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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Mais Fernand Ricard, d’un geste, imposait silence `a sa femme :

— 'Ecoute, dit-il.

Et il poursuivit sa lecture :

`A ce moment, h'elas, une horrible d'eception devait atteindre les agents qui, au cours de cette affaire, on ne saurait trop le dire, ont fait preuve d’un courage admirable, d’une folle ardeur, d’une grande habilet'e aussi.

Juve semblait-il avait la victoire. Ses hommes cernaient la maison, et dans cette maison, Juve savait que se trouvaient H'el`ene et Fant^omas !

— Nous les tenons ! hurlait-il en se pr'ecipitant lui-m^eme `a l’int'erieur de la villa.

Juve, h'elas, se trompait. Il se trompait lourdement, et le triomphateur de la nuit pr'ec'edente devait vite devenir un vaincu !

Les agents, en effet, fouillaient en toute h^ate la villa, ils parcouraient les pi`eces les unes apr`es les autres, ils perquisitionnaient dans les caves ; nulle part, ils ne trouv`erent trace de Fant^omas et de sa fille !

— C’est insens'e, grommela M e Gauvin. On croirait qu’on lit un r'ecit imagin'e `a plaisir. Et dire que tout cela est vrai, rigoureusement vrai… Mais achevez donc, monsieur Ricard, je vous demande pardon de vous avoir interrompu.

Qu’'etaient donc devenus H'el`ene et Fant^omas ? Comment s’'etaient-ils enfuis ?

Disons tout de suite que le myst`ere a 'et'e compris et expliqu'e ce matin.

Juve, en effet, en perquisitionnant dans la villa tragique, remarquait que l’une des grilles du calorif`ere avait 'et'e r'ecemment d'eplac'ee, retir'ee de son encastrement.

Les traces de poussi`ere renseignaient le policier et, d`es lors, Juve n’h'esitait plus ; aid'e de ses agents, l’inspecteur de la S^uret'e arrachait `a son tour cette grille ; elle masquait l’entr'ee d’un 'etroit souterrain qui, creus'e sous le jardin, communiquait ainsi d’une part avec le vestibule de la villa, d’autre part avec les terrains vagues qui bordent la propri'et'e.

Il n’y avait d`es lors aucun doute `a conserver.

Il 'etait facile m^eme de reconstituer la conduite des bandits. Au moment o`u la fille de Fant^omas, apr`es avoir fait feu sur Fandor, rentrait dans le vestibule de la villa tragique, Fant^omas bondissait `a son tour ; le mis'erable fermait la porte doubl'ee de fer qui devait retarder rentr'ee des policiers. Il n’avait plus alors qu’`a entra^iner sa fille dans le souterrain dont il connaissait assur'ement l’existence, puisque la villa de Ville-d’Avray avait 'et'e achet'ee par lui-m^eme, jadis, pour sa ma^itresse lady Beltham.

Fant^omas et H'el`ene, par ce souterrain, pouvaient ensuite, en d'epit des forces de police, s’'eloigner tranquillement.

Fernand Ricard ayant lu, fit mine de rejeter le journal, mais ceux qui l’entouraient protest`erent instinctivement.

— C’est tout ? demanda Alice. Il n’y a pas d’autres d'etails ?

En m^eme temps, M e Gauvin s’'epongea le front.

— Ce qu’il y a d’abominable, disait-il, c’est qu’en v'erit'e, plus il va, et plus il fait preuve d’audace, ce Fant^omas. C’est `a croire que rien ne le fera jamais reculer et que personne n’arrivera jamais `a lui mettre la main au collet.

Or, Fernand Ricard avait repris le journal :

— Mon cher ma^itre, disait-il, vous exprimez pr'ecis'ement les m^emes id'ees que celles soutenues par le journaliste auteur de l’article dont je viens de vous donner lecture. 'Ecoutez :

Quelle conclusion peut-on tirer de cette nuit tragique ? Elle est sinistre, et nous ne croyons pas devoir la cacher `a nos lecteurs, au public qui peut v'eritablement fr'emir en voyant les cons'equences possibles du drame de la nuit derni`ere.

