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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— C’est de plus en plus extraordinaire et incompr'ehensible.

Puis, l’un d’eux interrogea Michel en d'esignant Fandor :

— Monsieur l’inspecteur, faut-il emmener cet individu au poste ?

— C’est inutile, d'eclara-t-il, ce monsieur y viendra volontiers avec moi.

Puis Michel, prenant le bras de Fandor, l’entra^ina :

— Je vous assure, commenca l’inspecteur de police, que je commence `a ne plus rien comprendre `a toutes ces histoires-l`a. Depuis la premi`ere apparition, je passe mes nuits avec des agents dans ce cimeti`ere. Je voudrais bien que Juve soit revenu, s^urement, il nous donnerait une explication.

— Juve, fit Fandor, eh oui, o`u est-il ?

12 – BACKEFELDER S’'EVADE

Juve avait suivi Fant^omas, cependant que le bandit, apr`es lui avoir jet'e une 'echelle de soie, apr`es l’avoir aid'e `a sortir du pi`ege o`u il 'etait tomb'e, le conduisait vers le Ch^ateau Noir.

Fant^omas, `a partir du moment o`u Juve s’'etait livr'e `a lui, menottes aux poings, ne prononca plus un mot. Il apparaissait `a Juve le visage recouvert de la cagoule noire, v^etu de son maillot noir, silhouette 'enigmatique et myst'erieuse, silhouette incompr'ehensible, silhouette d’horreur.

Une fois de plus, le policier se voyait entre les mains du bandit, `a la merci de son plus mortel ennemi. Sa situation 'etait d'esesp'er'ee.

— Fant^omas m’'epargnera, pensait Juve, tant qu’il croira que je connais la retraite de sa fille, tant qu’il esp'erera tirer de moi un renseignement utile. Mais du jour o`u il sera convaincu que je lui ai dit la v'erit'e et que je ne sais pas o`u est H'el`ene, salut !

Juve, d’ailleurs, regardait l’avenir en face, raisonnait sur son propre destin avec une compl`ete indiff'erence.

Si Fandor, dans la boule o`u il 'etait demeur'e prisonnier, n’avait pas fr'emi en d'eclarant :

« Je suis perdu », parce qu’il avait depuis longtemps fait le sacrifice de sa vie, Juve, de son c^ot'e, se r'ep'etait avec la m^eme s'er'enit'e : « Je suis condamn'e `a mort. »

Les deux amis, les deux h'eros, acceptaient leur destin avec une 'egale r'esignation.

Pourtant, le sort de Juve 'etait un peu moins tragique que celui de Fandor. Juve, en effet, savait que Fandor 'etait libre. Il savait que le journaliste, dans les quarante-huit heures, ne manquerait pas de s’'etonner de sa disparition et, `a coup s^ur, Fandor se mettrait en campagne. Il ferait tout au monde pour retrouver Juve. N’'etait-ce pas l`a un motif d’espoir, si vague f^ut-il ?

— Pourvu que le petit ne se fasse pas tuer en voulant me sauver, songeait Juve. Nous aurions d^u conclure un pacte, convenir, une fois pour toutes, que nous n’aurions jamais piti'e l’un de l’autre, que jamais nous ne nous exposerions inutilement l’un pour l’autre.

Mais Juve n’'etait pas sinc`ere. Au fond de lui-m^eme, il savait bien qu’en toute conscience, il n’aurait pas personnellement respect'e de semblables accords, que Fandor, tout comme lui, ne se serait fait aucun scrupule de ne pas tenir parole.

La travers'ee du parc qui entourait le Ch^ateau Noir dura un bon quart d’heure. Si Juve n’avait pas eu les mains encha^in'ees par des menottes, il e^ut certainement tent'e de recouvrer sa libert'e.

D’ailleurs, Juve avait encore d’autres motifs pour accompagner docilement Fant^omas et ne pas chercher `a s’'echapper.

