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ЖАНРЫ

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En ouvrant la fenetre, je regrettais d'avoir envoye le petit homme noir qui, en sifflant et en fredonnant des bambucos, s'appretait a penetrer dans la premiere parcelle de foret.

Un vent froid, hors saison, soufflait des montagnes, secouant les rosiers et balancant les saules, et detournant dans leur vol les quelques perroquets voyageurs. Tous les oiseaux, luxe du verger les matins joyeux, etaient silencieux, et seuls les pellars voltigeaient dans les prairies voisines, saluant de leur chant la triste journee d'hiver.

En peu de temps, les montagnes disparurent sous le voile cendre d'une forte pluie qui faisait deja entendre son grondement croissant en traversant les bois. En moins d'une demi-heure, des ruisseaux troubles et tonitruants coulaient, peignant les meules de foin sur les pentes de l'autre cote de la riviere, qui, gonflee, tonnait avec colere, et que l'on pouvait voir dans les failles lointaines, jaunatre, debordante et boueuse.

Chapitre XVII

Dix jours s'etaient ecoules depuis cette penible conference. Ne me sentant pas capable de me conformer aux desirs de mon pere quant au nouveau genre de relations qu'il disait que je devais avoir avec Maria, et douloureusement preoccupe par la proposition de mariage faite par Charles, j'avais cherche toutes sortes de pretextes pour m'eloigner de la maison. Je passais ces jours-la, soit enferme dans ma chambre, soit chez Jose, errant souvent a pied. Mes promenades avaient pour compagnons un livre que je n'arrivais pas a lire, mon fusil de chasse qui ne tirait jamais, et Mayo qui me fatiguait sans cesse. Tandis que moi, envahi par une profonde melancolie, je laissais passer les heures cache dans les endroits les plus sauvages, lui essayait en vain de s'assoupir recroqueville dans la litiere de feuilles, d'ou les fourmis le delogeaient ou les fourmis et les moustiques le faisaient bondir d'impatience. Quand le vieux se lassait de l'inaction et du silence, qu'il n'aimait pas malgre ses infirmites, il s'approchait de moi et, posant sa tete sur un de mes genoux, me regardait affectueusement, puis s'en allait m'attendre a quelques encablures sur le sentier qui menait a la maison ; Et dans son empressement a nous mettre en route, quand il m'avait fait suivre, il faisait meme quelques sauts d'enthousiasme joyeux et juvenile, dans lesquels, outre qu'il oubliait son sang-froid et sa gravite senile, il s'en tirait avec peu de succes.

Un matin, ma mere est entree dans ma chambre et, s'asseyant a la tete du lit dont je n'etais pas encore sorti, elle m'a dit :

–Ce n'est pas possible : tu ne dois pas continuer a vivre ainsi ; je ne suis pas satisfait.

Comme je restais silencieux, il a continue :

–Ce que vous faites n'est pas ce que votre pere a exige ; c'est beaucoup plus ; et votre conduite est cruelle pour nous, et plus cruelle encore pour Maria. J'etais persuadee que tes frequentes promenades avaient pour but d'aller chez Luisa, a cause de l'affection qu'on t'y porte ; mais Braulio, qui est venu hier soir, nous a fait savoir qu'il ne t'avait pas vue depuis cinq jours. Qu'est-ce qui te cause cette profonde tristesse, que tu ne peux maitriser meme dans les rares moments que tu passes en societe avec la famille, et qui te fait rechercher sans cesse la solitude, comme si c'etait deja une gene pour toi d'etre avec nous ?

Ses yeux sont remplis de larmes.

Marie, madame, repondis-je, il doit etre entierement libre d'accepter ou de ne pas accepter le sort que Charles lui offre ; et moi, en tant qu'ami, je ne dois pas l'illusionner sur les espoirs qu'il doit a juste titre entretenir d'etre accepte.

Je revelais ainsi, sans pouvoir m'en empecher, la douleur la plus insupportable qui m'avait tourmente depuis la nuit ou j'avais entendu la proposition de messieurs de M***. Les pronostics funestes du medecin sur la maladie de Maria n'etaient rien pour moi avant cette proposition ; rien de la necessite d'etre separe d'elle pendant de longues annees.

Comment avez-vous pu imaginer une telle chose ?
– Elle n'a du voir votre ami que deux fois, une fois lorsqu'il etait ici pour quelques heures, et une fois lorsque nous sommes alles rendre visite a sa famille.

–Mais, ma chere, il reste peu de temps pour que ce que j'ai pense se justifie ou disparaisse. Il me semble que cela vaut la peine d'attendre.

