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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Si l’on ne vient pas, fit-il, si l’on n’arr^ete pas ce d'esastre, tout Londres va br^uler… Je suis s^ur que c’est encore un coup de Fant^omas. Le monstre l’a voulu.

Fandor s’interrompit. Le cavalier l’avait tir'e par la manche et interrog'e avec inqui'etude :

— Pardon, qu’est-ce que vous venez de dire ?

— Londres br^ule… Londres br^ule… Regardez plut^ot, l’incendie gagne de toutes parts… C’est Fant^omas, je vous dis… Parbleu. Il m’a enferm'e dans une caisse, au milieu de ces docks, pour ^etre plus s^ur de ma mort.

— Pardon, fit encore le jeune homme, de plus en plus intrigu'e, mais, aussi, de plus en plus calme, au fur et `a mesure que Fandor s’exaltait, pardon, mais voulez-vous me dire, qui vous ^etes ?

Hors de lui, le journaliste 'eclata :

— Qui je suis ?… Sa victime, parbleu ! sa victime qu’il avait condamn'ee mais qui, malgr'e tout, lui 'echappe… Ah ! Ah ! Ah !… nous allons voir… `a nous deux Fant^omas… Fandor est vivant, gare `a toi, Fant^omas.

'Epuis'e par cet effort, le journaliste, la gorge s`eche, s’arr^eta. Il titubait comme un homme ivre, montrant le poing aux flammes, l’oeil inject'e, la l`evre 'ecumante. Puis, comme hallucin'e, il courut vers la fournaise.

Le jeune homme qu’il venait de ranimer quelques instants auparavant, le retint des deux mains.

Visiblement, il avait piti'e. Il avait forc'e le jeune journaliste `a s’arr^eter. Il le regardait les yeux dans les yeux.

Doucement, avec une sollicitude inqui`ete, le jeune cavalier interrogea, prononcant avec lenteur, comme s’il craignait de n’^etre pas compris :

— Vous parlez tout le temps de Londres, monsieur, ignorez-vous donc o`u vous ^etes ?

— Oui… non… r'epondait Fandor, l’air 'egar'e… les docks… les bateaux… la rivi`ere… tout cela, c’est bien Londres.

— Durban, dit le cavalier…

Fandor ne comprenait pas, il r'ep'eta :

— Durban… quoi ?… Durban ?

— Oui, Durban, insista le jeune homme, Durban… au Natal… en Afrique du Sud…

Fandor observa avec stupeur l’adolescent qui se trouvait devant lui, puis, brusquement, il recula, poussant un ricanement strident.

Le journaliste n’alla pas loin.

De lourdes mains s’'etaient abattues sur ses 'epaules, de tous c^ot'es on le tiraillait et Fandor, au comble de la surprise, se trouva d'esormais au milieu d’une troupe d’hommes, tous v^etus de toile brune, arm'es de carabines, coiff'es de chapeaux mous.

Tous l’interrogeaient `a la fois, le menacaient du geste, de la parole.

Comment se trouvait-il l`a ? D’o`u venait-il ? Comment pr'etendait-il justifier sa pr'esence dans les docks interdits au public ? N’avait-il pas allum'e l’incendie ?

Toutes ces questions 'etaient pos'ees `a Fandor dans un anglais correct, sans doute, mais aux intonations un peu gutturales, qui rappelaient l’accent du jeune cavalier.

Fandor, 'epuis'e, sur les genoux et la t^ete vide, consid'erait ces hommes arm'es avec des yeux abasourdis, ne trouvant rien `a r'epondre.

Que se passait-il ? vivait-il ? 'etait-il 'eveill'e ?

Le chef venait de dire `a ses hommes :

— Il ne veut pas r'epondre… Je lui donne trente secondes… apr`es quoi, vous connaissez la loi : au mur, et feu de peloton.

Fandor pendant ce temps, balbutiait des phrases o`u revenait comme un refrain le nom de Fant^omas. Puis, soudain, il parut sortir d’un r^eve pour demander :

— O`u suis-je ? Londres ?… les docks ?

