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ЖАНРЫ

L'agent secret (Секретный агент)
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Juve 'etait l’homme des d'ecisions rapides…

S’apercevant qu’il avait en face de lui un interlocuteur masqu'e, il allait, malgr'e les noms et qualit'es 'enonc'es se pr'ecipiter sur lui, mais, `a l’instant o`u Juve le d'evisageait, l’homme avait fronc'e les sourcils…

Et vif comme l’'eclair, sans laisser `a Juve le temps de se reconna^itre, il 'echappait `a sa poign'ee de main, bondissait vers la chemin'ee, renversait d’un coup de poing la lampe qui s’'eteignit, bousculant Juve, se pr'ecipitant vers la porte…

Juve de son c^ot'e, rapide comme l’'eclair, se pr'ecipitait `a la poursuite de Vagualame… Celui-ci toutefois avait quelques m`etres d’avance. Porte claqu'ee, escalier descendu quatre `a quatre, Juve sur ses talons, Vagualame atteignait la porte, criait :

— Cordon, s’il vous pla^it !

Juve emport'e par son 'elan, tr'ebucha contre la porte qui lui 'etait renvoy'ee sur le nez, roula sur le sol. Quand Juve arriva dans la rue, furieux, hors d’haleine, personne au long des trottoirs !

B'en'eficiant de ce que la concierge de Fandor le connaissait fort bien, savait sa qualit'e d’inspecteur de la S^uret'e, Juve, apr`es avoir, en quelques mots rapides, expliqu'e `a la brave femme stup'efaite la cause du vacarme qui venait de bouleverser la maison, remontait chez Fandor.

Le policier 'etait ahuri…

— Du diable, pensait-il, qu’est-ce que cela veut dire que tout ca ? Il y a deux heures, Fandor me t'el'ephone de venir le voir d’urgence ; il m’a t'el'ephon'e qu’il ne pouvait pas sortir, qu’il m’attendait… et, non seulement il n’est pas chez lui, mais encore je tombe sur un Vagualame postiche qui s’enfuit, qui dispara^it avec une habilet'e extraordinaire. Qu’est-ce que c’est que ce bonhomme-l`a ?… O`u est Fandor ?

Il avisait sur le sol le paquet qui l’avait intrigu'e quelques minutes avant.

— L’ennemi, pensa-t-il, s’est retir'e, mais en abandonnant ses bagages… Ah ! j’aurais d^u m’en douter, c’est l’accord'eon, l’accord'eon de Vagualame…

Et machinalement, tournant et retournant l’instrument de musique, le policier, introduisant ses mains dans les poign'ees de cuir, voulut d'etendre le soufflet. `A sa grande surprise, l’appareil r'esista.

— Tiens ! qu’est-ce que cela veut dire ? est-ce que par hasard il y aurait dans cet accord'eon…

Juve n’h'esita pas. Il tira de sa poche un couteau-poignard qui ne le quittait jamais, et, d’un coup sec, fendit le cuir de l’appareil.

… Quelque chose de noir tomba sur le sol…

Juve se baissa, ramassa cette sorte de chiffon, le d'eploya.

Et soudain Juve, devenu terriblement p^ale s’abattit sur un fauteuil, an'eanti…

Ce qu’il tenait `a la main, c’'etait une cagoule… une longue cagoule noire…

Ah ! certes, Juve le reconnaissait, ce v^etement sinistre, Juve ne pouvait pas se tromper `a son sujet !…

Et, affal'e dans son fauteuil, les yeux fixes, hagards, Juve croyait apercevoir, se dressant devant lui, une silhouette `a la fois myst'erieuse et pr'ecise… la silhouette d’un homme tout gain'e dans une sorte de maillot collant, dont le visage, inconnu, disparaissait sous une cagoule, sous la cagoule que Juve venait de retrouver dans cet accord'eon 'eventr'e…

— Fant^omas ! Fant^omas ! murmurait Juve, mon Dieu, c’'etait Fant^omas que j’avais en face de moi !… Vagualame, c’est Fant^omas ! Ah ! mal'ediction ! Pourquoi l’ai-je laiss'e s’enfuir ?

***

Le policier demeura toute la nuit chez Fandor. Il attendit le retour du journaliste. Fandor ne parut point.

12 – AVATAR DE FANDOR

Le vacarme assourdissant des

« fauves » s’att'enua au fur et `a mesure que la nuit s’achevait et que le train lanc'e `a toute vapeur s’'eloignait de Paris.

