Волшебные французские сказки / Contes de f?es fran?ais
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Comme ils commencaient `a se chauffer, ils entendirent heurter trois ou quatre grands coups `a la porte : c’'etait l’Ogre qui revenait. Aussit^ot sa femme les fit cacher sous le lit, et alla ouvrir la porte. L’Ogre demanda d’abord si le souper 'etait pr^et, et si on avait tir'e du vin [24] , et aussit^ot se mit `a table. Le mouton 'etait encore tout sanglant, mais il ne lui en sembla que meilleur. Il flairait `a droite et `a gauche, disant qu’il sentait la chair fra^iche [25] . « Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens d’habiller, que vous sentez [26] . – Je sens la chair fra^iche, te dis-je encore une fois, reprit l’Ogre, en regardant sa femme de travers ; et il y a ici quelque chose que je n’entends pas. » En disant ces mots, il se leva de table, et alla droit au lit. « Ah ! dit-il, voil`a donc comme tu veux me tromper, maudite femme ! Je ne sais `a quoi il tient que je ne te mange aussi [27] : bien t’en prend d’^etre une vieille b^ete. Voil`a du gibier qui me vient bien `a propos pour traiter trois ogres de mes amis, qui doivent me venir voir ces jours-ci. »
24
et si on avait tir'e du vin – и налито ли вино
25
disant qu’il sentait la chair fra^iche –
26
Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens d’habiller, que vous sentez. – Должно быть, – сказала ему жена, – это вы слышите запах телёнка, которого я только что разделала.
27
Je ne sais `a quoi il tient que je ne te mange aussi… – Не возьму в толк, отчего я тебя тоже не съел…
Il les tira de dessous le lit, l’un apr`es l’autre. Ces pauvres enfants se mirent `a genoux, en lui demandant pardon ; mais ils avaient affaire au plus cruel de tous les ogres, qui, bien loin d’avoir de la piti'e, les d'evorait d'ej`a des yeux, et disait `a sa femme que ce seraient l`a de friands morceaux, lorsqu’elle leur aurait fait une bonne sauce.
Il alla prendre un grand couteau ; et en approchant de ces pauvres enfants, il l’aiguisait sur une longue pierre, qu’il tenait `a sa main gauche. Il en avait d'ej`a empoign'e un, lorsque sa femme lui dit : « Que voulez-vous faire `a l’heure qu’il est ? n’aurez-vous pas assez de temps demain ? – Tais-toi, reprit l’Ogre, ils en seront plus mortifi'es [28] . – Mais vous avez encore l`a tant de viande, reprit sa femme : voil`a un veau, deux moutons et la moiti'e d’un cochon ! – Tu as raison, dit l’Ogre : donne leur bien `a souper, afin qu’ils ne maigrissent pas, et va les mener coucher. »
28
ils en seront plus mortifi'es – здесь: они совсем исчахнут
La bonne femme fut ravie de joie [29] , et leur porta bien `a souper, mais ils ne purent manger, tant ils 'etaient saisis de peur. Pour l’Ogre, il se remit `a boire, ravi d’avoir de quoi si bien r'egaler ses amis. Il but une douzaine de coups de plus qu’`a l’ordinaire : ce qui lui donna un peu dans la t^ete [30] , et l’obligea de s’aller coucher.
L’Ogre avait sept filles, qui n’'etaient encore que des enfants. Ces petites ogresses avaient toutes le teint fort beau, parce qu’elles mangeaient de la chair fra^iche, comme leur p`ere ; mais elles avaient de petits yeux gris et tout ronds, le nez crochu, et une fort grande bouche, avec de longues dents fort aigu"es et fort 'eloign'ees l’une de l’autre. Elles n’'etaient pas encore fort m'echantes ; mais elles promettaient beaucoup, car elles mordaient d'ej`a les petits enfants pour en sucer le sang. On les avait fait coucher de bonne heure, et elles 'etaient toutes sept dans un grand lit, ayant chacune une couronne d’or sur la t^ete.