Mais les hommes en uniforme ne d'esarmaient pas. Ils n’attendaient qu’un signe pour ex'ecuter ce suspect, ce responsable, sans doute, de l’incendie dont les flammes 'eclairaient cette sc`ene de guerre civile, cet 'episode qui restait incompr'ehensible de son principal int'eress'e. Fandor ne comprenait pas, parmi les clameurs de la ville en train de s’'eveiller, des bruits de trompes, du roulement des chariots et du galop des chevaux, les pompiers sans doute ? Et maintenant, c’'etaient les longs soupirs 'etouff'es que poussent les mati`eres incandescentes lorsque l’eau des pompes vient les disputer `a la morsure du feu.

Les hommes attendaient toujours l’ordre de leur chef. Le chef – c’'etait un officier `a en juger par les deux galons blancs qui entouraient les poignets de son dolman de toile brune – venait d’apercevoir le jeune cavalier que Fandor avait tir'e de son 'evanouissement.

— Teddy…, petit Teddy, s’'etait-il 'ecri'e, que faites-vous l`a ?

L’adolescent, dans un 'elan spontan'e, 'etait all'e vers le militaire, lui avait cordialement serr'e les mains :

— Lieutenant Wilson Drag… heureux de vous voir… mais quel affreux malheur ici… Qu’allez-vous faire ?

— Les pompiers sont pr'evenus, ma compagnie 'etait de garde au poste voisin, c’est pourquoi je suis arriv'e sur les lieux avant tout le monde. Mais au fait, non… il me semble que vous deviez vous y trouver avant nous ?…

— Avant vous, hum !… je ne sais pas. Mais `a peu pr`es en m^eme temps sans doute… Je passais le long des docks lorsque j’ai vu des flammes. J’ai franchi le mur, je suis entr'e, voil`a… et puis…

— Et puis quoi ?

— Et puis, poursuivit Teddy, en faisant un effort pour reprendre son sang-froid, et puis, on a tu'e mon cheval… un bandit… un assassin l’a tu'e d’un coup de feu ; c’est alors que j’ai 'et'e projet'e…

Le lieutenant Wilson Drag, `a ces derniers mots, avait un geste brusque.

— A-t-il parl'e ? non… il ne veut rien dire… alors, en colonnes… faites les trois sommations et… en joue…

Teddy, qui venait d’entendre ce commandement, bondit litt'eralement sur l’officier :

— Qu’allez-vous faire ? hurla-t-il, le visage contract'e.

— Mon devoir, r'epondit le lieutenant Wilson Drag.

Et, d'esignant Fandor, il ajouta :

— Il se trouvait dans les docks, contrairement au r`eglement… Vous n’ignorez pas, Teddy, que depuis quinze jours la loi martiale est en vigueur. J’ai interrog'e cet individu, voici quelques instants… Or, il est incapable de r'epondre ou plut^ot il refuse de r'epondre… j’'etais convaincu tout `a l’heure que c’est lui qui a allum'e l’incendie, par inadvertance ou m'echancet'e, peu importe, le fait n’en est pas moins flagrant… vous venez de me dire que votre cheval a 'et'e tu'e, c’est assur'ement cet homme, il va ^etre fusill'e dans un instant…

Haussant la voix, l’officier commandait :

— Allez-y sergent, les sommations…

Le subordonn'e d'esign'e, se d'etacha du peloton qui s’'etait form'e devant le malheureux Fandor. Il allait lui prononcer la formule qu’il r'ep'eterait encore par deux fois.

Et si Fandor ne se justifiait pas, c’en 'etait fait de sa vie.

Fandor, accul'e au mur, comprenait `a peine ce qui se passait.

Il n’entendait rien des questions qu’on lui posait, il voyait tout juste les fusils que les soldats venaient de charger, et qui, dans un instant, s’abaisseraient pour le viser en pleine poitrine.

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