Том 7. О развитии революционных идей в России
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Quand il n'y eut plus rien `a faire, Bakounine proposa d'incendier les maisons des aristocrates et de faire sauter en l'air l'H^otel de Ville avec tous les membres du gouvernement y compris lui-m^eme. En disant cela, il tenait en main un pistolet arm'e.
Vous connaissez le reste, Monsieur. Arr^et'e quelques iours apr`es la prise de Dresde, Bakounine fut jug'e par une cour militaire et condamn'e `a mort avec ses deux braves coll`egues, Heub-ner et Reitchel. Lorsqu'on lut la sentence qui ne pouvait pas ^etre ex'ecut'ee, parce que la peine de mort, abolie par la di`ete de Francfort pour les d'elits politiques, n'avait pas encore 'et'e r'etablie, on trompa les condamn'es en leur proposant de se pourvoir en gr^ace. Bakounine refusa et dit que la seule chose qu'il craignait, c''etait de retomber dans les mains du gouvernement russe, mais, puisqu'on se proposait de le guillotiner, qu'il n'avait rien contre cela, bien qu'il e^ut aim'e mieux ^etre fusill'e! L'avocat lui repr'esenta qu'un de ses coll`egues avait une femme et des enfants, et qu'il 'etait fort probable qu'il consentirait `a se pourvoir en gr^ace, mais qu'il renoncait, depuis qu'il connaissait le refus de Bakounine.
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J'ignorais ces faits lorsque j''ecrivais ma brochure Sur les id'ees r'evolutionnaires en Russie.
C'est alors que le gouvernement autrichien demanda qu'on lui livre Bakounine. On l'envoya les fers aux pieds. On le fit juger, juger un homme condamn'e `a mort et puis `a la d'etention perp'etuelle, pour des faits ant'erieurs `a sa condamnation!
Lorsqu'on pressa `a Dresde Bakounine de dire quelle avait 'et'e la cause de ce qu'il prit une part si active `a la r'evolution allemande, il r'epondit: «Je continuais ici ce que j'ai fait toute-ma vie; je servais ici la cause de la r'evolution slave». Il n'en fallait pas davantage pour commencer l'horrible torture qu'il a subie.
Parmi les belles lois qui r'egissent l'Autriche, il y en a une: permet au juge d'une cour martiale d'appliquer la bastonnade dans les cas o`u tous les juges ont la conviction que le pr'evenu dit pas toute la v'erit'e. Ces ignobles barbares ont appliau'e cette loi `a Bakounine. 11 faut vous dire qu'il ne cachait absolument rien de ce qui le concernait personnellement, mais il ne voulait pas parler d'autrui. Apr`es chaque s'eance Bakounine subissait la schlague.
Il ne lui manquait encore que la schlague morale. La Gazette d'Augsbourg, organe volontaire du cabinet de Vienne, ins'erait des correspondances de Prague, dans lesquelles on disait que beaucoup de personnes 'etaient arr^et'ees par suite des r'ev'elations graves faites par Bakounine. Cela me rappelle l'histoire qu'Andryane raconte dans ses M'emoires d'un prisonnier d'Etat.
Salvotti, l'inquisiteur imp'erial de Milan, disait au comte Confalonieri: «Vous vous obstinez `a ne rien dire, `a jouer l'h'ero"isme, c'est bien; mais demain je ferai ins'erer dans les journaux que vous avez d'enonc'e vos amis, et vous n'aurez aucun moyen de donner un d'ementi». Ce noble Salvotti est maintenant membre du Conseil d'Etat `a Vienne et s'occupe des affaires de l'Italie.
C'est avec r'epugnance que je toucherai maintenant une r'eminiscence douloureuse. Il y avait des Allemands, et malheureusement aussi des Polonais, qui r'epandirent le bruit inf^ame que Bakounine 'etait un agent du gouvernement russe. Cette calomnie l'a poursuivi jusqu'`a la prison, gr^ace `a un folliculaire de la Gazette Rhenane. Ce dernier racontait que Mme G. Sand avait dit qu'elle tenait pour s^ur de M. Ledru-Rollin, lorsqu'il 'etait ministre de l'Int'erieur, que Bakounine 'etait un employ'e de l'ambassade russe. Un des amis de Bakounine s'adressa directement `a Mme Sand, qui donna le d'ementi le plus complet et 'ecrivit une lettre qu'on envoya imm'ediatement `a la r'edaction e Journal de Marx. Mais ce n'est que lorsque les os du pauvre martyr craqu`erent sous les instruments de torture, qu'on est revenu de cette inf^ame calomnie.
