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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Juve et Fandor, `a peine de donner l’alarme et de provoquer un scandale redoutable pour la reine, ne pouvaient d’autre part, fouiller toutes les voitures qui quittaient le ch^ateau.

L’automobile qui s’en allait `a petite allure n’'etait suspecte par aucun d'etail. Ils la laiss`erent aller.

`A cet instant, Fant^omas, redoutant encore un geste d’H'el`ene, s’agenouillait sur la banquette. Par la petite lucarne perc'ee dans le dossier de la limousine, Fant^omas braquait toujours Fandor. Et Fant^omas, lentement, disait `a H'el`ene :

— Le revolver que je tiens porte avec pr'ecision jusqu’`a deux cents m`etres environ. Dans quelques instants, vous serez libre de hurler si bon vous semble.

Mais c’'etait l`a, en v'erit'e, une derni`ere raillerie, raillerie inutile.

Brusquement, en effet, et sans laisser `a la jeune femme le temps d’esquisser un mouvement de d'efense, Fant^omas se jetait sur elle, et la b^aillonnait. Il avait ferm'e les rideaux des porti`eres, il n’avait plus rien `a craindre. Apr`es avoir employ'e la peur, Fant^omas avait recours `a la force.

Le drame s’accomplissait.

L’automobile de Fant^omas avait stopp'e, deux heures plus tard, aux bords extr^emes du quai qui termine le port d’Amsterdam. Une sorte de p'eniche, une barge hollandaise, 'etait amarr'ee l`a. Elle 'etait sale, et couverte de morceaux de charbon. Il semblait en apparence que ce f^ut une p'eniche ordinaire, attendant les bons offices d’un remorqueur. Telle 'etait cependant l’habitation myst'erieuse que Fant^omas s’'etait choisie d`es l’instant o`u Juve, en sauvant la reine, l’avait contraint d’abandonner la retraite qu’il s’'etait d’abord m'enag'ee dans la vieille fr'egate d'esaffect'ee que connaissait si bien le vieux M. Eair, ou plus exactement, 'Etienne Rambert, puisque M. Eair n’'etait autre que le p`ere de Fandor.

L’automobile avait `a peine stopp'e, que Fant^omas prenait H'el`ene dans ses bras et la soulevant comme il e^ut soulev'e le plus l'eger des fardeaux, l’emportait `a bord de cette p'eniche.

Fant^omas se dirigeait vers l’arri`ere du bateau. L`a se trouvait une sorte de petite cabine, sale en apparence, couverte `a l’ext'erieur de poussi`ere et de charbon 'ecras'e, et qui, `a l’int'erieur, constituait en r'ealit'e, un fort luxueux salon.

Fant^omas ferma la porte, posa son revolver sur la table, et d'efit lentement le b^aillon d’H'el`ene.

— Vous avez besoin de calme, dit le bandit. Reposez-vous.

Mais H'el`ene, depuis l’instant o`u elle avait 'et'e b^aillonn'ee, depuis l’instant o`u elle avait perdu de vue Fandor, qu’elle s’'etait irr'em'ediablement sentie aux mains de Fant^omas, s’'etait pr'ecis'ement efforc'ee au calme, s’'etait pr'ecis'ement contrainte `a r'efl'echir.

H'el`ene toisa le bandit.

— Je ne puis avoir de repos, r'epondit-elle, tant que je me trouverai sous votre d'ependance. Vous pr'etendez que vous m’aimez, Fant^omas ; vous pr'etendez que vous voulez, malgr'e tout me consid'erer toujours comme votre fille, je vous somme de me r'epondre, et de me dire pourquoi vous causez en ce moment, et mon d'esespoir, et le d'esespoir de Fandor ?

Il fallait en v'erit'e qu’H'el`ene f^ut bien s^ure de l’amour de Fant^omas, de l’affection que le bandit lui portait pour oser ainsi interroger, pour oser surtout prononcer devant lui le nom de Fandor.

En 'ecoutant celle qu’il regardait, en effet, comme sa fille, Fant^omas avait fronc'e les sourcils. Un pli barrait son front. Il interrompit H'el`ene.

— Ne me parlez point de Fandor, fit-il. Je le hais, comme je hais Juve… Et vous ne saurez jamais ce que j’ai souffert tout `a l’heure, quand je le tenais au bout de mon revolver et quand j’ai d^u me contraindre `a ne point l’abattre !

`A son tour, H'el`ene interrompit Fant^omas.

— Cette haine, fit-elle, vous n’avez pas le droit d’en parler, Fant^omas. Fandor est un honn^ete homme, et Fandor fait son devoir en luttant contre vous. Votre haine n’a pas de motif avouable.

