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ЖАНРЫ

Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Barnab'e n’'etait pas plus rassur'e que cela, d’autant qu’il venait de remarquer quelque chose qui n’'etait gu`ere pour lui convenir.

La derni`ere apparition du spectre myst'erieux venait de se produire `a droite du carrefour de l’avenue de l’Ouest. Or Barnab'e savait que c’'etait l`a que se trouvait le caveau de la famille de Gandia, que c’'etait l`a que, quelques jours auparavant, on avait enseveli la bi`ere remplie de sable dont il avait si myst'erieusement dissimul'e le contenu au commissaire des morts, d’accord avec le p`ere Teulard. S’agissait-il l`a d’une pure co"incidence, ou bien alors fallait-il y voir un rapprochement avec cette louche aventure ?

Barnab'e se laissa entra^iner par le gardien. Il se rapprocha de l’endroit o`u le spectre venait d’appara^itre, mais dont il avait aussit^ot disparu. Avec les agents et quelques personnes, il fit le tour du caveau de la famille de Gandia. Les investigations se poursuivaient sans le moindre r'esultat. D'ecid'ement, le spectre, s’il y en avait un, semblait s’^etre 'evanoui pour de bon, ou alors il avait fui devant l’attitude 'energique de ceux qui semblaient d'ecid'es `a le poursuivre.

Pendant quelques minutes, les uns et les autres cherch`erent dans l’entourage des tombes et des caveaux, lorsque soudain un cri de surprise s’'eleva un peu plus loin. On accourut, on se trouva en pr'esence d’un homme que d'ej`a l’on avait remarqu'e `a l’entr'ee du cimeti`ere, se m^elant `a la foule qui voulait y p'en'etrer. Puis, cet homme avait disparu, mais on le reconnaissait maintenant. Barnab'e, les agents se souvenaient de lui, c’'etait le domestique de bonne maison, c’'etait le cocher qui avait 'et'e, lui aussi, des premiers `a d'ecouvrir le spectre du pont Caulaincourt.

Cet homme, insoucieux des questions qu’on lui posait, n’y r'epondait point. Il demeurait `a demi pench'e vers le sol, regardait avec la plus grande attention quelque chose qui gisait par terre, pr'ecis'ement au pied du monument fun'eraire de la famille de Gandia.

Le gardien du cimeti`ere se pencha et prit dans ses mains quelque chose d’insolite, qui se trouvait sur le sol. On se pr'ecipita autour de lui pour voir, chacun s’exclama :

— Des v^etements.

C’'etaient des v^etements, en effet. Il y avait l`a un pantalon d’homme, un gilet largement 'echancr'e, une chemise blanche molle et une sorte d’habit noir, d’une coupe excellente. Le drap 'etait d’une finesse extr^eme. `A en juger par leurs dimensions, les v^etements allaient `a un homme de taille moyenne, mais cependant, `a les toucher, il semblait qu’ils devaient

« fondre » dans la main, pouvoir se plier et se dissimuler dans une poche, tant ils 'etaient souples et peu consistants.

On s’efforcait de les 'etendre. Ils avaient 'et'e chiffonn'es, on voulait leur rendre leur forme premi`ere. Aid'e du fossoyeur et du gardien, le cocher y parvint. Sur la pierre tombale la plus voisine, on avait 'etendu cette 'etrange d'epouille masculine et, d`es lors, les assistants poussaient un murmure de stup'efaction : c’'etaient bien l`a les v^etements que portait le spectre qu’ils avaient vu. Ils avaient les habits du revenant, mais qu’'etait devenu celui-ci, comment avait-il pu dispara^itre ?

Pendant une bonne heure encore, on fouilla le cimeti`ere. Ce fut en vain. Les gens qui perquisitionnaient dans la n'ecropole en furent pour leur curiosit'e et leur angoisse ; depuis qu’il avait abandonn'e ses v^etements aux vivants, le fant^ome ne r'eapparaissait plus.

Qu’est-ce que tout cela signifiait ?

D'ecourag'es, lass'es, troubl'es aussi par cette heure myst'erieuse, affolante qu’ils venaient de vivre, les uns et les autres avaient h^ate de s’en aller,

— Pourvu, prof'erait le gardien du cimeti`ere, qu’il n’y ait pas de scandale.