29
La bonne femme fut ravie de joie… – Добрая женщина была невероятно рада…
30
ce qui lui donna un peu dans la t^ete – что немного ударило ему в голову
Il y avait dans la m^eme chambre un autre lit de la m^eme grandeur : ce fut dans ce lit que la femme de l’Ogre mit coucher les sept petits garcons ; apr`es quoi, elle s’alla coucher elle-m^eme dans son lit.
Le Petit Poucet, qui avait remarqu'e que les filles de l’Ogre avaient des couronnes d’or sur la t^ete, et qui craignait qu’il ne pr^it `a l’Ogre quelque remords de ne les avoir pas 'egorg'es d`es le soir m^eme, se leva vers le milieu de la nuit, et prenant les bonnets de ses fr`eres et le sien, il alla tout doucement les mettre sur la t^ete des sept filles de l’Ogre, apr`es leur avoir ^ot'e leurs couronnes d’or, qu’il mit sur la t^ete de ses fr`eres et sur la sienne, afin que l’Ogre les pr^it pour ses filles, et ses filles pour les garcons qu’il voulait 'egorger. La chose r'eussit comme il l’avait pens'e : car l’Ogre, s’'etant 'eveill'e sur le minuit, eut regret d’avoir diff'er'e au lendemain ce qu’il pouvait ex'ecuter la veille [31] . Il se jeta donc brusquement hors du lit, et, prenant son grand couteau : « Allons voir, dit-il, comment se portent nos petits dr^oles ; n’en faisons pas `a deux fois [32] . »
31
eut regret d’avoir diff'er'e au lendemain ce qu’il pouvait ex'ecuter la veille – испытал сожаление оттого, что отложил на следующий день то, что мог выполнить накануне
32
n’en faisons pas `a deux fois – не будем с этим тянуть
Il monta donc `a t^atons `a la chambre de ses filles, et s’approcha du lit o`u 'etaient les petits garcons, qui dormaient tous, except'e le Petit Poucet, qui eut bien peur lorsqu’il sentit la main de l’Ogre qui lui t^atait la t^ete, comme il avait t^at'e celles de tous ses fr`eres. L’Ogre, qui sentit les couronnes d’or : « Vraiment, dit-il, j’allais faire l`a un bel ouvrage ; je vois bien que je bus trop hier soir. » Il alla ensuite au lit de ses filles, o`u, ayant senti les petits bonnets des garcons : « Ah ! les voil`a, dit-il, nos gaillards ; travaillons hardiment. » En disant ces mots, il coupa, sans balancer, la gorge `a ses sept filles. Fort content de cette exp'edition, il alla se recoucher dans sa chambre.
