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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Le docteur G'erard Herbone, brave homme, en apprenant la demande de son pensionnaire, n’avait pas voulu h'esiter.

— Ce malheureux demande `a me parler ? avait tout simplement r'epondu G'erard Herbone, tr`es bien. Amenez-le moi dans dix minutes, `a mon cabinet, je suis `a sa disposition. J’entends que tous les malades puissent toujours m’approcher quand ils le jugent utile.

Quelques instants plus tard, J'er^ome Fandor, en effet, 'etait introduit aupr`es du m'edecin chef. G'erard Herbone lui d'esigna un si`ege :

— Assieds-toi ! Tu as voulu me parler, qu’est-ce qu’il y a ?

J'er^ome Fandor s’'etait laiss'e tomber lourdement, sur le canap'e que lui avait d'esign'e le docteur.

Le journaliste 'etait bl^eme, affreusement. Il paraissait souffrant, abattu. On sentait qu’il 'etait au bout de ses forces nerveuses, qu’il souffrait, qu’il 'etait `a bout.

L’accueil du m'edecin chef, pourtant, lui redonna un peu de confiance, et c’est d’une voix presque assur'ee qu’il commenca :

— Docteur, quand je vous ai parl'e l’autre jour…

Mais G'erard Herbone l’interrompit :

— Non, 'ecoute, tu as demand'e `a me voir, et je me suis mis `a ta disposition, mais tu comprends, il faut ^etre sage avec moi ? Si tu as l’intention de me raconter encore des mensonges, de me parler de ton arriv'ee dans une caisse, de me dire que tu es J'er^ome Fandor, j’aime mieux te renvoyer tout de suite…

— Docteur, je m’en rapporte `a vous pour d'ecider, dans quelque temps si je suis fou, si je suis encore fou, si m^eme je ne l’ai jamais 'et'e. Ce n’est pas pour vous protester de ma parfaite lucidit'e que j’ai demand'e `a vous parler, c’est pour me plaindre…

— Pour te plaindre, mon petit. De qui ? On t’a fait mal ? Quelqu’un t’a tourment'e ?

— Oui, docteur. Un infirmier…

Le front du directeur se plissa.

Les infirmiers de l’asile ? G'erard Herbone prenait un soin tout sp'ecial pour les choisir, pour s’assurer que c’'etaient de braves garcons, incapables de tourmenter les fous confi'es `a leur garde. Mais des enqu^etes pouvaient-elles le rassurer `a cet 'egard ?

Et chaque fois qu’on lui disait, que ce f^ut un interne ou que ce f^ut un d'ement, qu’un infirmier avait 'et'e brutal, G'erard Herbone, malgr'e lui, tremblait que ce ne f^ut vrai.

— Un infirmier t’a tourment'e ? c’est vrai cela ? dis-moi ce qu’il t’a fait ? Va, parle en confiance, tu sais que je ne veux pas qu’on ennuie mes pensionnaires ? Raconte-moi tout ? je te promets que je te ferai rendre justice.

— Ah, docteur, docteur, vous ^etes bon, et que je vous remercie de tout mon coeur… Vous ne pouvez pas savoir l’importance qu’il y a pr'ecis'ement `a ce que vous me fassiez rendre justice.

— Si, si. Mais qu’est-ce qu’on t’a fait ?

— Docteur, il y a deux jours, le soir m^eme de l’entretien que j’avais eu avec vous, j’'etais couch'e dans ma chambre, et avant de me coucher, j’avais pos'e mon cr^ane, vous savez, ce cr^ane auquel je tiens follement, sur une chaise `a c^ot'e de mon lit…

— Oui, alors ?

— Docteur, vous aviez permis, n’est-il pas vrai, qu’on me laisse ce cr^ane ?

— Est-ce qu’on te l’a repris ?

