de leur religion, est si grand, qu'ils s'estiment tr`es heureux quand ils peuvent obtenir une de ses vieilles chemises, pour leur servir de linceul: ils croient que cela leur assure une place plus avantageuse dans l'autre monde. Quelques-uns donnent jusqu'`a quarante piastres pour une semblable relique, et s'ils ne peuvent l'obtenir toute enti`ere, ils se contentent d'en avoir une portion. Quelquefois le scheikh lui-m^eme envoie une de ses chemises en pr'esent. Les Y'ezidis font passer secr`etement `a ce chef supr^eme une portion de tous leurs brigandages, pour l'indemniser de d'epenses que lui occasionne l'hospitalit'e qu'il exerce envers ceux de sa secte.

Le chef des Y'ezidis a toujours pr`es de lui un autre personnage qu'ils appellent kotchek, et sans le conseil duquel il n'entreprend rien. Celui-ci est regard'e comme l'oracle du chef, parce qu'il a le privil`ege de recevoir imm'ediatement des r'ev'elations du Diable. Aussi quand un Y'ezidi h'esite s'il doit entreprendre quelque affaire importante, il va trouver le kotchek, et lui demander un avis, qu'il n'obtient point n'eanmoins sans qu'il lui en co^ute quelque argent. Avant de satisfaire `a la consultation, le kotchek, pour donner plus de poids `a sa r'eponse, s''etend tout de son long par terre, et se couvrant il dort, ou fait semblant de dormir, apr`es quoi il dit qu'il lui a 'et'e r'ev'el'e pendant son sommeil telle ou telle d'ecision: quelquefois il prend un d'elai de deux ou trois nuits, pour donner sa r'eponse. L'exemple suivant fera voir, combien est grande la confiance que l'on a en ses r'ev'elations. Jusqu'`a il y a environ quarante ans, les femmes des Y'ezidis portaient comme les femmes Arabes, afin d''epargner le savon, des chemises bleues teintes avec l'indigo. Un matin, lorsque l'on s'y attendait le moins, le kotchekalla trouver le chef de la secte, et lui d'eclara que pendant la nuit pr'ec'edente il lui avait 'et'e r'ev'el'e, qui le bleu 'etait une couleur de mauvais augure et qui d'eplaisait au Diable. Il n'en fallut pas d'avantage pour que l'on envoy^at sur le champ `a toutes les tribus par des expr`es, l'ordre de proscrire la couleur bleue, de se d'efaire de touts les v^etements qui 'etaient de cette couleur, et d'y substituer des habits blancs. Cet ordre fut ex'ecut'e avec une telle exactitude, que si aujourd'hui un Y'ezidi se trouvant log'e chez un Turc ou chez un Chr'etien, on lui donnait une couverture de lit bleue, il dormirait plut^ot avec ses seuls v^etements, que de faire usage de cette couverture, f^ut ce m^eme dans la saison la plus froide.

Il est d'efendu aux Y'ezidis d'ajuster leurs moustaches avec des ciseaux, ils doivent les laisser cro^itre naturellement: aussi y en a-t-il parmi eux dont on apercoit `a peine la bouche.

Cette secte a aussi ses satrapes, qui sont connus du c^ot'e d'Alep sous le nom de fakiran, et que le vulgaire appelle karabasche, parce qu'ils portent sur la t^ete un bonnet noiravec des bandelettes de m^eme couleur. Leur manteau ou aba, est pareillement noir, mais leurs habits de dessous sont blancs. Ces gens-l`a sont en tr`es petit nombre; partout o`u ils vont, on leur baise les mains, et on les recoit comme des ministres de b'en'ediction, et des pr'esages de bonne fortune. Quand on les appelle aupr`es d'un malade, ils lui imposent les mains sur le cou et sur les 'epaules et sont bien r'ecompens'es de leurs peines. S'ils sont mand'es pour assurer `a un mort le bonheur dans l'autre monde avant de v^etir le cadavre, ils le dressent sur ses pieds, et lui touchent l'eg`erement le cou et les 'epaules; ensuite ils le frappent de la paume de la main droite, lui adressant en m^eme temps ces mots en langue kourde, ara b'ehescht, c'est-`a-dire vas en paradis. Ils sont ch`erement pay'es pour cette c'er'emonie, et ne se contentent point d'une modique r'etribution.

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