Aussit^ot que le Petit Poucet entendit ronfler l’Ogre, il r'eveilla ses fr`eres, et leur dit de s’habiller promptement et de le suivre. Ils descendirent doucement dans le jardin et saut`erent par-dessus la muraille. Ils coururent presque toute la nuit, toujours en tremblant, et sans savoir o`u ils allaient. L’Ogre, s’'etant r'eveill'e, dit `a sa femme : « Va-t’en l`a-haut habiller ces petits dr^oles d’hier au soir. » L’Ogresse fut fort 'etonn'ee de la bont'e de son mari, ne se doutant point de la mani`ere qu’il entendait qu’elle les habill^at [33] , et croyant qu’il lui ordonnait de les aller v^etir. Elle monta en haut, o`u elle fut bien surprise, lorsqu’elle apercut ses sept filles 'egorg'ees et nageant dans leur sang [34] . »
33
ne se doutant point de la mani`ere qu’il entendait qu’elle les habill^at – совершенно не догадываясь о том, что` он имеет в виду (по-французски глагол habiller может означать и «разделывать тушу», и «одевать»)
34
nageant dans leur sang – в лужах собственной крови
Elle commenca par s’'evanouir, car c’est le premier exp'edient que trouvent presque toutes les femmes en pareilles rencontres [35] . L’Ogre, craignant que sa femme ne f^ut trop longtemps `a faire la besogne dont il l’avait charg'ee, monta en haut pour lui aider. Il ne fut pas moins 'etonn'e que sa femme, lorsqu’il vit cet affreux spectacle. « Ah ! qu’ai-je fait l`a ? s’'ecria-t-il. Ils me le payeront, les malheureux, et tout `a l’heure. »
Il jeta aussit^ot une pot'ee d’eau dans le nez de sa femme [36] ; et, l’ayant fait revenir :
« Donne-moi vite mes bottes de sept lieues [37] , lui dit-il, afin que j’aille les attraper. » Il se mit en campagne, et, apr`es avoir couru bien loin de tous les c^ot'es, enfin il entra dans le chemin o`u marchaient ces pauvres enfants, qui n’'etaient plus qu’`a cent pas du logis de leur p`ere. Ils virent l’Ogre qui allait de montagne en montagne, et qui traversait des rivi`eres aussi ais'ement qu’il aurait fait le moindre ruisseau. Le Petit Poucet, qui vit un rocher creux proche du lieu o`u ils 'etaient, y fit cacher ses six fr`eres et s’y fourra aussi, regardant toujours ce que l’Ogre deviendrait. L’Ogre, qui se trouvait fort las du long chemin qu’il avait fait inutilement (car les bottes de sept lieues fatiguent fort leur homme), voulut se reposer ; et, par hasard, il alla s’asseoir sur la roche o`u les petits garcons s’'etait cach'es.35
car c’est le premier exp'edient que trouvent presque toutes les femmes en pareilles rencontres – так как это первое, к чему прибегают почти все женщины в подобных обстоятельствах
36
Il jeta aussit^ot une pot'ee d’eau dans le nez de sa femme… – Он тут же брызнул воды в лицо своей жене…
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mes bottes de sept lieues – мои семимильные сапоги
Comme il n’en pouvait plus de fatigue, il s’endormit apr`es s’^etre repos'e quelque temps, et vint `a ronfler si effroyablement, que les pauvres enfants n’eurent pas moins de peur que quand il tenait son grand couteau pour leur couper la gorge. Le Petit Poucet en eut moins de peur, et dit `a ses fr`eres de s’enfuir promptement `a la maison pendant que l’Ogre dormait bien fort, et qu’ils ne se missent point en peine de lui [38] . Ils crurent son conseil, et gagn`erent vite la maison.
38
et qu’ils ne se missent point en peine de lui – и чтобы они о нём [Мальчике-с-пальчике] не беспокоились
Le Petit Poucet, s’'etant approch'e de l’Ogre, lui tira doucement ses bottes [39] , et les mit aussit^ot. Les bottes 'etaient fort grandes et fort larges ; mais, comme elles 'etaient f'ees [40] , elles avaient le don de s’agrandir et de s’appetisser selon la jambe de celui qui les chaussait ; de sorte qu’elles se trouv`erent aussi justes `a ses pieds et `a ses jambes que si elles eussent 'et'e faites pour lui.