Je ne sais comment cela se fait, mais d`es qu'on voit un Russe evolutionnaire, on le prend pour un agent du tzar; tant^ot on ne trouve pas comment concilier l'origine aristocratique avec les convictions d'un d'emocrate, tant^ot on s''etonne de ce que les hommes riches sont des socialistes. Notre habitude de jeter, l'argent, notre radicalisme franc choquent le monde burgeois J'ai entendu plus d'une fois l'observation suivante:
«Comment faisait Bakounine pour avoir de l'argent? Sa famille ne lui envoyait rien, et pourtant il en avait quelquefois, on a au moins le droit de soupconner que cet argent lui venait du gouvernement russe».En terminant, je dois vous dire, Monsieur, que tous les d'etails sur Bakounine depuis 1848, je ne les connais que d'apr`es les r'ecits de quelques Allemands et d'apr`es les journaux. La derni`ere lettre que j'ai vue de lui, 'etait 'ecrite au commencement de 1850 du Hradschin (forteresse de Prague). Depuis son d'epart pour Olmiitz, rien n'a transpir'e. Un chambellan du roi de Prusse s'est vant'e `a une table d'h^ote, `a Gen`eve qu'il 'etait all'e voir Bakounine `a Olmiitz (non par sympathie, mais comme une raret'e); il disait qu'il l'a trouv'e encha^in'e `a un mur, dans une petite cellule obscure, qu'il 'etait faible, souffrant et que sa voix 'etait 'eteinte.
Bakounine a 'et'e transf'er'e d'Olmiitz dans une prison humide, en Hongrie, et de l`a, comme on nous 'ecrit, `a Schlusselbourg. On dit qu'il y a 'et'e tortur'e.
Alexandre Herzen (Iskander)
P. S. – Etant `a Koenigstein, Bakounine a publi'e, en allemand, une petite brochure tr`es 'energique sur la Russie sous le titre: Russische Zust"ande.
<1851>
Михаил Бакунин*
Милостивый государь,
Вы пожелали ознакомиться с некоторыми подробностями биографии Бакунина. Я глубоко тронут честью, какую вы мне оказываете, обращаясь ко мне и предоставляя мне возможность поговорить об этом герое, с которым я был очень близок. Пусть эти наспех сделанные заметки помогут вам создать ему мученический венец! – он достоин, милостивый государь, венца, сплетенного вашими руками.
Вы выразили также желание получить его портрет; со временем мне, быть может, удастся достать тот, который был сделан в Германии в 1843 году и который я видел в России. Он довольно похож. Пока же, чтобы дать вам хоть какое-нибудь представление о внешности Бакунина, рекомендую вам старые портреты Спинозы, которые можно найти в нескольких немецких изданиях его произведений; между обоими этими лицами большое сходство.
Михаилу Бакунину теперь лет 37–38.
Он родился в старинной аристократической семье и в состоянии, равно удаленном как от большого богатства, так и от стеснительной бедности. Это наиболее просвещенная и прогрессивная среда в России. Чтобы дать вам, милостивый государь, представление о том, что волнуется и бродит в недрах этих семей, столь безмятежных с виду, мне достаточно будет рассказать о судьбах дядей Бакунина, Муравьевых, на которых он сильно походил своей высокой сутуловатой фигурой, светлоголубыми глазами, широким и квадратным лбом и даже довольно большим ртом. Одно только поколение из рода Муравьевых дало трех блестящих своих представителей восстанию 14 декабря (двое и них принадлежали к наиболее влиятельным его участникам; один был повешен Николаем, другой погиб в Сибири), палача – полякам, обер-прокурора – святейшему синоду и, наконец, супругу – одному из министров его величества.
Можно себе представить, какая гармония и какое единство царят в семействах, составленных из столь разнородных элементов.
Михаил Муравьев, виленский генерал-губернатор, любил повторять: «Я не принадлежу к тем Муравьевым, которых вешают, а к тем, которые вешают».
Детство Бакунин провел в родительском доме в Твери и невдалеке от этого города, в поместье своего отца. Последний, слывший за человека весьма умного и даже старого заговорщика времен Александра, не особенно любил сына и отделался от него при первой же возможности. Он определил Бакунина в артиллерийское училище в Петербурге.
Военные училища в России ужасны, именно там, на глазах у самого императора, выращивают офицеров для его армии. Именно там «сокрушают душу» детям и приучают их к беспрекословному повиновению. Мощный дух и могучее тело Бакунина счастливо прошли через это суровое испытание. Он закончил свое обучение и был зачислен на службу артиллерийским офицером. Желая удалить его, отец воспользовался содействием знакомых генералов и услал своего сына из Петербурга в артиллерийский парк, расположенный в унылой Белоруссии.