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ЖАНРЫ

Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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La jeune femme ne lui r'epondit pas.

La porte du cabinet s’ouvrit brusquement, cependant que d’un geste instinctif, Fant^omas faisait glisser le portefeuille dans un tiroir ouvert qu’il referma aussit^ot : le procureur g'en'eral avait p'en'etr'e dans la pi`ece.

C’est `a peine s’il s’apercut de la pr'esence de la marquise !

— Pradier, s’'ecria-t-il d’une voix vibrante d’'emotion.

— Quoi ? fit Fant^omas, interdit, troubl'e par l’irruption du minist`ere public.

Le procureur g'en'eral s’'etait rapproch'e du faux juge d’instruction et lui ayant mis les mains sur les 'epaules, le poussa dans un angle de la pi`ece.

— Pradier, poursuivit-il, encore du nouveau, un crime vient d’^etre d'ecouvert, un crime abominable, extraordinaire aussi, on a trouv'e un squelette humain dans le r'eservoir d’eau des locomotives `a la gare de Bess'e-sur-Braye.

`A ces mots, Fant^omas crut qu’il allait d'efaillir. Une sueur froide inonda soudain son front, perla `a ses tempes, ruisselant sur ses joues. Ses jambes vacillaient car le monstre en effet comprenait `a merveille les explications que lui donnait le magistrat.

Ah, certes, il se doutait de l’identit'e de ce squelette.

D’une voix blanche, Fant^omas interrogea :

— Mais qui donc, monsieur le procureur, qui donc a d'ecouvert les vestiges de ce squelette ?

— Qui ? murmura le procureur, ah Pradier, ah mon ami, c’est extraordinaire, c’est inimaginable, c’est fou.

— Qui ?

— Qui ? Fant^omas.

— Fant^omas ? que me dites-vous l`a ?

— Je r'ep`ete : Fant^omas. Fant^omas, c’est-`a-dire l’extrad'e, l’homme que la police am`ene de Louvain, l’homme que les gendarmes n’ont pas laiss'e 'evader, bien que…

Le procureur s’arr^eta. D’une voix presque imperceptible, le faux Pradier articula :

— Y comprenez-vous quelque chose ?

— Je n’y comprends rien avoua le procureur. Mais d’ici quelques instants, nous saurons tout. J’ai donn'e l’ordre qu’on am`ene d’urgence Fant^omas sous bonne garde au Palais de Justice. `A tout `a l’heure, Pradier, `a tout `a l’heure.

Fant^omas n’avait pas esquiss'e un geste, il n’avait pas prononc'e une parole que d'ej`a la porte de son cabinet se refermait sur le procureur g'en'eral qui repartait dans les couloirs du Palais. Et Fant^omas, abasourdi, cherchait en vain `a coordonner ses pens'ees, `a fixer sa ligne de conduite.

Que devait-il faire ? Ce n’'etait 'evidemment plus pour lui qu’une question d’heures, et m^eme une question de minutes. Il se comprima la t^ete entre les mains. Quel pouvait ^etre cet extrad'e ? Que dissimulait encore ce confondant myst`ere ? Il 'etait bien pr`es de comprendre, de deviner. Mais il ne voulait pas voir clair. Il pr'etendait nier l’'evidence. Et si grande 'etait l’indomptable 'energie du sinistre bandit qu’il reprenait son calme par un effort supr^eme de volont'e.

— L’extrad'e, pensa-t-il, le myst'erieux inconnu qui passe pour ^etre Fant^omas et qui jusqu’`a pr'esent n’a d'etromp'e personne, est amen'e, m’a dit le procureur, ici m^eme. Donc, dans quelques instants, on l’introduira dans mon cabinet, c’est `a ce moment que j’agirai. `A moins que, d’ici l`a, je n’aie disparu.

Et Fant^omas jetait un regard de triomphe sur la marquise de Tergall qui, en proie `a de douloureuses r'eflexions, demeurait effondr'ee dans un fauteuil, se rendant `a peine compte de ce qui se passait autour d’elle.

Fant^omas se rapprocha d’elle lentement.

— Il faut, pensait-il, que je m’en d'ebarrasse.

Et d`es lors le visage du bandit avait repris tout son calme, son admirable impassibilit'e.

Si Fant^omas avait pu voir la sc`ene qui se passait de l’autre c^ot'e du mur de son cabinet, il aurait 'et'e bien plus inquiet encore.

Dans le couloir, en effet, que traversait rapidement le procureur g'en'eral pour retourner au Parquet, J'er^ome Fandor attendait.

Le journaliste arr^eta le haut magistrat, et lui prenant le bras, l’interpella :

— Monsieur le procureur, des drames 'epouvantables se passent ici, qui vont avoir tout `a l’heure, si vous m’en croyez, leur d'enouement. Un grand coupable est sur le point d’^etre pris, il ne tient d'esormais qu’`a vous de proc'eder `a son arrestation et de d'ebarrasser le monde de cet ^etre effroyable.

— Que voulez-vous dire ? interrogea, stup'efait, le procureur, qui lisait dans les yeux de Fandor que le jeune homme ne plaisantait pas.

— Je veux dire, poursuivit le journaliste, que Fant^omas est `a votre merci, `a une condition, `a une seule.

— Mais, monsieur, fit le procureur, je le sais aussi bien que vous, Fant^omas, amen'e sous bonne garde va ^etre ici d’un instant `a l’autre.

Fandor hocha la t^ete, grommela des paroles inintelligibles, avant de reprendre :

— Fant^omas, oui, sans doute, mais cependant 'ecoutez, monsieur le procureur g'en'eral. Je vous en supplie, croyez-moi. Je ne peux pas tout vous expliquer, et puis vous seriez tellement stup'efait, d’abord ce serait trop long. Mais jurez-moi une chose. Jurez-moi que d`es que l’extrad'e sera au Palais de Justice, c’est vous qui le recevrez le premier, avant toute autre personne, avant le juge d’instruction surtout.

— Mais, monsieur.

— Jurez, monsieur le procureur g'en'eral. Je vous en supplie `a genoux, il y va peut-^etre de votre vie.

Interdit, le magistrat consid'erait Fandor les yeux hagards.

D'ecid'ement, dans la paisible localit'e de Saint-Calais il ne se passait plus que des choses 'etranges.

Le procureur g'en'eral, toutefois, n’h'esita pas `a r'epondre `a Fandor dans le sens que les journaliste d'esirait. Au surplus, il 'etait tellement intrigu'e que l’id'ee d’interroger le premier l’extrad'e, ne lui d'eplaisait pas autrement.

— Monsieur Fandor, fit-il, c’est entendu, je serai le premier `a le voir.

***

Cependant, la marquise, `a laquelle Fant^omas avait tendu une main hypocritement cordiale, s’'etait lentement relev'ee.

— Adieu, Charles, murmura-t-elle. Jusqu’`a la cl^oture de l’instruction que votre remplacant ne manquera pas d’ouvrir, je ne veux point vous voir, je me refuse `a vous rencontrer. H'elas, en me soupconnant, vous m’avez fait au coeur une plaie qui saignera longtemps. Mais je vous aime, car vous ^etes mon fr`ere, et je sais aussi toute l’affection que vous 'eprouvez pour moi. Je souhaite que Dieu vous 'epargne des 'epreuves nouvelles et qu’il nous permette dans un prochain avenir de nous retrouver ensemble l’un en face de l’autre, amis sans arri`ere-pens'ee, et tous les deux lav'es de tout soupcon.

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