Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre
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Quant `a la pens'ee du professeur, elle devancait 'evidemment ce convoi trop lent pour lui. Nous 'etions seuls dans le wagon, mais sans parler. Mon oncle revisitait ses poches et son sac de voyage avec une minutieuse attention. Je vis bien que rien ne lui manquait des pi`eces n'ecessaires `a l’ex'ecution de ses projets.
Entre autres, une feuille de papier, pli'ee avec soin, portait l’ent^ete de la chancellerie danoise [44] , avec la signature de M. Christiensen, consul `a Hambourg et l’ami du professeur. Cela devait nous donner toute facilit'e d’obtenir `a Copenhague des recommandations pour le gouverneur de l’Islande.
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une feuille de papier, pli'ee avec soin, portait l’ent^ete de la chancellerie danoise –
Trois heures apr`es notre d'epart, le train s’arr^etait `a Kiel, `a deux pas de la mer.
Nos bagages 'etant enregistr'es pour Copenhague, il n’y eut pas `a s’en occuper. Cependant le professeur les suivit d’un oeil inquiet pendant leur transport au bateau `a vapeur. L`a ils disparurent `a fond de cale.
`A dix heures un quart, les amarres furent largu'ees, et le steamer Ellenora [45] fila rapidement sur les sombres eaux du grand Belt.
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le steamer Ellenora – пароход «Элеонора»
Au matin nous d'ebarquions `a Kors"or, petite ville situ'ee sur la c^ote occidentale du Seeland. L`a nous sautions du bateau dans un nouveau chemin de fer, qui nous emportait `a travers un pays non moins plat que les campagnes du Holstein.
C’'etait encore trois heures de voyage avant d’atteindre la capitale du Danemark. Mon oncle n’avait pas ferm'e l’oeil de la nuit. Dans son impatience, je crois qu’il poussait le wagon avec ses pieds.
J’esp'erais que les moyens de transport manqueraient absolument ; mais il n’en fut rien. Une petite danoise, la Valkyrie [46] , devait mettre `a la voile le 2 juin pour Reykjawik. Le capitaine, M. Bjarne, se trouvait `a bord. Son futur passager, dans sa joie, lui serra les mains `a les briser.
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la Valkyrie – «Валькирия» (название судна)
« Soyez `a bord mardi, `a sept heures du matin, » dit M. Bjarne apr`es avoir empoch'e un nombre respectable de dollars.
IX
Le jour du d'epart arriva. Le 2, `a six heures du matin, nos pr'ecieux bagages 'etaient rendus `a bord de la Valkyrie. Le capitaine nous conduisit `a des cabines assez 'etroites et dispos'ees sous une esp`ece de rouffle.
Quelques instants plus tard, la go'elette appareilla et donna `a pleine toile dans le d'etroit [47] . Une heure apr`es, la capitale du Danemark semblait s’enfoncer dans les flots 'eloign'es, et la Valkyrie rasait la c^ote d’Elseneur. Dans la disposition nerveuse o`u je me trouvais, je m’attendais `a voir l’ombre d’Hamlet errant sur la terrasse l'egendaire.
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la go'elette appareilla et donna `a pleine toile dans le d'etroit – шхуна отчалила и на всех парусах вошла в залив
« Quelle sera la dur'ee de la travers'ee ? demanda mon oncle au capitaine.
– Une dizaine de jours, r'epondit ce dernier, soyez tranquille, monsieur Lidenbrock, nous arriverons. »
La travers'ee n’offrit aucun incident remarquable. Je supportai assez bien les 'epreuves de la mer ; mon oncle, `a son grand d'epit, et `a sa honte plus grande encore, ne cessa pas d’^etre malade.
Il ne put donc entreprendre le capitaine Bjarne sur la question du Sneffels, sur les moyens de communication, sur les facilit'es de transport ; il dut remettre ces explications `a son arriv'ee et passa tout son temps 'etendu dans sa cabine, dont les cloisons craquaient par les grands coups de tangage. Il faut l’avouer, il m'eritait un peu son sort.
En sortant d’une temp^ete qui forca la go'elette de fuir `a sec de toile [48] , on releva dans l’est la balise de la pointe Skagen, dont les roches dangereuses se prolongent `a une grande distance sous les flots. Un pilote islandais vint `a bord, et, trois heures plus tard, la Valkyrie mouillait devant Reykjawik, dans la baie de Faxa.
