La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Il s’agenouillait et regardant la vieille Laetitia dans les yeux :
— Et puis, mama ? le coffret ?
La voix de Laetitia tremblait un peu quand elle r'epondit :
— Le coffret, Teddy ? oui. Eh bien l’homme qui t’apportait le tenait aussi et quand il a vu que je t’embrassais et que je te trouvais si gentil, il m’a attir'ee `a l’'ecart. C’est alors qu’il m’a donn'e ce coffret : « Laetitia, m’a-t-il dit, – car il venait de m’entendre appeler par mon ma^itre – vous serez charg'ee de cet enfant. J’aurai confiance en vous, 'elevez-le. Quelque jour, je viendrai le rechercher et ce jour-l`a… Et il n’a pas achev'e, Teddy. Il m’a tendu le coffret en disant : Tenez, gardez cela aussi, ce coffret contient tout ce qui peut int'eresser l’enfant, si je ne r'eapparaissais pas. Il faut faire en sorte qu’il ne tombe en sa possession qu’`a ses vingt ans et pour tout l’or du monde, pas avant.
Aux derni`eres paroles de la vieille femme Teddy s’'etait relev'e, il se promenait de long en large dans la chambre, il murmura :
— Seulement `a mes vingt ans, et j’en ai tout juste seize. Encore quatre ans `a attendre. Non. Ce n’est pas possible. Il faudra que je sache avant…
Puis Teddy haussa la voix :
— Et alors, Laetitia, vous, vous avez voulu savoir… vous avez ouvert le coffret puisque vous avez d'ecid'e que je…
Mais la vieille Laetitia, elle aussi, s’'etait lev'ee.
— Ah ! tais-toi ! tais-toi ! supplia Laetitia, cela, non, je ne veux pas que tu en parles. Tu devrais l’avoir oubli'e… Ah ! qu’est-ce que je dis, je suis folle, tu devrais n’y penser jamais. Pourtant…
— Pourtant…
— Non, non, ne m’interroge pas l`a-dessus.
Et, apr`es un instant de silence, Laetitia poursuivit, d’une voix terriblement oppress'ee :
— Je t’affirme que je ne peux pas te r'epondre.
Puis elle supplia presque :
— Voyons, tu sais bien que je t’aime ? depuis… depuis ce moment o`u tu es arriv'e, ici, `a cette ferme, tu es comme mon enfant. Tiens, tu te rappelles ? je te l’ai dit bien souvent quels ont 'et'e les malheurs de ma vie : les fils de mes ma^itres, deux petits que j’avais 'elev'es, tu'es `a la guerre, mes ma^itres disparus peu apr`es, min'es par le chagrin, la paix, m^eme, amenant la ruine de la maison, toute la famille dispers'ee, et moi, moi seule, restant avec toi, qui 'etais encore si jeune, toi que mes ma^itres qui t’aimaient avaient fait leur h'eritier, puisque cette ferme t’appartient, toi que j’'elevais, que j’ai 'elev'e jusqu’ici et que j’aime, je te le r'ep`ete encore, comme un fils.
— Mama, ma ch`ere mama, vous savez bien que moi aussi je vous aime.
— Alors, ne demande jamais d’explications.
D'ej`a Teddy s’'etait relev'e, son visage avait repris sa s'ev'erit'e 'energique.
— Ah ! je voudrais tant savoir, murmurait-il, je voudrais tant savoir qui je suis, au juste. C’est si myst'erieux ma naissance. Mama, et vous le savez, vous, vous pourriez me le dire…
— Oui, je le sais, je l’ai appris par hasard un jour… avoua-t-elle enfin, mais je ne peux pas te le dire. Non, Teddy, n’insiste pas, vois-tu, les pires malheurs en r'esulteraient.
Et comme le jeune homme se taisait, Laetitia reprit :
— Et puis, qu’est-ce que ca te fait ? N’es-tu pas heureux maintenant ? Et si m^eme tu veux `a toute force savoir le nom de ta famille, le secret de ta naissance, n’es-tu pas s^ur qu’un jour tu seras renseign'e ? puisque, `a tes vingt ans, tu pourras ouvrir le coffret.
— L’explication de tout est donc dans ce coffret ?
— Oui.
— Le nom de mon p`ere ?… le nom de ma m`ere ?…
— Tout. Tu sauras tout, quand tu auras vingt ans, mais pas avant.
Insouciants de l’heure qui passait, insouciants de la nuit d’orage qu’il faisait maintenant, du vent qui hurlait, de la pluie qui cinglait, du veld tout proche, entourant la ferme de son myst`ere, la vieille femme et le jeune homme, longtemps se turent.
— Mama, dit enfin Teddy, qui paraissait sortir d’un r^eve, vous croyez que ce coffret est toujours `a l’endroit o`u vous l’aviez cach'e ? l`a-bas… enfoui au pied du troisi`eme arbre de la prairie ?
En entendant ces paroles, Laetitia, malgr'e son grand ^age, venait de bondir, vive, ardente, folle d’effroi semblait-il.
Elle interrogea :
— Teddy… que veux-tu dire ?
— Je veux dire, mama, que le coffret vous a 'et'e vol'e.
La vieille femme joignit les mains dans un geste de pri`ere. Teddy ajouta :
— Vol'e, oui, vol'e. Il y a quinze jours, je me suis apercu qu’il n’'etait plus dans sa cachette.
— Et tu ne me l’as pas dit ?
— Pourquoi vous faire de la peine ?…
— Qui a pu ?… Qui a os'e ?
— Qui a os'e ? quel est le voleur du coffret ? ah, j’ai cherch'e longtemps, je vous assure, avant de le savoir.
— Et tu le sais maintenant ?
— Oui, mama. Le voleur, c’est Hans Elders.
— Hans Elders !
La vieille femme avait r'ep'et'e ce nom avec un effroi abominable :
— Hans Elders, ah ! je comprends, je comprends.
Et, dans ses yeux, que tant de larmes avaient terni, la volont'e alluma un terrible reflet :
— Teddy, Teddy, dit Laetitia, co^ute que co^ute, vois-tu, il faut retrouver ce coffret.
Mais Teddy maintenant paraissait tr`es calme. Alors que Laetitia avait parl'e, d’une voix sifflante, entrecoup'ee, il r'epondit d’un ton pos'e :
— J’y compte bien, mama, soyez tranquille, je le retrouverai.
'Etrange garcon que Teddy, il aimait bien la vieille Laetitia, il l’aimait comme une m`ere, et pourtant `a coup s^ur, il ne lui confiait pas toutes ses pens'ees car il ne dit rien de l’incendie des docks.
Il gagna sa chambre. Et sans doute Laetitia e^ut 'et'e stup'efaite si elle avait alors apercu Teddy saisir un m`etre et, debout devant un petit miroir accroch'e `a la muraille, soigneusement, minutieusement, prendre la mesure de son cr^ane, de son cr^ane, `a lui.
6 – L’'EVASION
Il y avait cinq jours que J'er^ome Fandor 'etait au