–Vous etes tres injuste et vous regretterez de l'avoir ete. Marie, par dignite et par devoir, sachant qu'elle se maitrise mieux que vous, cache combien votre conduite la fait souffrir. J'ai peine a croire ce que je vois ; je suis etonnee d'entendre ce que vous venez de dire ; moi qui pensais vous donner une grande joie, et remedier a tout en vous faisant connaitre ce que Mayn nous a dit hier en se separant !

Dis-le, dis-le", suppliai-je en me redressant.

–Quel est l'interet ?

Ne sera-t-elle pas toujours… ne sera-t-elle pas toujours ma soeur ?

Ou bien un homme peut-il etre un gentleman et faire ce que vous faites ? Non, non ; ce n'est pas a un de mes fils de faire cela ! Ta soeur ! et tu oublies que tu le dis a celle qui te connait mieux que tu ne te connais toi-meme ! Ta soeur ! et je sais qu'elle t'a aime depuis qu'elle vous a couches tous deux sur mes genoux ! et c'est maintenant que tu le crois ? maintenant que je suis venu t'en parler, effraye par les souffrances que la pauvre petite essaie inutilement de me cacher.

–Je ne voudrais pas, un seul instant, vous donner un motif de mecontentement tel que vous me le faites connaitre. Dites-moi ce que je dois faire pour remedier a ce que vous avez trouve de reprehensible dans ma conduite.

–Tu ne veux pas que je l'aime autant que je t'aime ?

Oui, madame ; et c'est le cas, n'est-ce pas ?

–Il en sera ainsi, bien que j'aie oublie qu'elle n'a d'autre mere que moi, et les recommandations de Salomon, et la confiance dont il m'a jugee digne ; car elle le merite, et elle vous aime tant. Le medecin nous assure que la maladie de Mary n'est pas celle dont Sara a souffert.

L'a-t-il dit ?

–Oui ; votre pere, rassure sur ce point, a tenu a ce que je vous le fasse savoir.

Alors, est-ce que je peux recommencer a etre avec elle comme avant ? demandai-je d'un air exaspere.

–Presque…

Elle m'excusera, n'est-ce pas ? Le medecin a dit qu'il n'y avait aucun danger ?
– J'ai ajoute qu'il fallait que Charles le sache.

Ma mere m'a regarde etrangement avant de me repondre :

–Et pourquoi le lui cacher ? Il est de mon devoir de vous dire ce que je pense que vous devez faire, puisque les messieurs de M*** doivent venir demain, comme ils l'ont annonce. Dites-le a Maria cet apres-midi. Mais que pouvez-vous lui dire qui suffise a justifier votre detachement, sans passer outre aux ordres de votre pere ? Et meme si vous pouviez lui parler de ce qu'il a exige de vous, vous ne pourriez pas vous excuser, car il y a une cause a ce que vous avez fait ces jours-ci, que vous ne devez pas decouvrir par orgueil et par delicatesse. Voila le resultat. Je dois dire a Marie la veritable cause de votre chagrin.

Mais si vous le faites, si j'ai ete leger en croyant ce que j'ai cru, que pensera-t-elle de moi ?

–Il vous trouvera moins mauvais que de vous considerer comme capable d'une inconstance et d'une inconsequence plus odieuses que tout le reste.

–Vous avez raison jusqu'a un certain point ; mais je vous prie de ne rien dire a Maria de ce dont nous venons de parler. J'ai commis une faute, qui m'a peut-etre fait souffrir plus qu'elle, et il faut que j'y remedie ; je vous promets que j'y remedierai ; je ne demande que deux jours pour le faire convenablement.

Alors, dit-il en se levant pour partir, tu sors aujourd'hui ?

–Oui, madame.

Ou allez-vous ?

Je vais rendre a Emigdio sa visite de bienvenue, et c'est indispensable, car je lui ai fait savoir hier par le majordome de son pere qu'il m'attendait pour le dejeuner d'aujourd'hui.

–Mais vous rentrerez tot.

–A quatre ou cinq heures.

–Venez manger ici.

Es-tu a nouveau satisfaite de moi ?

Bien sur que non, repondit-il en souriant. Jusqu'au soir, donc : vous transmettrez aux dames mes meilleures salutations, de ma part et de celle des filles.

Chapitre XVIII

J'etais pret a partir quand Emma est entree dans ma chambre. Elle fut surprise de me voir avec un visage rieur.

Ou vas-tu si heureux ?", m'a-t-il demande.

–J'aimerais n'avoir a me deplacer nulle part. Pour voir Emigdio, qui se plaint de mon inconstance sur tous les tons, chaque fois que je le rencontre.

–Quelle injustice !
– Il s'est exclame en riant. Injuste, toi ?

Pourquoi riez-vous ?

–Pauvre chose !

–Non, non : vous riez d'autre chose.

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