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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Je r^eve, je r^eve, se dit-il.

Et puis, brusquement, la conscience lui revint.

Le journaliste venait d’'etendre la main hors de son lit pour v'erifier que le cr^ane auquel il tenait tant, et qu’il avait pos'e sur une chaise, 'etait toujours `a sa place.

Or, le cr^ane avait disparu.

Fandor chassa le sommeil d’un effort de volont'e… Il ouvrit des yeux dilat'es par l’effroi, il vit. Oui, il vit :

Un homme, v^etu comme un gardien, un gardien, son gardien, s’enfuyait par la fen^etre et emportait le cr^ane.

Fandor, d’un mouvement se jeta `a bas de son lit… Il se rua vers la crois'ee, il hurla :

— Au voleur !…

Mais l’'elan du jeune homme 'etait tel qu’il se heurta brusquement aux vitres ferm'ees… sa main passa au travers du carreau… Il s’'etait bless'e… du sang giclait, chaud, rouge, pr'ecipit'e… mais Fandor n’y pr^eta m^eme pas attention.

`A travers les barreaux qui garnissaient la fen^etre, voil`a qu’il croyait encore apercevoir la silhouette du gardien s’enfuyant et brandissant la t^ete de mort.

Pour la seconde fois, Fandor hurla :

— Au secours, au voleur…

Mais il n’acheva pas.

Dans le couloir o`u donnait sa chambre, des pas pesants retentissaient, un homme accourait :

— Mon cr^ane ! mon cr^ane ? On vient de voler mon cr^ane…

Fandor criait cela, agitant ses bras ensanglant'es…

Et puis, il se senti empoign'e par deux robustes gaillards, un b^aillon s’appliqua sur sa bouche, des coups de poing l’'etourdirent `a demi.

— C’est la crise, dit une voix.

— Parbleu.

— Ce qu’il gueulait, l’animal. Un peu plus, il r'eveillait tout le monde…

Fandor se sentit enlev'e, transport'e. La lutte 'etait impossible. On avait d^u lui passer la camisole de force : il avait les mains prises, les jambes immobilis'ees.

Fandor sentit qu’on le d'eposait brutalement sur le sol… Et, avant m^eme qu’il ait pu se reconna^itre, c’'etait, sur sa poitrine, le rude choc d’un lourd jet d’eau ; c’'etait le fourmillement, sur tout son corps, d’une pluie glac'ee, si glac'ee qu’elle le br^ulait… On le douchait.

Et maintenant qu’il s’'eveillait, meurtri, bris'e, affol'e, sous le jet d’eau qui le torturait, qui le fouettait, Fandor songeait, indiff'erent presque `a sa torture :

— Voyons, est-ce que je viens d’avoir un cauchemar ? est-ce que je suis fou ? est-ce que tout `a l’heure je retrouverai le cr^ane dans ma chambre ? ou bien me l’a-t-on vol'e ? ou bien, s’est-on r'eellement enfui ?

5 – LA VIEILLE LAETITIA

Il 'etait tr`es tard.

Au vol circulaire des oiseaux de nuit qui rasaient de leurs battements d’ailes pr'ecipit'es le sommet des hauts arbres, aux cris des b^etes sauvages dont on devinait par moments les yeux flamboyants dans les broussailles, au croassement 'enervant des corbeaux attard'es autour de quelque charogne, au hululement plaintif des chouettes, `a tous ces riens qui sont pour l’homme habitu'e `a la nuit du veld autant de d'etails parlants, autant d’indices certains, Teddy lisait l’heure.

La nuit 'etait noire, sombre, froide, sans lune ni 'etoiles et peut-^etre, m^eme, de gros nuages 'etaient pr^ets `a crever, en une de ces pluies torrentielles, lourdes et brutales, comme il en tombe en Afrique du Sud.

Le jeune homme, indiff'erent `a l’aspect lugubre des choses qui l’entouraient, sifflotait un air de marche. Il 'etait `a cheval et, de temps `a autre, d’une pression du genou, d’un discret appel de l’'eperon, il pressait sa monture.

