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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Bouzille tendait la main, cependant que Juve, ahuri par les discours du chemineau, le suppliait de parler un peu plus clairement.

— Qu’est-ce que tu dis, Bouzille ? demandait Juve. Qu’est-ce que tu me racontes ?… Tu as vu retirer un cadavre de la Seine ? Eh bien, ce n’est pas 'etonnant, cela… c’est une chose, h'elas ! qui se produit tous les jours…

Mais Bouzille protestait avec indignation.

— M’sieur Juve, disait-il, sauf vot’respect, vous vous gourez dans les hauteurs. Si c’'etait rapport `a un rep^echage ordinaire, je n’vous d'erangerais pas. Non, c’est quelque chose de mieux, et c’est quelque chose de pis…

Et, d`es lors, avec un grand luxe de d'etails, Bouzille contait `a Juve la macabre et fantastique aventure dont il avait 'et'e le t'emoin.

— Ca, voyez-vous, concluait-il, on ne me le retirera pas de l’id'ee ; moi, je sais c’que j’dis, et, par cons'equent, j’ai pas besoin de m’inqui'eter… c’'etait pas un cadavre qu’on rep^echait naturellement, m’sieur Juve, c’'etait plut^ot comme qui dirait un d'efunt qu’on t^achait moyen de faire filer en douce en le tirant entre deux eaux, puis en le jetant au fond de la barque…

Juve, en 'ecoutant Bouzille, soupirait avec d'esespoir :

— H'elas ! pensait le policier, est-il donc 'ecrit quelque part que je pourrai pas me reposer ce soir… Est-il donc certain que je suis irr'em'ediablement condamn'e `a trotter toute la nuit : j’aurais pourtant bien voulu monter un quart d’heure chez moi afin de me reposer quelque peu…

Juve, toutefois, n’h'esitait pas.

Le devoir, avec lui, passait toujours avant tout, et par cons'equent il n’avait pas `a h'esiter.

Les renseignements que Bouzille lui communiquait devaient ^etre documentaires, pouvaient ^etre int'eressants, il fallait en tenir compte. Juve se d'ecida…

— C’est bien, Bouzille, d'eclarait-il. Tu seras certainement pay'e pour ta peine. Toutefois, tu sais que je me refuse `a te payer d’avance et avant d’avoir contr^ol'e tes indications. Bouzille, tu vas m’accompagner. Nous allons aller tous les deux faire un tour sur les berges du c^ot'e o`u tu as vu cette extraordinaire aventure. Peut-^etre d'ecouvrirons-nous quelque indice, en tout cas, notre devoir est de chercher.

Or, si Juve avait la grimace `a l’id'ee de trotter encore, Bouzille ne se d'eclarait pas plus satisfait.

— Eh bien, c’est gai ! faisait-il. Surtout que si vous voulez entrer `a l’enfer, m’sieur Juve, on a toutes les chances du monde de se faire proprement d'emolir !

Or, en entendant Bouzille, Juve brusquement sursautait :

— Si nous entrons en enfer, demandait-il, qu’est-ce que c’est que ca que l’enfer ?

Bouzille se troublait, se grattait la t^ete, paraissait tr`es embarrass'e.

— L’enfer ?… eh bien, c’est… c’est… c’est rien, m’sieur Juve !

Mais le regard du policier contraignait Bouzille `a ne pas mentir davantage. Le chemineau soupira am`erement :

— Eh bien, voil`a, dit-il enfin, l’enfer, c’est une t^ole. Seulement, quand on entre dans cette t^ole, y a des chances qu’on n’en ressorte pas si l’on n’est pas du

« num'ero »…

C’'etait peu clair. Juve, pourtant, dut comprendre. Brusquement, un 'eclair s’allumait dans ses yeux, l’instinct du chasseur s’'eveillait en lui, Juve r'epliqua :

— Bon… bon… nous verrons ca, Bouzille. Parbleu ! pour un garnement comme toi, l’enfer, ce doit ^etre un lieu choisi…

Juve, peut-^etre, allait commettre une imprudence ?…

Chapitre XV

Sur les dalles de la morgue

Juve faisait la grimace, toutefois, et pouvait la faire `a bon droit. Il n’'eprouvait, en effet, aucun plaisir `a la pens'ee d’accompagner Bouzille en un lieu qu’il ne soupconnait pas et de tenter, sous la conduite du chemineau, une enqu^ete probablement difficile, relativement `a des faits dont il ne tenait pas l’exactitude comme rigoureusement d'emontr'ee.

— On a rep^ech'e un cadavre dans la Seine, se disait Juve, tout en descendant la rue de Steinkerque, en compagnie de Bouzille. La belle affaire, en v'erit'e !… Cela se produit tous les jours, parbleu… et rien ne prouve, rien ne tend `a prouver que cela d^ut avoir la moindre importance…

Mais si Juve raisonnait ainsi, si d’avance il protestait sur les renseignements que Bouzille venait de lui apporter, le policier, au fond de son ^ame, se sentait d'ej`a fort piqu'e par une r'eelle curiosit'e.

Bouzille, somme toute, 'etait un 'etrange individu qui ne parlait pas toujours au hasard, et qui, tout au contraire, le plus souvent, sous son apparence de na"ivet'e, cachait un fond ind'eniable de roublardise.

Bouzille parlait souvent pour ne rien dire, et plus souvent encore n’expliquait pas tout ce qu’il e^ut pu expliquer.

— Il est tr`es possible, songeait Juve, que Bouzille, venu sp'ecialement me chercher, soit au courant de quelque chose qu’il ne tienne pas `a m’expliquer en d'etail. Il me met sur une piste, suivons-l`a…

Traversant les boulevards ext'erieurs, Juve, qui souffrirait toujours, car il 'etait r'eellement fatigu'e et avait grande envie d’aller se coucher, h'elait un taxi-auto, y faisait monter Bouzille.

— Quelle adresse faut-il donner, interrogea-t-il.

Bouzille n’h'esita pas :

— Faite-nous conduire `a la morgue, m’sieur Juve, conseillait-il. Apr`es tout, il faudra s’occuper d’un cadavre. C’est assez indiqu'e de commencer par l’h^otel meubl'e o`u d’ordinaire ils logent tous…

Juve donna l’adresse, monta `a son tour dans la voiture, 'ecouta le bavardage de Bouzille avec l’arri`ere-pens'ee que dans le flot ininterrompu de paroles, il pouvait fort bien avoir la surprise de d'ecouvrir un renseignement utile.

Bouzille, par le fait, se montrait loquace.

Il se gardait bien, `a la v'erit'e, de rapporter `a Juve qu’il venait de quitter Fandor et qu’il avait eu en Belgique de surprenantes aventures !

Bouzille estimait que ces choses-l`a n’'etaient pas bonnes `a confier `a tout le monde.

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