Les « fauves », c’'etaient les permissionnaires qui, ce dimanche soir, 21 novembre, s’embarquaient `a la gare de l’Est pour regagner leurs garnisons respectives.

Les troupiers, surexcit'es par les bons d^iners qu’ils venaient de faire en famille ou avec des amis, avaient manifest'e au d'epart leur regret de regagner la caserne.

Mais peu `a peu, les enthousiasmes s’'etaient calm'es ; on se tassait tant bien que mal `a quinze ou seize dans les compartiments de troisi`eme, les premiers occupants assis sur les banquettes, les autres `a c^ot'e, sur le plancher. Puis au fur et `a mesure que passait le temps, une torpeur g'en'erale envahissait les troupiers.

Un caporal de ligne qui jusqu’alors, malgr'e ses galons, avait 'et'e oblig'e de se tenir debout, poussa un soupir de satisfaction au d'epart de Sainte-Menehould et s’allongea enfin sur la banquette.

Une aube p^ale montait lentement.

— Fichu temps ! fichu pays ! grommela le caporal. Quand je pense que cet animal de Vinson, b'en'eficiant de mon permis de premi`ere classe, est parti cette nuit sous mon nom et roule d'esormais dans un confortable sleeping `a destination de la C^ote d’Azur… avec des billets bleus plein la poche. Ma parole, c’est `a vous d'ego^uter d’^etre honn^ete. Actuellement, il doit avoir d'epass'e Lyon, il approche de Valence… Heureux mortel… De la chaleur, du soleil… Ensuite, que va-t-il faire, une fois arriv'e `a Menton ? gagner l’Italie, 'evidemment, mais apr`es ? Dame, je m’en fiche… G^enes ? il n’y manque pas de paquebots pour les destinations les plus lointaines… Vinson n’aura que l’embarras du choix».

Le caporal, claquant des dents, reprit son soliloque :

— C’est risqu'e en diable ce que je fais. Prendre la place de Vinson et partir pour Verdun, o`u son r'egiment tient garnison, ce nouveau r'egiment auquel il vient d’^etre affect'e… pas banale en effet, ma combinaison… Mon Dieu, cela irait encore si j’avais 'et'e soldat… ce que je vais avoir l’air bien gourde… Bah ! j’en saurai toujours assez. Pendant ces derniers huit jours, je me suis bourr'e la t^ete de th'eorie, j’ai cuisin'e Vinson de toutes les facons pour conna^itre les us et coutumes de la vie des camps… j’aime `a croire qu’avec un peu d’audace j’en remontrerai aux anciens. Mais pourtant… d'ebuter dans une garnison de l’Est, m’introduire comme ca, tout de go, dans la

« Division de fer », c’est du culot. Il est vrai que les journalistes savent tout sans avoir jamais rien appris… Pourvu tout de m^eme que l’on ne me colle pas de la salle de police sous pr'etexte que j’ai un bouton mal astiqu'e ou que j’ignore le premier mot du service de place. Ce serait absurde comme tout… car il ne faut pas oublier, mon petit Fandor, que tu n’es pas l`a pour jouer au soldat, mais bien pour te documenter sur une bande de tra^itres et les d'emasquer `a la premi`ere occasion.

Le militaire qui grelottait, seul, dans ce compartiment n’'etait autre, on l’aura compris, que J'er^ome Fandor.

Le journaliste s’'etait substitu'e au caporal Vinson, avait pris sa personnalit'e et sa tenue, afin de pouvoir 'etudier de pr`es les espions qui gravitaient autour du malheureux militaire. Coup double : car il sauvait la mise au caporal, gagnant sa confiance et lui permettant de fuir `a l’'etranger, o`u il attendrait les 'ev'enement. Fandor estimait qu’il ne risquait pas grand-chose. Au 257 ede ligne, o`u Vinson 'etait envoy'e, on ne l’avait pas encore vu. Fandor pouvait donc fort bien s’y pr'esenter `a sa place. Le journaliste qui, la veille seulement, s’'etait arr^et'e `a cet audacieux projet, avait voulu en aviser Juve et avait t'el'ephon'e au policier pour lui demander de venir le voir. Mais l’arriv'ee inopin'ee de Vagualame, que Fandor savait ^etre un agent du Deuxi`eme Bureau, l’avait fait d'eguerpir. Vagualame cherchait Vinson. Si Fandor s’'etait laiss'e prendre sous la tenue du caporal que pr'ecis'ement il rev^etait au moment o`u Vagualame arrivait, c’en 'etait fini de son projet et on arr^eterait Vinson.

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