Fant^omas, une fois de plus, est libre, et le terrifiant bandit est non seulement en fuite, mais de plus, il est encore 'evidemment, d`es cette minute, en guerre ouverte avec la soci'et'e.

Fant^omas a 'echapp'e `a Juve, mais si c’est l`a une victoire pour le bandit, cette victoire, il l’a ch`erement pay'ee. Fant^omas, en effet, n’'etait pas, comme on l’a cru, l’assassin de lady Beltham, il aimait toujours sa ma^itresse, il l’aimait plus que jamais : or, lady Beltham est morte sous ses yeux, la nuit derni`ere, en se tirant elle-m^eme, `a bout portant, plusieurs coups de revolver. Qui sait si Fant^omas n’inventera pas une terrible vengeance, ne fera pas payer de terrible mani`ere ce deuil qui le frappe, ce suicide de sa ma^itresse bien-aim'ee, dont on ignore la cause exacte ?

Fant^omas a pu s’enfuir, c’est entendu. O`u est-il ? Peu importe. Ce qu’il faudrait savoir, h'elas, c’est ce qu’il trame dans l’ombre, ce qu’il m'edite, ce qu’il pr'epare.

On a dit avec juste raison qu’il 'etait partout et en tout lieu, qu’il avait mille visages, si besoin en 'etait. On l’a surnomm'e l’Insaisissable. C’est donc la col`ere de l’Insaisissable qu’il faut redouter. Comme la b^ete fauve a une col`ere plus terrible apr`es avoir baiss'e la t^ete sous la cravache du belluaire, de m^eme Fant^omas se montrera sans doute plus redoutable, plus sanguinaire, plus effroyable apr`es avoir 'et'e un instant menac'e par les gens de police, apr`es avoir vu Juve si pr`es de triompher, surtout apr`es avoir vu sa ma^itresse, sa ma^itresse qu’il aimait, mourir devant lui.

Le journal lu, Fernand Ricard, cette fois, jeta la feuille :

— `A Paris, d'eclara-t-il, sur les boulevards, tout le monde en parle. D’heure en heure, il y a des 'editions sp'eciales, c’est une vraie r'evolution !

— Cela se comprend, ripostait M e Gauvin. Il y a des moments pour moi, je l’avoue, o`u, en pensant `a Fant^omas, j’'eprouve le d'esagr'eable petit frisson de la peur. Il est d’ailleurs inadmissible, 'etant donn'e les imp^ots tous les jours accrus, que la police ne soit pas assez puissante pour arr^eter ce monstre.

Et le notaire se lancait dans des dissertations complexes que Fernand Ricard 'ecoutait, ou du moins feignait d’'ecouter.

Au m^eme moment, Th'eodore se pencha vers sa voisine et, tendrement, lui murmura :

— Vraiment, disait-il avec un enthousiasme un peu enfantin, je voudrais me trouver un jour en face de Fant^omas. Tenez, j’aimerais qu’il s’attaqu^at `a quelqu’un qui me f^ut cher, `a une femme que j’adorerais. Alors, madame, je vous assure, on verrait ce que peut l’amour, car je suis persuad'e que j’aurais la victoire.

— Vous ne doutez de rien, ripostait Alice. Moi j’aime mieux ne jamais rencontrer cet effroyable bandit sur ma route.

— M^eme si c’'etait moi qui devait vous d'efendre ?

Alice Ricard eut un sourire 'enigmatique.

— Ah ca, dit-elle, c’est une d'eclaration que vous me faites ?

Th'eodore Gauvin allait r'epondre lorsque le notaire enfin se leva :

— Mon fils, appelait-il, je crois qu’il est v'eritablement l’heure que nous nous retirions. M me Ricard nous avait offert de nous reposer quelques instants, et voil`a pr`es d’une heure que nous l’importunons, il faut que nous rendions cette visite.

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