— Oui, docteur. Figurez-vous que, pendant la nuit, j’ai 'et'e r'eveill'e par quelqu’un, par un gardien, par mon gardien qui entrait dans ma chambre. Je dormais `a moiti'e, c’est pour cela que je n’ai pas pu appeler tout de suite. Cet homme s’est approch'e de mon lit, a pris le cr^ane, s’est sauv'e par la fen^etre.

— Par la fen^etre ? mais voyons, mon petit, il y a des barreaux `a ta fen^etre ?

— C’est vrai, docteur, je me trompe. J’ai cru qu’il se sauvait par la fen^etre, mais en fait, les choses n’ont pas d^u se passer ainsi… Docteur, cet homme a pris le cr^ane sur la chaise, il a ouvert la fen^etre, et l’a jet'e dans les terrains vagues qui entourent l’asile… C’est `a ce moment que je me suis r'eveill'e.

— Et alors, qu’est-ce que tu as fait ?

— Docteur, j’ai couru `a la fen^etre, pour me pr'ecipiter sur mon voleur. Mais il s’'etait 'echapp'e. Je me suis heurt'e au carreau, j’en ai m^eme bris'e un et je me suis coup'e au poignet… Voyez mes cicatrices… Puis j’ai appel'e, j’ai cri'e… J’esp'erais qu’un second gardien arriverait…

— Et il n’est venu personne ?

— Si, docteur, c’est le m^eme gardien qui est arriv'e accompagn'e d’un de ses aides, ils m’ont pris par derri`ere, lui a pr'etendu que j’avais une crise, son coll`egue l’a naturellement cru, ils m’ont battu, ils m’ont pass'e la camisole de force, ils m’ont tra^in'e `a la douche. Docteur, il faut que l’on retrouve ce cr^ane. Je vous en conjure, il faut que vous mettiez tout en oeuvre pour qu’on le recherche dans le terrain vague.

G'erard Herbone venait de se lever.

Il se promenait `a grands pas dans son cabinet de travail, t^ete basse, les mains enfonc'ees dans les poches, dans l’attitude d’un homme qui r'efl'echit profond'ement.

En fait, le directeur de l’asile 'etait non seulement 'emu, mais encore tr`es troubl'e.

J'er^ome Fandor venait de lui parler d’un ton si pond'er'e, de facon si calme, alors qu’en g'en'eral, les fous s’'enervent quand ils font allusion `a l’une de leurs anciennes hallucinations, qu’il 'etait pris d’un doute.

'Etait-ce vrai ce que lui contait ce d'ement ?

Parbleu, c’'etait possible `a la rigueur qu’un infirmier, par mani`ere de plaisanterie, par cruaut'e b^ete, se fut amus'e `a voler `a ce pauvre garcon, le cr^ane auquel, dans sa folie – `a supposer qu’il f^ut fou – il attachait une si grande importance.

Mais comment le savoir ?

G'erard Herbone arr^eta bient^ot sa promenade :

— On t’a battu ? questionna-t-il, c’est vrai, cela ?

D’un geste spontan'e, Fandor se d'epouilla de son veston, releva la manche de sa chemise :

— Tenez, docteur, j’ai le bras couvert d’ecchymoses…

G'erard Herbone se pencha sur le journaliste, regarda de nombreuses traces bleu^atres sur le bras qu’exhibait son patient.

Et cette fois, le docteur ne r'epondit rien. Pour la premi`ere fois, peut-^etre, de sa carri`ere, il lui venait une horreur soudaine de ses fonctions.

— 'Ecoute, dit-il `a Fandor, je te crois, et si cela est comme tu le racontes, je te promets que je ferai tout le n'ecessaire… mais si tu m’as menti… je te punirai s'ev`erement… voyons, m’as-tu dit la v'erit'e ?… r'efl'echis ?… Tu te plains d’un infirmier, duquel, tu dois savoir son nom ? dis-le moi ? je m’en vais l’interroger l`a, devant toi…

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