Il alla droit `a la maison de l’Ogre, o`u il trouva sa femme qui pleurait aupr`es de ses filles 'egorg'ees. « Votre mari, lui dit le Petit Poucet, est en grand danger ; car il a 'et'e pris par une troupe de voleurs, qui ont jur'e de le tuer s’il ne leur donne tout son or et tout son argent. Dans le moment qu’ils lui tenaient le poignard sur la gorge, il m’a apercu et m’a pri'e de vous venir avertir de l’'etat o`u il est, et de vous dire de me donner tout ce qu’il a de vaillant, sans en rien retenir, parce qu’autrement ils le tueront sans mis'ericorde. Comme la chose presse beaucoup il a voulu que je prisse ses bottes de sept lieues que voil`a, pour faire diligence [41] , et aussi afin que vous ne croyiez pas que je suis un affronteur. »
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lui tira doucement ses bottes – осторожно стащил у него с ног сапоги
40
comme elles 'etaient f'ees – так как они были волшебные
41
pour faire diligence – чтобы прибавить в скорости
La bonne femme, fort effray'ee, lui donna aussit^ot tout ce qu’elle avait ; car cet Ogre ne laissait pas d’^etre fort bon mari, quoiqu’il mange^at les petits enfants. Le Petit Poucet, 'etant donc charg'e de toutes les richesses de l’Ogre, s’en revint au logis de son p`ere, o`u il fut recu avec bien de la joie.
Il y a bien des gens qui ne demeurent pas d’accord de cette derni`ere circonstance, et qui pr'etendent que le Petit Poucet n’a jamais fait ce vol `a l’Ogre ; qu’`a la v'erit'e il n’avait pas fait conscience de lui prendre ses bottes [42] de sept lieues, parce qu’il ne s’en servait que pour courir apr`es les petits enfants. Ces gens-l`a assurent le savoir de bonne part [43] , et m^eme pour avoir bu et mang'e dans la maison du b^ucheron. Ils assurent que lorsque le Petit Poucet eut chauss'e les bottes de l’Ogre, il s’en alla `a la cour, o`u il savait qu’on 'etait fort en peine d’une arm'ee [44] qui 'etait `a deux cents lieues de l`a, et du succ`es d’une bataille qu’on avait donn'ee. Il alla, disent-ils, trouver le roi et lui dit que, s’il le souhaitait, il lui rapporterait des nouvelles de l’arm'ee avant la fin du jour. Le roi lui promit une grosse somme d’argent s’il en venait `a bout [45] . Le Petit Poucet rapporta des nouvelles, d`es le soir m^eme ; et, cette premi`ere course l’ayant fait conna^itre, il gagnait tout ce qu’il voulait ; car le roi le payait parfaitement bien pour porter ses ordres `a l’arm'ee ; et apr`es avoir fait pendant quelque temps le m'etier de courrier, et y avoir amass'e beaucoup de bien, il revint chez son p`ere, o`u il n’est pas possible d’imaginer la joie qu’on eut de le revoir. Il mit toute sa famille `a son aise. Il acheta des offices de nouvelle cr'eation [46] pour son p`ere et pour ses fr`eres ; et par l`a il les 'etablit tous, et fit parfaitement bien sa cour en m^eme temps.
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`a la v'erit'e il n’avait pas fait conscience de lui prendre ses bottes – на самом деле он и не собирался забирать у него сапоги
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Ces gens-l`a assurent le savoir de bonne part… – Эти люди уверяют, что знают об этом из верных источников…
44
il s’en alla `a la cour, o`u il savait qu’on 'etait fort en peine d’une arm'ee – он отправился к королевскому двору, где, как ему было известно, беспокоились о судьбе армии
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s’il en venait `a bout – если он с этим справится
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Il acheta des offices de nouvelle cr'eation… – Он приобрёл введённые по этому случаю новые должности…
Упражнения
1. Найдите в тексте французские эквиваленты следующих слов и словосочетаний:
Он был самым сообразительным из всех братьев; семья; эти бедные люди решили избавиться от своих детей; Мальчик-с-пальчик услышал всё, о чём они говорили; вязанки хвороста; камешки; я тебе говорила, что мы об этом пожалеем; где же теперь мои бедные дети; отмыть от грязи; крошки; самое тёмное и заросшее место в лесу; пошёл сильный дождь; Людоед спросил сначала, готов ли его ужин; семимильные сапоги; он без всяких колебаний перерезал горло своим семи дочерям; храпеть; он стащил с его ног сапоги; король хорошо платил ему; трудно себе представить, какова была их радость, когда они вновь его увидели.