Mon oncle avait h^ate d’abandonner sa prison flottante, pour ne pas dire son h^opital. Mais avant de quitter le pont de la go'elette, il m’entra^ina `a l’avant, et l`a, du doigt, il me montra une haute montagne `a deux pointes, un double c^one couvert de neiges 'eternelles.
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En sortant d’une temp^ete qui forca la go'elette de fuir `a sec de toile… –
Выйдя из шторма, который вынудил шхуну идти без парусов…« Le Sneffels ! s’'ecria-t-il, le Sneffels ! »
Puis, apr`es m’avoir recommand'e du geste un silence absolu, il descendit dans le canot qui l’attendait. Je le suivis, et bient^ot nous marchions sur le sol de l’Islande.
Tout d’abord apparut un homme de bonne figure et rev^etu d’un costume de g'en'eral. Ce n’'etait cependant qu’un simple magistrat, le gouverneur de l’^ile, M. le baron Trampe en personne. Le professeur remit au gouverneur ses lettres de Copenhague, et il s’'etablit en danois une courte conversation. Le baron Trampe se mettait enti`erement `a la disposition du professeur Lidenbrock.
Un charmant homme, et dont le concours nous devint fort pr'ecieux, ce fut M. Fridriksson, professeur de sciences naturelles `a l’'ecole de Reykjawik. Sur trois chambres dont se composait sa maison, cet excellent homme en mit deux `a notre disposition, et bient^ot nous y f^umes install'es avec nos bagages.
« Eh bien, Axel, me dit mon oncle, cela va, et le plus difficile est fait.
– Comment, le plus difficile ? m’'ecriai-je.
– Sans doute, nous n’avons plus qu’`a descendre.
– Si vous le prenez ainsi, vous avez raison ; mais enfin, apr`es avoir descendu, il faudra remonter, j’imagine ?
– Oh ! cela ne m’inqui`ete gu`ere ! Voyons ! il n’y a pas de temps `a perdre. Je vais me rendre `a la biblioth`eque. Peut-^etre s’y trouve-t-il quelque manuscrit de Saknussemm, et je serais bien aise de le consulter.
– Alors, pendant ce temps, je vais visiter la ville. Est-ce que vous n’en ferez pas autant ?
– Oh ! cela m’int'eresse m'ediocrement. Ce qui est curieux dans cette terre d’Islande n’est pas dessus, mais dessous. »
Je sortis et j’errai au hasard.
S’'egarer dans les deux rues de Reykjawik n’e^ut pas 'et'e chose facile.
La plus longue des deux rues de Reykjawik est parall`ele au rivage ; l`a demeurent les marchands et les n'egociants ; l’autre rue, situ'ee plus `a l’ouest, court vers un petit lac, entre les maisons de l’'ev^eque et des autres personnages 'etrangers au commerce.
J’eus bient^ot arpent'e ces voies mornes et tristes ; j’entrevoyais parfois un bout de gazon d'ecolor'e, comme un vieux tapis de laine r^ap'e par l’usage, ou bien quelque apparence de verger, dont les rares l'egumes, pommes de terre, choux et laitues, eussent figur'e `a l’aise sur une table lilliputienne ; quelques girofl'ees maladives essayaient aussi de prendre un petit air de soleil.
Entre le petit lac et la ville s’'elevait l’'eglise, b^atie dans le go^ut protestant et construite en pierres calcin'ees dont les volcans font eux-m^emes les frais d’extraction [49] .
Sur une 'eminence voisine, j’apercus l’'Ecole Nationale, o`u, comme je l’appris plus tard de notre h^ote, on professait l’h'ebreu, l’anglais, le francais et le danois, quatre langues dont, `a ma honte, je ne connaissais pas le premier mot.
Apr`es une bonne promenade, lorsque je rentrai dans la maison de M. Fridriksson, mon oncle s’y trouvait d'ej`a en compagnie de son h^ote.
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construite en pierres calcin'ees dont les volcans font eux-m^emes les frais d’extraction – выстроенная из обожжённых камней, заботы по добыванию которых берут на себя сами вулканы