— Il m’a dit que Backefelder 'etait prisonnier, pensait le policier, peut-^etre va-t-il ^etre assez sot pour me conduire aupr`es de lui. Nous serons deux en ce cas pour lutter contre Fant^omas.

H'elas, pouvait-on lutter contre le g'enie du crime ? Y avait-il puissance humaine capable de contrarier les desseins de l’'enigmatique personnage que Juve observait ou essayait plut^ot d’observer, car il ne le voyait m^eme pas sous le masque de la cagoule, sous le maillot noir.

— Je suis bien perdu, conclut Juve au moment o`u Fant^omas, se rapprochant de lui, lui posait la main sur l’'epaule.

De dessous la cagoule, la voix br`eve, sarcastique du bandit, s’'elevait `a nouveau :

— Juve, d'eclarait Fant^omas, avez-vous bien r'efl'echi `a ce que je vous ai dit tout `a l’heure ? Pour la derni`ere fois, voulez-vous me dire o`u est ma fille ?

Juve se contenta de hausser les 'epaules :

— Alors, reprenait Fant^omas, retournez-vous, Juve. Regardez le ciel bleu, la for^et verdoyante. Regardez la vie qui palpite sous vos yeux. C’est la derni`ere fois que vous pouvez voir, Juve. Vous m’avez raill'e tout `a l’heure en disant que je ne savais point la signification du mot piti'e, vous aviez raison, je serai impitoyable. C’est `a votre tombe que je vous conduis.

— Menez-moi donc `a mon tombeau.

— Allons-y donc, Juve.

Fant^omas avait ouvert la porte, il poussa le policier par le bras.

Le Ch^ateau Noir ouvrait sur un large vestibule en pierre de taille d’o`u suintait une glaciale humidit'e. Par les vitres bris'ees, la pluie et le vent entraient librement depuis de longues ann'ees dans la demeure, et les pierres 'etaient rong'ees, couvertes de mousse, gluantes.

— Suivez-moi, Juve.

Fant^omas tenait `a pr'esent, dans sa main gant'ee de noir, un revolver dont le canon nickel'e brilla. Juve, comprit qu’il fallait ob'eir.

Ils franchirent rapidement un grand escalier de marbre dont les degr'es s’effritaient sous le pas ; Fant^omas fit monter cinq 'etages `a Juve, ils parvinrent enfin sur un palier 'etroit, situ'e probablement sous la toiture du ch^ateau. Fant^omas poussa Juve dans une sorte de petite chambre aux murs arrondis :

— Entrez ! C’est ici que vous attendrez la mort.

Fant^omas avait depuis longtemps am'enag'e le ch^ateau, en vue d’y conduire un prisonnier. L’'etroite cellule o`u p'en'etra Juve, 'etait a peine meubl'ee d’une paillasse, d’un escabeau de bois, d’une table. Dans un coin, sur un buffet aux portes ouvertes, un amoncellement de bo^ites de conserves :

— Vous avez de quoi manger, expliqua Fant^omas, de quoi boire, vous avez de quoi vivre, Juve, c’est le meilleur moyen que je connaisse pour faire go^uter la mort `a un homme comme vous. Je ne renouvellerai pas vos provisions, vous n’aurez pas plus d’eau qu’il y en a dans cette citerne. Vous pouvez donc calculer combien de temps vous pourrez r'esister et narguer la mort. Vous r'efl'echirez.

— `A quoi ? interrompit Juve, d’une voix qui ne tremblait pas.

— `A ceci : si vous voulez ^etre libre, et je vous donne ma parole que vous le serez en ce cas, vous n’aurez qu’`a glisser sous la porte une feuille de papier, apr`es y avoir not'e les renseignements que vous poss'edez certainement au sujet de la retraite de ma fille. Je ne viendrai plus vous voir. `A partir d’aujourd’hui vous ^etes retranch'e du monde des vivants. Vous ^etes seul. Seul pour toujours. Seul jusqu’`a votre agonie. Mais si vous faites le signal que je vous indique, ce papier me sera transmis et je viendrai moi-m^eme vous rendre la libert'e.

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