— Si, fit rudement Fant^omas.

— Lequel ?

`A l’interrogation pr'ecise de sa fille, car c’'etait toujours sa fille `a ses yeux, Fant^omas frissonna. Les veines de ses tempes se gonfl`erent. Un acc`es de col`ere le secoua.

— Je hais Fandor, commenca-t-il, parce que…

— Parce que ? demanda H'el`ene.

— Parce que vous l’aimez !

Mais `a cette sombre d'eclaration, H'el`ene s’emporta :

— Vous mentez ! murmura-t-elle. Vous mentez, Fant^omas !… Vous ha"issiez Fandor avant ! D’ailleurs, que vous ferait que j’aime Fandor ? Fandor est mon mari… Voudriez-vous donc mon malheur ? Pr'ef'ereriez-vous que je sois la femme d’un homme que je n’aimerais point ?

H'el`ene haletait…

Peut-^etre esp'erait-elle, connaissant l’affection sinc`ere que Fant^omas avait pour elle, arriver `a toucher son coeur. Peut-^etre se disait-elle que l’^ame farouche de Fant^omas, cette ^ame inaccessible `a la piti'e, n’avait jamais eu, en somme, qu’une seule faiblesse, cette affection qu’il lui vouait.

Ne pourrait-elle s’en faire une arme ? N’obtiendrait-elle pas sa libert'e ?

La malheureuse dut abandonner rapidement toute lueur d’espoir. Fant^omas de ce ton imp'erieux qu’il prenait quelquefois, et qui rendait toute discussion impossible, r'etorquait d'ej`a :

— Je vous d'efends, H'el`ene, de jamais oser pr'etendre devant moi que vous ^etes la femme de Fandor. Vous ne lui ^etes rien, et il ne vous est rien, voil`a la v'erit'e…

Mais `a cette affirmation, H'el`ene protestait encore :

— La v'erit'e `a vos yeux peut-^etre, disait-elle. Mais il n’emp^eche que la loi elle-m^eme…

La jeune femme se tut.

Fant^omas venait d’'eclater d’un rire infernal.

— La loi est pour moi, d'eclarait-il, en affectant une piti'e plut^ot m'eprisante `a l’endroit de sa fille. La loi est pour moi, et je dois vous rapprendre… H'el`ene, vous croyez ^etre la femme de Fandor… Vous ne l’^etes pas ! Vous ne le serez jamais ! Oh ! sans doute, je ne me fais point d’illusion, vous allez me r'epondre que vous avez 'epous'e Fandor `a la maison de sant'e du docteur Paul Drop .Vous allez me rappeler que Fandor, par je ne sais quel moyen, obtint du pr'esident de la R'epublique lui-m^eme la dispense de publicit'e que rendait n'ecessaire votre agonie apparente. Vous allez me rappeler tout cela, vous allez me citer cette c'er'emonie grotesque, au cours de laquelle en infirmier Claude, je fus votre t'emoin, tout comme l’'etait Vladimir, le comte d’Oberkhampf. Eh bien, tout cela, H'el`ene, apprenez-le, n’a aucune valeur, ne compte pas, n’existe point, pas plus `a mes yeux qu’aux yeux de la loi !

Fant^omas se tut. Il escomptait une protestation de la part de la jeune femme, mais celle-ci se taisait.

H'el`ene, `a cet instant, ne croyait pas aux paroles de Fant^omas. Ce qu’il disait 'etait impossible. Elle 'etait bien r'eellement la femme de Fandor, elle l’'etait l'egalement et Fant^omas, quelle que f^ut sa puissance, ne pouvait rien contre le fait accompli, contre le fait acquis.

Fant^omas reprit :

— Vous ne me croyez point, H'el`ene ? Soit ! S’il vous faut des preuves, je vais vous en fournir. Avez-vous dont oubli'e l’acte dont donna lecture le greffier de l’'etat civil, ne savez-vous pas que la dispense in extremisaccord'ee `a l’occasion de votre mariage est, aux termes de la loi, r'egl'ee de cette facon : vous ^etes mari'ee, H'el`ene, avec Fandor, sans publications l'egales, mais `a la condition que ces publications soient faites d`es le lendemain. Or, d`es le lendemain, des incidents sont survenus, que j’avais ordonn'e moi-m^eme. Fandor et vous, H'el`ene, vous n’avez pu faire ex'ecuter ces publications ; elles n’ont pas 'et'e faites dans le temps voulu, elles ne peuvent plus l’^etre… Votre mariage est nul, vous n’^etes pas la femme de Fandor, vous ne le serez jamais…

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