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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Jupiter.

On connaissait Jupiter, depuis cinq ou six ans, comme l’ouvrier le plus d'evou'e de la chercherie de diamants.

Certes, il e^ut 'et'e 'etrange de le rencontrer `a cette r'eception 'el'egante et mondaine, s’il n’avait 'et'e, comme ses coll`egues, qu’un simple noir oblig'e de gagner sa vie en fouillant dans la terre molle pour en extraire le diamant. Mais Jupiter, mettant `a profit sa vigueur hercul'eenne, s’'etait entra^in'e `a la boxe depuis de longues ann'ees. Rapidement, il avait excell'e dans ce sport et il 'etait devenu le champion de la r'egion.

C’'etait d'ej`a quelque chose.

Or, depuis trois jours, Jupiter avait fait mieux.

Au cours d’un match sensationnel, il avait mis

« knock-out », c’est-`a-dire battu le champion d’Australie, le c'el`ebre Boully Stone, et, de ce fait, avait gagn'e la jolie somme de dix mille livres sterling.

Le clan des auditeurs de Jupiter se divisait en deux groupes : il y avait ses admirateurs absolus, gens 'epris de sport et pleins de respect pour la vigueur de ces poings qui avaient d'emoli l’homme consid'er'e jusqu’alors comme invincible. Il y avait aussi les puristes, les gens de tradition, qui ne pouvaient admettre que l’on rec^ut dans une soci'et'e, m^eme un peu m^el'ee, un homme de couleur.

Le n`egre, toutefois, auquel on avait donn'e, ind'ependamment de ses dix mille livres sterling, un superbe bracelet d’or, exprimait sa joie intense par une mimique expressive et une perp'etuelle agitation. Sans cesse, il montrait son poignet orn'e du bijou, et ne s’interrompait que pour frapper de sa large main la poche int'erieure de son veston o`u il tenait sa fortune en billets de banque.

Jupiter, d’ailleurs, se r'ejouissait beaucoup plus, semblait-il, du bracelet d’or que du papier-monnaie.

Avisant Hans Eiders qui passait dans le voisinage, il l’interpella presque famili`erement.

— Moussi'e Hans, disait-il, moi pas vouloir garder cet argent… Moi te le donner pour mettre dans la caisse `a secret… Jupiter pas besoin… il le reprendra quand il ach`etera une femme.

Hans Elders sourit de la confiance du n`egre. Il commenca par refuser ce d'ep^ot. Mais – comme un v'eritable enfant – Jupiter avait pris une mine contrite, et le directeur de la chercherie finit par c'eder.

On insistait d’ailleurs aupr`es de lui :

— Vous ferez bien, lui disait-on, de mettre cette petite fortune en s'ecurit'e. Jupiter livr'e `a lui-m^eme irait la jouer ou la boire.

— Soit, avait r'epondu Hans Elders.

Avec quelques intimes il avait pass'e dans son cabinet de travail, et d'epos'e provisoirement les billets de banque dans un tiroir ferm'e `a clef, avant d’aller les porter dans son coffre-fort.

Le jeune Teddy, toutefois, n’'etait pas rest'e longtemps en contemplation devant le n`egre, pour lequel il 'eprouvait cependant une sinc`ere et cordiale affection.

Teddy avait une pr'eoccupation 'evidemment plus s'erieuse. De ses yeux intelligents et fureteurs, il fouillait l’ombre des massifs et les all'ees touffues du parc.

Un couple s’y promenait, cherchant la solitude, semblait-il.

Teddy, amus'e, suivait des yeux ce man`ege.

— Oh ! oh ! pensa l’adolescent, voil`a un flirt qui, non seulement se dessine, mais s’affirme joliment. Winifred et le lieutenant Wilson Drag. Ma foi, ils me paraissent faire un joli couple. Mais jamais ce vieux bandit de Hans ne consentira…

Teddy eut un geste 'evasif cependant que son front se plissait. Il semblait qu’`a chaque fois que le nom de Hans Elders lui venait `a l’esprit, il 'eprouvait comme une douleur et qu’une col`ere sourde s’allumait dans son coeur.

Quels pouvaient bien ^etre les motifs qui d'eterminaient chez ce gentil garcon, aux mani`eres douces et 'el'egantes, une haine semblable pour un homme d’^age m^ur, et qui avait gagn'e l’estime et la consid'eration par son travail opini^atre ?

Le soir venait ; les invit'es du chercheur de diamants qui, jusqu’alors avaient err'e, soit dans les salons de la villa, soit dans le vaste parc de la propri'et'e, avaient regagn'e le jardin d’hiver pour y d'eguster la boisson traditionnelle… le th'e… Et c’'etait dans cette pi`ece une gaiet'e charmante, une r'eunion pleine d’entrain, d’o`u fusaient les rires les plus joyeux, o`u les hommes 'el'egants, distingu'es et aimables courtisaient avec tact les femmes les plus gracieuses et les plus d'elicatement par'ees.

Les conversations, toutefois, s’interrompirent `a l’arriv'ee d’un personnage tout couvert de poussi`ere, qui s’arr^eta interdit sur le seuil de la porte, surpris sans doute de se trouver en si belle compagnie.

Mais Hans Elders avait d'ej`a couru vers lui et l’attirait au milieu des invit'es, voulant de toute force le pr'esenter au gouverneur :

— Sir Houston, permettez-moi de vous faire conna^itre mon collaborateur et ami : M. Ribonard, un Francais qui s’occupe tr`es activement du placement de nos diamants.

— Ils doivent ^etre d’un placement facile ? dit le gouverneur, fac'etieux comme tous les gouverneurs qui viennent de prendre le th'e, auquel Ribonard r'epondit :

— Mon Dieu, monsieur, cela d'epend de la demande… les march'es sont tr`es variables, particuli`erement depuis ces derni`eres ann'ees, et le Br'esil nous fait une grosse concurrence, mais les affaires ne vont pas mal en ce moment… J’arrive de Pretoria o`u la Bourse est excellente…

Le courtier et le gouverneur caus`erent encore quelques instants cependant que les salons se vidaient peu `a peu.

Devant le perron de la maison s’alignaient les modes de transport les plus vari'es : cal`eches 'el'egantes, d’un autre ^age, attel'ees en poste et conduites par des Cafres mont'es `a califourchon. Il y avait aussi des automobiles de luxe qui tr'epidaient au milieu de l’escadron des chevaux de selle.

Teddy, plus renfrogn'e encore qu’au d'ebut de la journ'ee, s’esquiva parmi les derniers invit'es.

D'ecemment, il ne pouvait rester plus longtemps chez Hans Elders. Il semblait toutefois que le jeune homme aurait voulu ne pas quitter la villa du riche prospecteur de diamants.

Quels 'etaient donc les motifs qui pouvaient l’y retenir ? Quels qu’ils fussent, d’ailleurs, Teddy n’y ob'eissait pas. Sautant `a cheval, d’un seul bond, sans s’aider de l’'etrier que lui tenait un serviteur, il se mit en selle rapidement, et ne suivant pas les autres invit'es qui, pour la plupart, regagnaient la ville, 'el'egant cavalier, il s’'elanca `a travers la campagne, galopant dans la direction de la lisi`ere d’une grande for^et au bord de laquelle, `a six miles de chez Hans Elders, se trouvait la ferme pittoresque o`u il avait 'et'e 'elev'e.

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