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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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L’apache-'equarrisseur 'etait furieux :

— Ah saloperie de saloperie, bon sang de bon sang, s^ur et certain que c’'etait un coup mont'e que c’t’affaire-l`a. Mais je les repincerai tous les deux. Jour de Dieu, d’o`u diable venait-il ce maudit camelot, ce camelot qui s’est jet'e sur moi, qui m’a arrang'e comme je suis, et puis s’est trott'e, si vite, si habilement que je sais plus du tout maintenant de quel c^ot'e il a fichu le camp, ni m^eme ce qu’il voulait, ni m^eme si la fille de Fant^omas s’est sauv'ee avec lui ou toute seule ?

20 – LA T^ETE D’OEIL-DE-BOEUF

— Vous ne voulez pas r'epondre ? vous vous obstinez `a pr'etendre que vous ne comprenez rien `a toutes ces aventures ? que vous ^etes parfaitement innocent de la mort de cet officier ? que vous n’avez pris part `a aucune des op'erations criminelles relev'ees contre vous au cours de l’instruction ? C’est bien cela ?

— Mais, mon pr'esident, c’est la v'erit'e pure.

— Eh bien, le jury appr'eciera. Nous allons suspendre quelques instants, puis nous reprendrons l’audience pour l’audition des t'emoins.

Le pr'esident de la Cour d’Assises se recouvrit et ses assesseurs se lev`erent et, graves, dignes, imposants, majestueux, leurs robes rouges dessinant des taches sanglantes sur le fond sombre des boiseries, les magistrats, un par un, se retir`erent dans la chambre des d'elib'erations, avec le d'esir de se reposer quelques instants pendant que les gendarmes entra^inaient au d'ep^ot le malheureux OEil-de-Boeuf qui comparaissait ce jour-l`a devant le jury criminel de Quimper.

Mais pourquoi l’apache parisien qui, avec Bec-de-Gaz et tant d’autres 'etoiles de premi`ere grandeur de la p`egre des faubourgs, avait commis des milliers de crimes,

« passait-il » aux assises, ce jour-l`a ?

OEil-de-Boeuf avait 'et'e arr^et'e quelques heures apr`es le naufrage du Skobeleff au moment o`u il d'etroussait un noy'e, un officier de marine russe, victime du naufrage.

Il y avait contre OEil-de-Boeuf, et l’acte d’accusation les avait relev'ees, de lourdes charges. Non seulement on l’accusait d’avoir assassin'e l’officier qu’il d'evalisait au moment de son arrestation, mais de plus, on l’accusait d’avoir pris part aux manoeuvres des naufrageurs.

On ajoutait qu’OEil-de-Boeuf faisait partie de la bande interlope qui, quelque temps auparavant, s’'etaient r'epandue sur la Bretagne enti`ere, o`u elle avait vol'e, pill'e, tu'e.

***

L’audience, pr'esid'ee par un magistrat s'ev`ere, n’avait encore 'et'e marqu'ee par rien d’int'eressant.

Le public qui se pressait dans le Tribunal de Quimper n’avait pas encore eu l’occasion de fr'emir.

OEil-de-Boeuf, tr`es abattu, se bornait `a nier.

— Mon pr'esident, avait r'ep'et'e l’apache d’une mani`ere ininterrompue, sur un ton de voix plaintif et r'esign'e, j’ai rien fait, j’suis innocent.

Quelle importance ? Puisque OEil-de-Boeuf avait toutes les chances du monde d’^etre condamn'e `a mort. Le crime suffisait. Les autres d'elits perdaient de leur int'er^et.

Mais tout le monde dans l’auditoire, avait 'et'e persuad'e de la culpabilit'e d’OEil-de-Boeuf, rien qu’`a la lecture de l’acte d’accusation, et chacun maintenant attendait la comparution des t'emoins, avec la certitude que leur interrogatoire ne ferait qu’'etablir plus manifestement encore la culpabilit'e de l’accus'e.

Pendant ce temps, sur la place de Quimper, un homme, d’une quarantaine d’ann'ees parlementait avec l’un des gendarmes qui montaient la garde `a l’extr'emit'e du couloir o`u on avait fait entrer les t'emoins.

— Laissez-moi donc passer. C’est stupide de m’interdire l’acc`es des chambres des t'emoins. Quand je vous dis que je suis policier.

— Mille regrets, monsieur, mais la consigne est la consigne.

— Je vous dis que c’est grotesque. Comprenez, je m’appelle Juve.

— Juve ? dit le gendarme, c’est vous monsieur Juve ? le policier Juve qui poursuit Fant^omas ?

— H'e oui, c’est moi Juve. Vous comprenez bien, j’imagine, que ce n’est pas aux agents de la S^uret'e qu’on interdit de causer aux t'emoins ? C’est notre m'etier, cela, mon ami.

Et haussant les 'epaules, superbe d’autorit'e, Juve, passa devant le gendarme interloqu'e, `a bout de r'esistance.

Juve se dirigea vers la salle des t'emoins :

— M. Ellis Marshall ? Madame Sonia Danidoff ? princesse Sonia Danidoff ?

Juve, qui venait d’entrouvrir une porte, avait appel'e deux personnes enferm'ees dans une petite pi`ece qui, entendant prononcer leurs noms, se retourn`erent d’un m^eme mouvement, fort surprises :

— Vous, monsieur Juve.

— Moi-m^eme. Voulez-vous m’accorder une minute d’entretien ?

— Nous vous 'ecoutons, monsieur Juve. Mais que diable d'esirez-vous ?

Juve entra dans la pi`ece, referma soigneusement la porte, sourit, puis tr`es franchement, tendit la main `a Sonia Danidoff.

— Princesse, je suis ici pour vous parler d’une affaire int'eressante, mais qui ne peut vous causer aucune esp`ece de d'esagr'ement.

— Mais, monsieur Juve.

— Non plus qu’`a M. Ellis Marshall.

Juve s’amusait visiblement.

— A^oh, r'epondit l’Anglais, je suis enchant'e, monsieur Juve, de faire votre connaissance et serais tr`es heureux d’apprendre ce qui me vaut le plaisir de votre visite. Venez-vous nous voir, Mme Sonia Danidoff et moi, au sujet du proc`es ? ou alors…

Il allait parler, c’'etait s^ur, du maroquin rouge. La princesse ne lui en laissa pas le temps.

— Taisez-vous donc, mon cher Ellis, dit-elle, M. Juve va certainement nous expliquer ce qu’il d'esire ?

— Vous avez raison, fit Juve, je crois, monsieur Marshall que vous ^etes ici, `a Quimper, en compagnie de la princesse Sonia Danidoff pour vous plaindre du vol d’une automobile, vol dont vous avez souffert r'ecemment alors que vous vous rendiez `a la Pointe Saint-Mathieu, et qui est, si je ne m’abuse, imput'e `a OEil-de-Boeuf. Est-ce exact ?

— C’est exact, mais en quoi ?

— En quoi cela m’int'eresse-t-il ? continuait Juve, mon Dieu, cela me touche directement. Figurez-vous, monsieur Ellis Marshall, figurez-vous, princesse, que j’'eprouve en ce moment de violents remords. Si vous ne voulez pas, en effet, vous en rapporter `a ma parole, je vais ^etre cause d’une erreur judiciaire. Le r'equisitoire et l’acte d’accusation font en effet grief `a OEil-de-Boeuf de vous avoir vol'e votre voiture. Or, OEil-de-Boeuf n’a jamais touch'e `a votre automobile. Je puis vous en donner ma parole.

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