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ЖАНРЫ

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–Non, et je ne pardonne pas a Transit d'avoir tarde a m'annoncer cette bonne nouvelle.

–J'ai dit a Braulio de te le dire, parce que mon pere pensait que c'etait mieux ainsi.

–Je vous suis reconnaissant de ce choix comme vous ne pouvez l'imaginer ; mais c'est dans l'espoir que vous ferez bientot de moi une compadre.

Braulio regarda tendrement sa belle epouse et, genee, elle s'empressa d'aller preparer le dejeuner, emmenant Lucia avec elle.

Mes repas chez Jose n'avaient plus rien a voir avec ceux que j'ai decrits a une autre occasion : je faisais partie de la famille ; et sans aucun couvert, a l'exception de celui qu'on me donnait toujours, je recevais ma ration de frisoles, de mazamorra, de lait et de chamois des mains de Mme Luisa, assise ni plus ni moins que Jose et Braulio, sur un banc en racine de guadua. Ce n'est pas sans difficulte que je les ai habitues a me traiter de la sorte.

Des annees plus tard, parcourant les montagnes du pays de Joseph, je vis, au coucher du soleil, de joyeux paysans arriver a la cabane ou l'on me donnait l'hospitalite : apres avoir loue Dieu devant le venerable chef de famille, ils attendaient autour de l'atre le souper que la vieille et affectueuse mere distribuait : un plat suffisait pour chaque couple d'epoux ; et les petits faisaient des pinafores en s'appuyant sur les genoux de leurs parents. Et je detournais les yeux de ces scenes patriarcales, qui me rappelaient les derniers jours heureux de ma jeunesse....

Le dejeuner est succulent, comme d'habitude, et agremente de conversations qui revelent l'impatience de Braulio et Jose pour le debut de la chasse.

Il etait environ dix heures lorsque, tout le monde etant pret, Lucas charge de la viande froide que Luisa avait preparee pour nous, et apres les entrees et sorties de Jose pour mettre des cubes de cabuya et d'autres choses qu'il avait oubliees, nous nous sommes mis en route.

Nous etions cinq chasseurs : le mulatre Tiburcio, un ouvrier de la Chagra ; Lucas, un Neivano d'une hacienda voisine ; Jose, Braulio et moi-meme. Nous etions tous armes de fusils de chasse. Ceux des deux premiers etaient des fusils de chasse, excellents, bien sur, selon eux. Jose et Braulio portaient egalement des lances, soigneusement ajustees.

Il ne restait plus un chien utile dans la maison : tous, deux par deux, vinrent grossir le corps expeditionnaire en hurlant de plaisir ; et meme le favori de la cuisiniere Marthe, Pigeon, que les lapins craignaient de rendre aveugle, tendit le cou pour etre compte dans le nombre des habiles ; mais Joseph l'ecarta d'un zumba ! suivi de quelques reproches humiliants.

Luisa et les filles etaient mal a l'aise, surtout Transito, qui savait que c'etait son petit ami qui courait le plus grand danger, car son aptitude pour l'affaire etait indiscutable.

Profitant d'un sentier etroit et enchevetre, nous avons commence a remonter la rive nord de la riviere. Son lit incline, si l'on peut appeler ainsi le fond de la jungle du ravin, entoure de rochers sur les sommets desquels poussaient, comme sur les toits, des fougeres enroulees et des roseaux enchevetres par des lianes fleuries, etait obstrue par intervalles par d'enormes pierres, a travers lesquelles les courants s'echappaient en ondulations rapides, en jaillissements blancs et en plumages capricieux.

