Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— Mais, nom d’un chien, cria-t-il `a son tour, sortant brusquement de son mutisme, je n’ai pas d’oreilles parce que ca me pla^it, et ca ne regarde personne. D’abord je ne suis pas un fant^ome. Je suis un innocent. Je n’ai rien fait. Et quand vous m’avez arr^et'e, je me rendais `a la Pr'efecture de Police pour donner des renseignements. Pour sauver l’inspecteur Juve, qui se trouve en grand danger.
— Alors, pourquoi vous ^etes-vous sauv'e ?
— Parce que j’ai eu peur, comme les autres, du fant^ome du pont Caulaincourt.
Une explication confuse d’abord, plus pr'ecise ensuite, compl'eta la d'efense de Backefelder. Le malheureux milliardaire expliquait en d'etail comment il s’'etait 'evad'e du Ch^ateau Noir, gr^ace `a l’aide de Juve, comment il 'etait rentr'e `a Paris, comment encore il avait cherch'e Fant^omas qu’il croyait `a Paris, d’apr`es les indications de la Recuerda, comment, ne l’ayant pas trouv'e, au moment m^eme o`u on l’arr^etait, lui, Backefelder, sur le pont Caulaincourt, il d'ecidait pour en finir, de se rendre `a la Pr'efecture.
Backefelder, pour mieux convaincre les agents, tira de sa poche toute une s'erie de documents, de pi`eces d’identit'e, se d'emena si bien qu’en fin de compte, perplexe, le brigadier du poste de police, `a demi convaincu par ses dires, s’offrit `a l’accompagner `a la Pr'efecture de Police.
— Si Juve est en danger, d'eclara gravement le brigadier, il faut aller tout de suite `a son secours.
***
Deux heures plus tard, en effet, Backefelder, apr`es avoir longuement entretenu M. Havard, montait dans une superbe automobile en compagnie de L'eon et de Michel, `a destination de Chevreuse.
— Sauvez Juve, avait dit M. Havard.
— Soyez tranquille, chef, on le sauvera.
La petite exp'edition de secours, confi'ee par M. Havard `a Backefelder, qui devait servir de guide, et `a Michel, qui devait prendre l’initiative des op'erations, comportait encore six agents. On allait en force au Ch^ateau Noir et certes, il semblait bien, d`es lors, que Juve allait ^etre sauv'e.
Or, comme au petit matin l’automobile stoppait devant la myst'erieuse propri'et'e, Backefelder multipliait les pr'ecautions. Il exigeait imp'erieusement, instruit de la n'ecessit'e des choses par l’aventure de Juve, que lui-m^eme et les six agents s’attachassent entre eux, au moyen d’une longue corde, `a l’exemple des alpinistes.
— Il y a des pi`eges partout, criait-il, il ne faut pas que l’un de nous tombe. Il faut que nous puissions passer et passer vite. Je crois qu’une fois `a l’int'erieur du ch^ateau, nous ne courrons pas grand risque, tandis que tant que nous serons dans le parc, nous risquons de tomber dans un pr'ecipice.
On avanca en silence. Avec pr'ecaution. Mais le plus rapidement possible. Il y eut des chutes nombreuses dans les trappes multipli'ees tout autour du Ch^ateau Noir pour en d'efendre l’approche, mais gr^ace `a la corde de Backefelder, sans cons'equence.
— Attention, dit Michel, alors que tous arrivaient sur le perron du Ch^ateau Noir. Maintenant, il convient de nous d'etacher et de monter le plus vite possible jusqu’`a la chambre qui a servi de prison `a Juve. De l`a, nous pourrons le sortir de la cage de l’ascenseur et alors, alors seulement, nous nous occuperons de Fant^omas.
Ce n’'etait pas mal raisonn'e, et cependant la manoeuvre ne devait donner aucun r'esultat. `A peine les policiers avaient-ils, en effet, escalad'e l’escalier de marbre qui conduisait en haut de la tour, sous la conduite de Backefelder, `a peine 'etaient-ils entr'es dans la chambrette o`u Juve avait pens'e mourir, que Backefelder, comme un furieux, sautait `a l’ouverture creus'ee par Juve, s’y penchait, criant de toute son ^ame :
— Voil`a du secours. On arrive !
Mais, en m^eme temps, Backefelder se rejetait en arri`ere, terrifi'e, en balbutiant :
— Juve n’est plus l`a.
Et c’'etait, h'elas, la sinistre v'erit'e. Sur le plateau de l’ascenseur, il n’y avait plus personne, Juve ne se trouvait plus dans la prison o`u Backefelder l’avait laiss'e.
— Fouillons le ch^ateau ! hurla Michel, si Juve n’est plus l`a, c’est qu’on l’a emport'e ailleurs ! Que diable, il faudra bien que nous le d'ecouvrions, l`a o`u il est.
***
Deux jours auparavant, Backefelder s’'etait `a peine enfui du Ch^ateau Noir, gr^ace au d'evouement de Juve, que celui-ci, demeur'e sur le plateau de l’ascenseur, avait comme `a son ordinaire r'efl'echi le plus sereinement du monde.
— Voyons, s’'etait dit le policier, quelques instants apr`es ^etre descendu le long du c^able de l’ascenseur au moyen d’une p'erilleuse glissade, voyons, ai-je am'elior'e ma situation, ou l’ai-je empir'ee ? Vais-je mourir un peu plus vite, ou un peu plus lentement ?
Juve, `a cet instant, pensait bien que Backefelder s’occuperait de rassembler des secours et de venir le tirer de sa f^acheuse situation. Mais Juve, en m^eme temps, songeait que Backefelder, n’'etait peut-^etre pas tr`es habile, qu’il pouvait fort bien retomber sous la main de Fant^omas, qu’en tout cas, l’arriv'ee des secours demanderait un certain temps et que le mieux 'etait encore pour lui de t^acher de se tirer d’affaire tout seul.
Juve examina la nouvelle prison dans laquelle il venait de descendre :
— F^acheux local.
Au-dessus de lui, la cage de l’ascenseur se dressait, haute, 'etroite, sans fen^etre, sans jour d’aucune sorte. Juve n’y voyait qu’une ouverture, celle qu’il avait creus'ee dans le mur et qui communiquait avec la chambre o`u, le matin encore, il 'etait prisonnier.
— S’en aller par en haut, songeait Juve, c’est rigoureusement impossible. Rien `a tenter de ce c^ot'e-l`a.
Il n’apparaissait pas qu’il p^ut ^etre beaucoup plus ais'e de s’en aller par en bas.
— Maudit ascenseur, gronda Juve, si seulement je pouvais le faire baisser de deux ou trois m`etres, j’arriverais au niveau de la fen^etre et je ficherais le camp, tout comme Backefelder.
Mais, pr'ecis'ement, c’'etait l`a chose impossible. En s’accrochant aux c^ables, alors que Backefelder 'etait sur la plate-forme, Juve avait obtenu que l’ascenseur descend^it. Maintenant que Backefelder 'etait parti, automatiquement l’appareil avait remont'e. Rien ne pouvait plus le faire descendre.