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LXIII

LE REVENANT

Comme les anges `a l'oeil fauve, Je reviendrai dans ton alc^ove Et vers toi glisserai sans bruit Avec les ombres de la nuit; Et je te donnerai, ma brune, Des baisers froids comme la lune Et des caresses de serpent Autour d'une fosse rampant. Quand viendra le matin livide, Tu trouveras ma place vide, O`u jusqu'au soir il fera froid. Comme d'autres par la tendresse, Sur ta vie et sur ta jeunesse, Moi, je veux r'egner par l'effroi.

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LXIV

SONNET D'AUTOMNE

Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal: "Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon m'erite?" — Sois charmante et tais-toi! Mon coeur, que tout irrite, Except'e la candeur de l'antique animal, Ne veut pas te montrer son secret infernal, Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite, Ni sa noire l'egende avec la flamme 'ecrite. Je hais la passion et l'esprit me fait mal! Aimons-nous doucement. L'Amour dans sa gu'erite, T'en'ebreux, embusqu'e, bande son arc fatal. Je connais les engins de son vieil arsenal: Crime, horreur et folie! — ^O p^ale marguerite! Comme moi n'es-tu pas un soleil automnal, ^O ma si blanche, ^o ma si froide Marguerite?

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LXV

TRISTESSES DE LA LUNE

Ce soir, la lune r^eve avec plus de paresse; Ainsi qu'une beaut'e, sur de nombreux coussins, Qui d'une main distraite et l'eg`ere caresse Avant de s'endormir le contour de ses seins, Sur le dos satin'e des molles avalanches, Mourante, elle se livre aux longues p^amoisons, Et prom`ene ses yeux sur les visions blanches Qui montent dans l'azur comme des floraisons. Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive, Elle laisse filer une larme furtive, Un po`ete pieux, ennemi du sommeil, Dans le creux de sa main prend cette larme p^ale, Aux reflets iris'es comme un fragment d'opale, Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

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LXVI

LES CHATS

Les amoureux fervents et les savants aust`eres Aiment 'egalement, dans leur m^ure saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux s'edentaires. Amis de la science et de la volupt'e, Ils cherchent le silence et l'horreur des t'en`ebres; L''Er`ebe les e^ut pris pour ses coursiers fun`ebres, S'ils pouvaient au servage incliner leur fiert'e. Ils prennent en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allong'es au fond des solitudes, Qui semblent s'endormir dans un r^eve sans fin; Leurs reins f'econds sont pleins d''etincelles magiques, Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin, 'Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

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LXVII

LES HIBOUX

Sous les ifs noirs qui les abritent, Les hiboux se tiennent rang'es, Ainsi que des dieux 'etrangers, Dardant leur oeil rouge. Ils m'editent. Sans remuer ils se tiendront Jusqu'`a l'heure m'elancolique O`u, poussant le soleil oblique, Les t'en`ebres s''etabliront. Leur attitude au sage enseigne Qu'il faut en ce monde qu'il craigne Le tumulte et le mouvement; L'homme ivre d'une ombre qui passe Porte toujours le ch^atiment D'avoir voulu changer de place.

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LXVIII

LA PIPE

Je suis la pipe d'un auteur; On voit, `a contempler ma mine D'Abyssinienne ou de Cafrine, Que mon ma^itre est un grand fumeur. Quand il est combl'e de douleur, Je fume comme la chaumine O`u se pr'epare la cuisine Pour le retour du laboureur. J'enlace et je berce son ^ame Dans le r'eseau mobile et bleu Qui monte de ma bouche en feu, Et je roule un puissant dictame Qui charme son coeur et gu'erit De ses fatigues son esprit.

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LXIX

LA MUSIQUE

La musique souvent me prend comme une mer! Vers ma p^ale 'etoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste 'ether, Je mets `a la voile; La poitrine en avant et les poumons gonfl'es Comme de la toile, J'escalade le dos des flots amoncel'es Que la nuit me voile; Je sens vibrer en moi toutes les passions D'un vaisseau qui souffre; Le bon vent, la temp^ete et ses convulsions Sur l'immense gouffre Me bercent. D'autres fois, calme plat, grand miroir De mon d'esespoir!

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LXX

S'EPULTURE

Si par une nuit lourde et sombre Un bon chr'etien, par charit'e, Derri`ere quelque vieux d'ecombre Enterre votre corps vant'e, `A l'heure o`u les chastes 'etoiles Ferment leurs yeux appesantis, L'araign'ee y fera ses toiles, Et la vip`ere ses petits; Vous entendrez toute l'ann'ee Sur votre t^ete condamn'ee Les cris lamentables des loups Et des sorci`eres fam'eliques, Les 'ebats des vieillards lubriques Et les complots des noirs filous.

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LXXI

UNE GRAVURE FANTASTIQUE

Ce spectre singulier n'a pour toute toilette, Grotesquement camp'e sur son front de squelette, Qu'un diad`eme affreux sentant le carnaval. Sans 'eperons, sans fouet, il essouffle un cheval, Fant^ome comme lui, rosse apocalyptique, Qui bave des naseaux comme un 'epileptique. Au travers de l'espace ils s'enfoncent tous deux, Et foulent l'infini d'un sabot hasardeux. Le cavalier prom`ene un sabre qui flamboie Sur les foules sans nom que sa monture broie, Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimeti`ere immense et froid, sans horizon, O`u gisent, aux lueurs d'un soleil blanc et terne, Les peuples de l'histoire ancienne et moderne.

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LXXII

LE MORT JOYEUX

Dans une terre grasse et pleine d'escargots Je veux creuser moi-m^eme une fosse profonde, O`u je puisse `a loisir 'etaler mes vieux os Et dormir dans l'oubli comme une requin dans l'onde. Je hais les testaments et je hais les tombeaux; Plut^ot que d'implorer une larme du monde, Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux `A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. ^O vers! Noirs compagnons sans oreille et sans yeux, Voyez venir `a vous un mort libre et joyeux; Philosophes viveurs, fils de la pourriture, `A travers ma ruine allez donc sans remords, Et dites-moi s'il est encor quelque torture Pour ce vieux corps sans ^ame et mort parmi les morts!

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LXXIII

LE TONNEAU DE LA HAINE

La Haine est le tonneau des p^ales Dana"ides; La Vengeance 'eperdue aux bras rouges et forts A beau pr'ecipiter dans ses t'en`ebres vides De grands seaux pleins du sang et des larmes des morts, Le D'emon fait des trous secrets `a ces ab^imes, Par o`u fuiraient mille ans de sueurs et d'efforts, Quand m^eme elle saurait ranimer ses victimes, Et pour les pressurer ressusciter leurs corps. La Haine est un ivrogne au fond d'une taverne, Qui sent toujours la soif na^itre de la liqueur Et se multiplier comme l'hydre de Lerne. — Mais les buveurs heureux connaissent leur vainqueur, Et la Haine est vou'ee `a ce sort lamentable De ne pouvoir jamais s'endormir sous la table.
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