Et il s’efforcait d’expliquer la pr'esence de ces v^etements, en affirmant na"ivement :

— C’est quelqu’un qui, en passant, a d^u les oublier l`a.

On faisait semblant d’^etre de son avis, on hochait la t^ete, et les agents eux-m^emes, satisfaits de voir que personne dans la foule ne tenait `a soutenir l’opinion premi`ere, `a savoir que l’on avait bien vu une apparition surnaturelle, se rangeaient `a l’avis du gardien. L’un d’eux affirma, sentencieux :

— C’est pas la peine de faire une histoire avec cet incident, comme vous le dites, monsieur le gardien, c’est s^urement des v^etements qu’un passant a oubli'es dans le cimeti`ere, ou, alors, des habits qu’un farceur a jet'es par-dessus le pont. On ne fera pas de rapport pour une semblable b^etise.

Cette d'eclaration faite, les agents se retiraient, regagnaient rapidement l’avenue Rachel. Le gardien referma sa porte, apr`es avoir recommand'e `a Barnab'e :

— T^ache de tenir ta langue, mon vieux, inutile d’'ebruiter cela.

Barnab'e hocha la t^ete, certifia que tel 'etait bien son avis. Et, en effet, pour rien au monde, le fossoyeur qui, cependant, 'etait effroyablement troubl'e, n’aurait 'et'e d'esireux d’attirer encore l’attention sur le ph'enom`ene incompr'ehensible dont il avait 'et'e, pour ainsi dire, le premier t'emoin.

10 – PRISONNIER DE FANT^OMAS

Juve venait de p'en'etrer dans le petit cabinet qui lui 'etait r'eserv'e `a la Pr'efecture de police et qui formait en quelque sorte son bureau particulier.

Gr^ace `a ses nombreuses enqu^etes polici`eres, gr^ace `a sa renomm'ee, `a sa popularit'e, `a l’estime toute particuli`ere o`u le tenaient ses chefs, Juve jouissait d’une libert'e absolue et n’avait jamais `a justifier de l’emploi de son temps. Quand il passait `a la Pr'efecture, c’'etait fort bien. Quand il n’y passait pas, nul ne s’en 'etonnait, car on savait que, comme toujours, la raison de son absence 'etait une enqu^ete difficile, une poursuite p'erilleuse.

Juve, ce jour-l`a, en arrivant, avait trouv'e au bureau un formidable amoncellement de courrier, dispos'e sur sa table par petits tas bien r'eguliers.

— Oh, oh, s’'ecria-t-il, en examinant, sans y toucher, les piles de lettres, il y a d'ecid'ement bien des gens qui 'eprouvent le besoin de me faire des confidences. Si jamais j’entreprends de lire toutes ces lettres, j’en ai pour huit jours de travail.

La perspective souriait peu `a Juve et il h'esitait `a commencer ce d'epouillement, lorsqu’il se prit `a sourire.

— Que je suis b^ete, murmurait-il. Parbleu, les lettres anciennes ne sont plus int'eressantes. Les lettres r'ecentes seules peuvent m’apprendre quelque chose d’utile. Les lettres anciennes, ce sont assur'ement celles qui sont recouvertes d’une 'epaisse couche de poussi`ere, je les laisserai de c^ot'e. Mais voyons sans plus tarder le courrier de ces derniers jours.

Juve s’'etait d'ebarrass'e de son chapeau, avait jet'e son pardessus sur une chaise. Il alluma une cigarette, commenca d’ouvrir sa correspondance.

Le courrier de Juve 'etait une chose curieuse, tragique aussi. Il y avait de tout dans les lettres que l’on envoyait au c'el`ebre policier. Des correspondants anonymes le suppliaient de s’occuper de certaines affaires dont ils lui signalaient, avec une remarquable maladresse, les d'etails qui leur semblaient myst'erieux. D’autres l’appelaient au secours. D’autres encore, et ceux-l`a, il n’'etait pas besoin de chercher longtemps, pour deviner leur qualit'e d’apaches, lui faisaient d’'epouvantables menaces.

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