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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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— Et maintenant, je suis gai comme une petite folle ? Parbleu, vous oubliez, mes amis, que vous me voyez toujours apr`es l’heure fatidique o`u j’abandonne mes affaires. Moi, je fais de ma vie deux parts, l’une pour le travail, l’autre pour le plaisir.

— Et quelle est la plus grosse ?

Herv'e allait r'epondre, Irma lui coupa la parole d’une plaisanterie, stupide `a son ordinaire :

— Cela d'epend des dames.

Sur quoi, avec un air de reproche et une face indign'ee, Rosalie, la vieille domestique, qui, les jours de r'eception intime, aidait Baptiste au service de la table, quitta la salle `a manger apr`es avoir jet'e `a son ma^itre un regard d'edaigneux.

Rosalie ne pouvait souffrir qu’Herv'e Martel, un monsieur si bien, un monsieur, rec^ut de la sorte,

« n’importe qui » chez lui.

— C’est des gens qu’on voit au restaurant, affirmait Rosalie.

Mais qui se souciait de ce que pensait Rosalie ?

— Vrai, demandait Irma de Steinkerque `a Charley, vous croyez que je pourrais apprendre `a danser ?

— Mieux que Terpsichore, affirma gravement le courtier maritime, d’ailleurs, je parie que vous valsez `a ravir.

— Non, je ne sais pas.

— Allons donc.

— Allez, Charley intervint alors Cheviron, faites-nous l’invitation `a la valse qu’Irma nous montre ses talents, je me charge de la musique.

On rit, on applaudit, Charley se leva pour inviter Irma de Steinkerque, l’enlaca et la fit tournoyer, tandis qu’avec un accord touchant, les autres convives bourdonnaient la valse lente.

Tandis que Rosalie murmurait :

— Si c’est pas honteux. C’est des orgies qu’ils font.

Or, au moment pr'ecis o`u Charles Charley, que l’on n’aurait pas cru si vigoureux, faisait pirouetter une Irma de Steinkerque tenue `a bout de bras, un vacarme surprenant s’'eleva dans l’appartement du courtier maritime. Comme si le plafond se f^ut 'ecroul'e. Comme si les meubles eussent dans'e la polka. Comme si… Une seconde, deux secondes… Puis le silence.

— Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? Vous avez entendu ?

— Mes amis, commenca Herv'e Martel, excusez-moi quelques secondes, je vais voir…

— On vous suit.

***

— Qu’est-ce qui se passe, Rosalie ? qu’est-ce que c’est ?

Rosalie 'etait `a l’abri, derri`ere la silhouette bedonnante d’un superbe ma^itre queux.

— Je ne sais pas, monsieur, r'epondait Rosalie, mais bien s^ur que c’est le diable ou un d'emon, la maison en a trembl'e.

— Vous savez, dit Martel, ne vous attendez pas `a une surprise, ca ne fait nullement partie du programme des f^etes. Ah ca, par exemple, la porte est donc ferm'ee ?

Mais Herv'e Martel se trompait. Devant la r'esistance impr'evue de la porte du cabinet de travail, il avait fait un violent effort et soudain elle s’ouvrit :

Le cabinet de travail si bien rang'e il y a un moment, offrait un spectacle de champ de bataille.

L’'etag`ere, charg'ee de petits vases pr'ecieux, 'etait 'ecroul'ee sur le sol, les coussins du canap'e gisaient, 'eventr'es, pr`es de la chemin'ee, les chaises 'etaient renvers'ees, les fauteuils crev'es montraient le crin. Sur le bureau, les papiers en tas, en tra^in'ee, jonchant la pi`ece. Les tableaux arrach'es, jet'es sur le sol. Un rideau de la fen^etre accroch'e aux cand'elabres de la chemin'ee. La biblioth`eque avait sa vitre lamentablement bris'ee. La corbeille `a papiers 'etait vid'ee de son contenu r'epandu `a travers la pi`ece. Sur la petite table o`u d’ordinaire la dactylographe travaillait, le pot de colle perdait son liquide naus'eabond.

Il semblait vraiment qu’on se f^ut battu dans la pi`ece, qu’on y e^ut cambriol'e, qu’on l’e^ut mise au pillage, `a sac.

— Nom d’un chien de nom d’un chien, disait le ma^itre de maison.

Et il appela :

— Baptiste. Rosalie. Qui est entr'e ici ?

— Personne, monsieur.

— Personne ? Allons donc. Ca ne s’est pas fait tout seul tout de m^eme.

— Non, monsieur, mais enfin…

— Enfin, quoi ? vous voyez bien que tout est cass'e.

— C’est des esprits, dit la vieille Rosalie, le plus s'erieusement du monde.

— C’est pas ordinaire, disait Irma de Steinkerque, dont le gros bon sens n’'etait qu’`a demi rassur'e, c’est pas ordinaire, qu’est-ce qui a pu flanquer tout ca par terre ?

Charley, les mains derri`ere le dos, m'editait :

— Bougre, c’est qu’il y en a pour des sous dans le dommage caus'e. On a certainement voulu vous cambrioler, mon cher Herv'e.

— En une minute ?

Charles Charley ne r'epondit point.

C’'etait exact, en effet. De la salle `a manger ils avaient tous entendu le fracas caus'e par le bouleversement de la pi`ece. Ce fracas n’avait dur'e que quelques secondes. C’est en quelques secondes seulement que tout avait 'et'e boulevers'e, mis sens dessus dessous.

Mais comment ? Cela d'epassait vraiment les forces humaines.

Maurice de Cheviron, qui jusqu’alors n’avait rien dit, interloqu'e par ce qu’il voyait, essaya le premier d’apporter un peu de clart'e dans les myst`eres pr'esents :

— Ma foi, commencait-il, il faut bien pourtant que ce soit quelqu’un qui ait fait cela. Seulement comment a-t-il pu le faire ?

L’agent de change se tourna vers la vieille bonne :

— Dites-moi, Rosalie, vous ^etes arriv'ee combien de temps apr`es le bruit, devant la porte du cabinet de travail ?

— Monsieur, quand le bruit s’est fait, j’'etais justement l`a, dans la galerie, je passais pour aller chercher les cigares dans le cabinet de monsieur.

— Vous 'etiez devant la porte ?

— Oui, monsieur, j’allais entrer quand ca s’est produit, j’en ai encore les sangs tout retourn'es.

— Mais alors, personne n’est sorti ?

— Ce n’est pas possible, commenca M. de Cheviron, se tournant vers Herv'e Martel, ce n’est pas possible, mon vieux, ce qu’elle dit, ta cuisini`ere. Tu entends ?

— C’est bizarre, c’est absolument bizarre et totalement incompr'ehensible. Voil`a la deuxi`eme chose extraordinaire qui se passe dans cette pi`ece, car, tu te rappelles, Maurice, ce que je t’ai dit au sujet du vol dont j’ai 'et'e victime ?

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