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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Et J'er^ome Fandor, au bout de quelques instants, n’y tenait plus.

— S^urement, grondait-il, Bouzille est encore en train de faire quelque extraordinaire imb'ecillit'e… car il n’est pas possible que le disque ne soit pas depuis longtemps en travers s’il avait su s’y prendre !

Et, plus douloureusement encore, le jeune homme souffrit de sa foulure, de ce stupide accident mat'eriel qui le privait en partie de ses moyens et l’obligeait `a avoir recours aux bons offices de Bouzille, lequel faisait 'evidemment un complice d’int'er^et douteux.

Or, comme il se d'esesp'erait ainsi, Fandor brusquement sursauta :

Une rafale de vent courbant les branchages des arbres venait brusquement de lui souffler au visage. Il lui avait paru que ce vent lui apportait l’'echo d’un sourd grondement, d’un fracas formidable, il aurait jur'e qu’il avait entendu le coup de sifflet d’une locomotive !

— Bon Dieu, le train…

Affol'e, voulant savoir, co^ute que co^ute, s’il ne se trompait pas, si le rapide arrivait bien, s’il se trouvait `a quelques centaines de m`etres, si brusquement il allait surgir, ayant d'epass'e le disque, Fandor se tra^ina jusqu’au rail de la voie.

Il s’'etait soudainement rappel'e que les bandits am'ericains, ceux-l`a qui arr^etent couramment des trains en accumulant des obstacles sur leur voie, dans le but de d'evaliser les voyageurs et de piller les bagages, se servaient d’un moyen fort simple pour deviner l’arriv'ee des convois : tout bonnement, ils collaient leur oreille aux rails de fer. Le rail agissait alors comme un v'eritable conducteur acoustique, il permettait de fort loin d’entendre le vacarme d’un train.

J'er^ome Fandor, `a l’instant o`u il songeait `a cela, essayait de ce proc'ed'e.

'Etendu `a plat ventre, il appuyait son oreille sur le rail, il 'ecoutait de toute son ^ame…

Et certes, J'er^ome Fandor n’avait pas besoin d’avoir l’oreille bien fine pour ^etre renseign'e.

Le rail tout entier vibrait… `A coup s^ur, le train n’'etait pas loin… `A coup s^ur encore il arrivait, lanc'e `a son maximum de vitesse, foncant droit devant lui, dans tout le brutal 'elan des machines l^ach'ees et d'eployant toutes leurs forces…

— Le disque !… le disque !… r^ala Fandor.

Il eut un dernier regard pour le disque : le signal n’avait point boug'e, il 'etait toujours ouvert…

— Fichtre ! grommela Fandor. La partie est perdue !…

Or, `a cet instant, brusquement, le disque tourna sur lui-m^eme.

Certes, Fandor e^ut vu s’'ecrouler le sol, entendu dans les plaines voisines le fracas d’une salve d’artillerie, qu’il e^ut 'et'e moins 'emu.

`A l’instant o`u il croyait tout perdu, la partie 'etait-elle donc gagn'ee ?

`A l’instant o`u il pensait que Bouzille ne mettrait jamais le disque `a l’arr^et, le chemineau r'eussissait-il donc la manoeuvre ordonn'ee ?

Fandor le crut, et son coeur se prit `a battre `a grands coups.

`A l’instant m^eme, d’ailleurs, un coup de sifflet formidable retentissait…

Fandor cessait de consid'erer le signal pour guetter instinctivement l’extr'emit'e de la ligne par o`u devait d'eboucher le train.

Le rapide ne se fit pas attendre.

Soudain, Fandor l’apercut, tout empanach'e de fum'ee, saluant le signal de la sir`ene, et foncant sur lui dans un 'elan formidable.

Le journaliste prit le revolver `a la main.

— Allons, songeait-il. Le m'ecanicien a d^u voir le signal d’arr^et. S^urement, il a renvers'e la vapeur, le train va s’immobiliser, stopper `a quelques pas de moi, il ne faut pas que Fant^omas puisse m’'echapper, cette fois-ci !

Et J'er^ome Fandor connut alors quelques secondes de fi'evreuse anxi'et'e.

Cinq cents m`etres tout ou plus le s'eparait du rapide.

Fandor ne pensait tout d’abord qu’`a l’issue de la lutte engag'ee contre Fant^omas, puis, brusquement une nouvelle crainte le prenait :

Ah ca ! qu’est-ce que cela signifiait ? Le train ne ralentissait pas !

Le convoi, loin de s’arr^eter, paraissait forcer son allure, et avancait `a une rapidit'e folle… Encore quelques secondes, et il d'epassait Fandor, si toutefois le journaliste avait le temps de se jeter de c^ot'e, s’il ne p'erissait pas broy'e sous sa masse.

Le drame se jouait en effet avec une folle rapidit'e.

J'er^ome Fandor n’avait pas eu le temps de concevoir le danger qu’il courait, que ce danger devenait imm'ediat, qu’il devenait terrible, qu’il 'etait certain, qu’il semblait in'evitable…

— Bigre !… jura le journaliste.

Fandor fit un effort, il voulut se relever, il tomba : la douleur de sa blessure 'etait telle qu’il ne pouvait plus se tra^iner…

Dans ces conditions, que faire ?

`A deux cents m`etres, le train foncait sur lui…

— Je suis perdu, r^ala le journaliste.

Il leva les bras en l’air, il tenta de crier, il voulut agiter son mouchoir…

H'elas, pourrait-on le voir !… Le train pourrait-il m^eme stopper `a temps ! Fandor savait bien que non…

Vou'e d`es lors `a une mort certaine, J'er^ome Fandor pendant quelques secondes fixa la locomotive qui semblait avaler les rails de fer, et les happer dans sa gueule rouge…

— Foutu, je suis foutu !… r'ep'etait-il encore.

Puis il se laissa tomber sur le sol, tout de son long, an'eanti, r^alant encore pourtant :

— Mais comment le m'ecanicien n’a-t-il pas stopp'e puisque le disque est `a l’arr^et ?

Quittant J'er^ome Fandor, Bouzille s’'etait 'elanc'e de toute la vitesse de ses vieilles jambes dans la direction du disque qu’il fallait fermer, ainsi que le lui avait recommand'e son compagnon.

Bouzille 'etait l’homme de toutes les entreprises et de toutes les combinaisons o`u il pouvait y avoir, sans trop de risques, quelque argent `a gagner.

`A l’occasion, Bouzille ne refusait point de fr'equenter Fant^omas ni de rendre service `a ceux de sa bande. Il disait avec philosophie qu’il fallait bien que tout le monde vive et qu’apr`es tout, comme on ne l’avait jamais vol'e, il ne pouvait pas savoir si les autres 'etaient aussi des voleurs, de m^eme qu’il ignorait s’ils 'etaient des assassins, puisqu’ils ne l’avaient jamais tu'e.

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