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ЖАНРЫ

L'agent secret (Секретный агент)
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— C’est bien cela, dit-il, les agents perquisitionnent dans la boutique et, en ce moment, bousculent les piles de livres en s’imaginant que nous sommes cach'es derri`ere eux… Quels imb'eciles… Tel que je connais Juve, d’ailleurs, dans trois minutes au maximum, il aura trouv'e la trappe secr`ete et descendra ici par le chemin que nous avons pris… car il ne sera jamais assez b^ete pour imaginer que nous avons fui tout bonnement par l’escalier qui d'ebouche dans la boutique.

— Mon Dieu ! g'emit Bobinette, si vous croyez qu’il trouve la trappe, qu’allons-nous faire ?

Vagualame ne semblait nullement 'emu. Il haussa les 'epaules et, ayant tir'e de sa poche un rat-de-cave, l’alluma.

— Dame, dit-il, en haussant la lumi`ere, il y a plusieurs partis `a prendre : tu peux, si tu le veux, Bobinette, choisir un volume dans tous ces livres et attendre tranquillement… Tu peux, si tu le pr'ef`eres… mais assez !

Vagualame soudain s’approchait du tas que formait dans un angle de la r'eserve o`u il se trouvait une importante collection de journaux illustr'es… Du poing, il frappa trois coups sur le dos des brochures, disant `a voix basse :

— Ouvrez ! ce sont des fr`eres !…

Et Bobinette, stup'efaite, vit l’'enorme pile de volumes osciller sur sa base, puis, sans bruit, se diviser en deux, se s'eparer… Les journaux d'emasquaient une porte secr`ete… Mais la jeune femme n’eut pas le temps de r'efl'echir `a ce nouveau myst`ere. Vagualame d'ej`a l’entra^inait.

— Tu vois, ma ch`ere amie, railla-t-il, qu’il n’est point inutile d’avoir des relations dans tous les mondes, et que ton excellente patronne, Olga Dimitroff, a 'et'e fort bien inspir'ee en me racontant jadis o`u et comment se r'eunissaient `a Paris les tch'ekistes qui complotaient contre l’'Etat.

Bobinette croyait r^ever. Vagualame venait de la faire passer dans une sorte de grande salle 'eclair'ee par des torches de r'esine, et dans cette salle une vingtaine de jeunes gens, debout, salu`erent avec v'en'eration Vagualame, s’avancant vers eux la main tendue…

***

`A peine Juve avait-il p'en'etr'e dans la librairie qu’il s’'etait convaincu qu’`a part

« Sophie » nul n’'etait plus dans la pi`ece…

— Parbleu, dit-il `a mi-voix, je sais o`u les prendre…

Il s’appr^etait d'ej`a `a traverser la boutique lorsqu’il revint sur ses pas :

— Ne laissez sortir personne ! r'ep'eta-t-il aux agents demeur'es sur le seuil de la porte, sauf moi, bien entendu… Ah ! autre chose : d'em'enagez-moi toutes ces piles de volumes, derri`ere lesquelles il est possible, `a la rigueur, que mes lascars se soient dissimul'es… surveillez aussi l’orifice du petit escalier qui d'ebouche ici, c’est le seul chemin par o`u une 'evasion puisse ^etre tent'ee… Pour moi, je vais faire le tour des caves et je rabattrai le gibier par cet escalier…

Sophie, la libraire, protestait :

— Mais il n’y a rien dans mes caves ! Je ne comprends pas ce que la police vient faire chez moi !…

Juve n’avait cure d’une pareille affirmation, et, le plus naturellement du monde, se dirigeait vers un des angles de la boutique…

Il y avait beau temps, en effet, que le policier, renseign'e sur tous les bouges de Paris, comme sur toutes les soci'et'es secr`etes, politiques ou autres qui y tiennent de myst'erieux rendez-vous, connaissait l’existence de la trappe myst'erieuse et de la glissi`ere qui conduisait aux caves de la librairie o`u il se trouvait. Ne voyant ni Vagualame ni Bobinette, il avait imm'ediatement compris de quel c^ot'e les deux mis'erables avaient fui.

— Allons chez les Russes ! s’'etait-il dit.

Et, n’'ecoutant que son courage, serrant la crosse de son revolver, pr^et `a faire le coup de feu s’il en 'etait besoin, Juve, sous les yeux 'etonn'es des simples agents de la S^uret'e, moins bien renseign'es que lui, fit fonctionner la trappe qu’un contrepoids referma sur sa t^ete. Ainsi que l’avait pr'evu Vagualame, Juve tomba donc dans la cave quelques secondes `a peine apr`es la sortie du bandit et de sa complice.

Juve, `a vrai dire, ne connaissait pas la salle des r'eunions secr`etes, non plus que la porte dissimul'ee derri`ere la pile des journaux illustr'es. Encore tout 'etourdi par la glissade (la glissi`ere tombait en effet dans le deuxi`eme dessous des caves), Juve haussa sa lanterne et ne fut pas peu surpris de se trouver dans un r'eduit compl`etement vide…

— Ah c`a ! murmura-t-il, qu’est-ce que cela veut dire ? Ils ne sont pas ici ?…

Et il songea imm'ediatement qu’`a coup s^ur Bobinette et Vagualame devaient s’^etre cach'es derri`ere un amas de livres au moment o`u ils l’avaient entendu ouvrir la trappe, dans la boutique. Mais alors m^eme qu’il faisait cette supposition, Juve, dont l’esprit d’observation 'etait toujours en 'eveil, se rendit compte, non sans stupeur, qu’une pile de journaux illustr'es fortement inclin'ee se redressait lentement… Le policier bondit et, introduisant son revolver dans la fente subsistant encore entre les volumes, emp^echa ceux-ci de se joindre compl`etement…

Que se passait-il de l’autre c^ot'e de cette collection truqu'ee, de cette collection qui, sans aucun doute, venait de s’ouvrir pour laisser passer Bobinette et Vagualame ?

Juve, avidement, colla son oreille `a l’'etroite fissure qui marquait les bords de la porte dissimul'ee… Des voix d’hommes en train de discuter.

— Vous avez raison, disait un interlocuteur invisible… c’est Fant^omas qui nous vaut toutes ces perquisitions, toutes ces tracasseries… Ce sont ses crimes qui 'enervent les policiers, qui leur donnent envie, pour triompher aux yeux de l’opinion publique, de nous traquer plus rigoureusement que jamais.

— Oui, je sais que c’est Fant^omas que les argousins recherchent aujourd’hui… disait un autre.

— Eh bien, puisque Fant^omas est indirectement notre pers'ecuteur, nous nous vengerons de Fant^omas !… Qu’importe une vie aupr`es d’une cause comme celle que nous d'efendons… la cause de tout un peuple… Si Fant^omas nous g^ene, nous le tuerons… Trokoff sera l`a demain, ce soir peut-^etre… Trokoff nous conduira… Trokoff nous m`enera vers ce bandit myst'erieux qui nous fait tant de mal… c’est un vaillant, Trokoff. Nous ne le connaissons pas, mais nous savons ce qu’il a fait…

Juve n’'ecoutait plus…

Un rire sardonique soudain d'etendit sa figure.

Usant de toute sa force il introduisit ses doigts entre les volumes, il 'ecarta les bords de la porte secr`ete, une porte `a coulisse, il l’ouvrit et p'en'etra dans la salle de r'eunion…

— Dieu sauve la Russie…

Juve prononca ces mots d’une voix onctueuse, grave, inspir'ee.

Le plus ^ag'e des assistants s’avancait `a pas lents vers le policier :

— Qui es-tu ? demandait-il.

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