Mais, bien que ce fut une b^ete de sang qu’il chevauch^at, son allure ne s’acc'el'erait gu`ere.

Aussi bien, il y avait longtemps que cheval et cavalier menaient un train d’enfer. L’un et l’autre 'etaient rompus, bris'es de fatigue. Il fallait toute l’'energie et toute l’habilet'e consomm'ee de Teddy pour que la marche en avant p^ut se continuer, dans le sol d'etremp'e o`u l’obscurit'e ne permettait pas de voir les obstacles, o`u les broussailles prenaient des allures fantastiques qui effaraient la b^ete, o`u les foss'es 'etaient des pi`eges qui la faisaient buter, o`u tout 'etait p'eril pour le cavalier, depuis le sable mouvant qu’il convenait d’'eviter, jusqu’aux rochers o`u pouvaient ^etre embusqu'es quelques malfaiteurs, jusqu’aux hautes herbes d’o`u quelque animal f'eroce pouvait sans doute surgir et bondir en avant.

Mais de tout cela, de tous les dangers familiers du veld qui menacent homme et b^ete chevauchant par une nuit sombre, Teddy, v^etu comme le sont les habitants boers du Cap – petite veste courte boutonn'ee jusqu’au menton, pantalon brun fonc'e, chapeau rond assez 'elev'e, bottes `a l’'ecuy`ere – semblait se soucier fort peu. On le sentait, alors qu’il excitait son cheval, en pleine possession de ses moyens, heureux de vivre sa vie de grand air et de libert'e, accoutum'e `a la nuit, aux dangers, `a la fatigue, et trouvant en somme tout naturel de se trouver dehors `a pareille heure, par pareil temps…

Au surplus, Teddy avait 'et'e 'elev'e dans ces grandes plaines et il connaissait tout alentour de la ferme o`u il habitait, `a plus de cent kilom`etres `a la ronde, les moindres d'etails de ces champs encore incultes, o`u, tout le jour, des troupeaux paissaient, cependant que la nuit, ces b^etes domestiques une fois rentr'ees `a l’'etable, la brousse appartenait sans partage aux animaux de proie.

Or, tandis que Teddy se h^atait vers sa demeure, vers la ferme o`u il habitait, une pauvre ferme, d’aspect v'etuste, aux b^atiments croulants, `a la cour herbeuse, au puits verd^atre, tari depuis longtemps, une ferme o`u achevaient de pourrir de vieux chariots effondr'es sur leurs roues faites d’un seul morceau de bois et toutes disjointes par l’humidit'e, Laetitia, la vieille nourrice de Teddy, que le jeune homme appelait

« mama » se d'esolait de tout son coeur.

La vieille femme qui, sans doute, avait 'et'e maintes fois t'emoin des tragiques incidents qui trop souvent surviennent aux cavaliers qui se risquent la nuit dans les plaines, ne pouvait admettre que le jeune homme ne f^ut toujours pas de retour `a la ferme `a dix heures du soir au plus tard.

Or, bien que Teddy aim^at tendrement Laetitia, bien qu’il f^ut au regret de lui causer la moindre inqui'etude, farouchement 'epris de libert'e, ind'ependant `a ne pouvoir subir aucune loi, chaque soir il partait `a la vagabonde, dans le veld.

Qu’'etait-ce au juste que Laetitia ?

Elle 'etait humblement v^etue et cependant ne paraissait manquer de rien. Ses v^etements 'etaient chauds, une alliance brillait `a sa main, elle portait, suivant la mode des paysannes du Natal, de courtes bottes en cuir fin. Ni une pauvresse, ni une grande dame, ni m^eme une de ces campagnardes riches comme il s’en rencontre dans la colonie, plus souvent encore au Transvaal ou au Natal, et pour mieux dire dans toute la pointe sud de l’Afrique, o`u des fortunes colossales s’'edifient dans les exploitations agricoles.

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