Nous avions fait un peu plus d'une demi-lieue lorsque Jose, s'arretant a l'embouchure d'un large fosse sec, entoure de hautes falaises, examina quelques os mal ronges eparpilles sur le sable : c'etaient ceux de l'agneau qui avait servi d'appat a la bete sauvage la veille. Braulio nous preceda, Jose et moi nous enfoncames dans le fosse. Les traces s'elevaient. Braulio, apres une centaine de cannes de montee, s'arreta et, sans nous regarder, nous fit signe de nous arreter. Il ecouta les rumeurs de la jungle, aspira tout l'air que sa poitrine pouvait contenir, regarda la haute voute que les cedres, les jiguas et les yarumos formaient au-dessus de nous, et continua a marcher a pas lents et silencieux. Il s'arreta de nouveau au bout d'un moment, repeta l'examen qu'il avait fait a la premiere station, et nous montrant les eraflures du tronc d'un arbre qui s'elevait au fond du fosse, il dit, apres un nouvel examen des traces : "C'est par la qu'il est sorti : on sait qu'il est bien mange et bien baquiano". La chamba se terminait vingt metres plus loin par un mur au sommet duquel on savait, d'apres le trou creuse au pied, que les jours de pluie les ruisseaux des contreforts s'ecoulaient de la.

Contre mon gre, nous avons cherche a nouveau la rive de la riviere et l'avons remontee. Bientot, Braulio a retrouve les traces du tigre sur une plage, et cette fois, elles allaient jusqu'au rivage.

Il fallait s'assurer si la bete etait passee par la sur l'autre rive, ou si, empechee par les courants, deja tres forts et impetueux, elle avait continue a remonter la rive ou nous nous trouvions, ce qui etait plus probable.

Braulio, fusil de chasse braque sur le dos, traverse le ruisseau a gue, attachant a sa taille un rejojo dont Jose tient l'extremite pour eviter qu'un faux pas ne fasse rouler le garcon dans la chute d'eau immediate.

Un profond silence s'est installe et nous avons fait taire les jappements d'impatience des chiens.

Il n'y a pas de trace ici, dit Braulio apres avoir examine les sables et les sous-bois.

Lorsqu'il s'est leve, tourne vers nous, au sommet d'un rocher, nous avons compris a ses gestes qu'il nous ordonnait de rester immobiles.

Il a passe le fusil en bandouliere, l'a appuye contre sa poitrine comme pour tirer sur les rochers derriere nous, s'est legerement penche en avant, stable et calme, et a tire.

–La ! cria-t-il en designant les rochers boises dont nous ne pouvions apercevoir les bords ; et, sautant sur la berge, il ajouta :

–La corde raide ! Les chiens plus haut !

Les chiens semblaient conscients de ce qui s'etait passe : des que nous les avons relaches, sur l'ordre de Braulio, tandis que Jose l'aidait a traverser la riviere, ils ont disparu sur notre droite, a travers les roselieres.

–Tenez bon", cria encore Braulio en gagnant la rive.
– Et comme il chargeait a la hate son fusil de chasse, m'apercevant, il ajouta :

–Vous ici, patron.

Les chiens poursuivaient de pres la proie, qui ne devait pas avoir une issue facile, car les aboiements provenaient du meme point de la pente.

Braulio a pris la lance de Jose et nous a dit a tous les deux :

–Vous, en bas et en haut, pour garder ce col, car le tigre reviendra sur ses traces s'il s'echappe de l'endroit ou il se trouve. Tiburcio avec vous", ajouta-t-il.

Et de s'adresser a Lucas :

–Ils font tous les deux le tour du sommet du rocher.

Puis, avec son sourire habituel, il a termine en placant un piston dans la cheminee du fusil d'une main ferme :

–C'est un chaton, et il est deja blesse.

En prononcant les derniers mots, nous nous sommes disperses.

Jose, Tiburcio et moi sommes montes sur un rocher bien situe. Tiburcio regardait et regardait par-dessus la crosse de son fusil. Jose n'avait d'yeux que pour lui. De la, nous pouvions voir ce qui se passait sur la falaise et nous pouvions garder le rythme recommande, car les arbres de la pente, bien que robustes, etaient rares.

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