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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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Au bout d’une heure, Baptiste annonca :

— Monsieur, c’est la demoiselle qui est l`a.

— Priez-la donc d’entrer.

Quelques instants apr`es, dans le cabinet du courtier maritime, p'en'etrait une jeune fille `a la mise `a la fois 'el'egante et correcte. Elle retira son manteau, puis, sur l’invitation d’Herv'e Martel, elle s’assit `a une petite table, `a c^ot'e d’un vaste bureau qui disparaissait sous les papiers.

Sans h^ate, elle d'efit un rouleau de papier blanc qu’elle avait apport'e, puis, de la lame d’un 'el'egant petit canif, elle tailla son crayon.

— Vous y ^etes, Mademoiselle H'el`ene ? demanda M. Martel.

— Oui, Monsieur, r'epondit la jeune fille. Vous permettez un instant ?

D’un geste rapide, elle alla au canap'e d’angle o`u elle avait d'epos'e sa fourrure.

— Vous avez froid, Mademoiselle ?

La jeune fille sourit :

— Mais oui, Monsieur, il ne fait pas tr`es chaud chez vous.

Herv'e Martel sonna Baptiste :

— Voyons, comment se fait-il que cette pi`ece soit si mal chauff'ee ? On g`ele, ici.

— Monsieur sait bien que la chemin'ee ne va pas. J’en ai d'ej`a fait l’observation `a monsieur, il y a quelques jours. Monsieur devrait 'ecrire aux g'erants.

— Vous avez raison, fit-il. J’avais oubli'e.

Puis, se tournant vers la dactylographe, cependant que le domestique se retirait :

— Voulez-vous prendre note, Mademoiselle, d’'ecrire aux g'erants : MM. Nalorgne et P'erouzin, rue Saint-Marc. Vous chercherez le num'ero dans le Bottin. Dites-leur que la chemin'ee ne marche pas, qu’ils viennent la v'erifier, que je compte sur eux, d’urgence. C’est not'e, n’est-ce pas ?

— Oui, Monsieur.

— Bien, Mademoiselle. Encore une lettre, au Comptoir National, une lettre que vous recommanderez. Voulez-vous noter ?…

« Messieurs, je vous envoie par ce courrier dix titres au porteur, de mille francs, portant les num'eros ci-apr`es… »

Herv'e Martel ouvrit un tiroir, en retira un petit paquet soigneusement ficel'e qu’il posa sur le bureau plac'e le long du mur, tout `a c^ot'e de la petite table o`u travaillait la st'enographe.

— Vous y ferez attention, Mademoiselle, ces papiers ont de la valeur. Lorsque vous aurez pris les num'eros, que vous indiquez dans votre lettre, vous voudrez bien faire exp'edier ces papiers en lettre recommand'ee. Qu’est-ce qu’il y a ?

— C’est Prosper, c’est le cocher de Monsieur, qui vient comme ca pour son certificat, dit Baptiste.

— Qu’il entre.

Le cocher p'en'etra dans la pi`ece en saluant gauchement. M. Herv'e Martel tournait le dos au serviteur et `a la jeune fille. Il 'etait all'e `a un petit secr'etaire, `a l’oppos'e du cabinet, et r'edigeait le certificat demand'e par le cocher.

— Tenez, Prosper, fit-il lorsqu’il eut achev'e, voil`a votre affaire. D'esormais, vous avez toutes les qualit'es. D’ailleurs, ce que je dis, je le pense. Je regrette vivement votre d'epart.

Prosper, se confondant en remerciements, allait entreprendre une longue conversation, mais Herv'e Martel, en homme d’affaires habitu'e `a 'econduire les raseurs, trouva le mot aimable et cependant d'efinitif pour le reconduire jusqu’`a la porte de son cabinet.

— Continuons, Mademoiselle.

Herv'e Martel dicta deux ou trois lettres, donnant des rendez-vous d’affaires, puis :

— Cette lettre, Mademoiselle, vous ne l’'ecrirez pas sur du papier de la charge, mais sur du papier personnel. 'Ecrivez :

Madame Irma de Steinkerque,

Ma ch`ere amie,

Nous nous r'eunissons, quelques joyeux camarades, chez moi, avenue Niel, apr`es-demain soir. J’esp`ere que vous serez des n^otres. On d^inera sans c'er'emonie, `a huit heures… R'epondez-moi bien vite que vous ^etes assez gentille pour nous charmer de votre pr'esence.

Votre bien affectueusement d'evou'e.

— Vous ajouterez en post-scriptum… Apr`es tout, non, fit-il, je ne peux tout de m^eme pas vous dicter cela. Quand la lettre sera faite, vous me la donnerez avec l’enveloppe, je mettrai le post-scriptum `a la main.

M lle H'el`ene sourit mais ne broncha pas, et comme M. Herv'e Martel ne disait plus rien :

— Est-ce termin'e ?

— Oui, fit Herv'e Martel. Allez me taper ce courrier au bureau et n’oubliez pas de me le rapporter `a signer avant l’heure du d'ejeuner.

Et, tandis que la jeune fille, m'eticuleusement, reformait le rouleau de ses feuilles de papier :

— Eh bien, quoi, Mademoiselle H'el`ene, vous avez de graves chagrins ? des peines sentimentales ?

— Pourquoi donc, Monsieur ?

— Mais vous soupirez d’une facon qui vraiment d'enote une tristesse extraordinaire.

— Moi, Monsieur ? mais je n’ai nullement soupir'e.

— Tiens, c’est 'etonnant. J’'etais persuad'e. Enfin il vaut mieux, n’est-ce pas, que je me sois tromp'e ?

La jeune dactylographe sourit gracieusement. Puis, subitement, une id'ee lui vint.

— Pardon, Monsieur, le paquet de titres que je dois emporter pour le faire recommander. O`u est-il ?

Herv'e Martel se dirigea vers le bureau sur lequel il avait plac'e les papiers. Tout `a coup, il s’arr^eta net :

— Vous les avez pris, Mademoiselle, ces titres ? Ils 'etaient l`a-dessus il y a quelques instants,

— Il m’a sembl'e les voir, en effet, Monsieur. Mais il faut croire que je me suis tromp'ee, puisqu’ils n’y sont pas.

— C’est exact, ils n’y sont pas. J’aurais cependant jur'e que…

— Ma foi, moi aussi.

— Je sais bien que je suis distrait, mais `a ce point-l`a cependant.

Le courtier regarda autour de lui, souleva les coussins de son canap'e, remua quelques dossiers, entrouvrit deux ou trois fois le tiroir dans lequel il avait mis, quelques jours auparavant, les titres en question, et qu’il croyait bien avoir repris. Mais il ne retrouva rien.

— Voyons, c’est impossible, grogna-t-il. Vous faites erreur, ou moi. Ou alors, je me trompe, ce paquet n’est pas bien gros. Regardez donc si, par hasard, dans vos feuilles de st'enographie.

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