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ЖАНРЫ

Том 10. Былое и думы. Часть 5
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II

R'eduire le rapport de l'homme et de la femme `a une rencontre fugitive, momentan'ee, sans trace – est, il nous semble, au m^eme degr'e impossible que de river un homme et une femme jusqu'`a la tombe – dans un mariage indissoluble. Les deux cas peuvent se rencontrer dans les extr'emit'es des relations sexuelles et matrimoniales – comme des cas particuliers, comme des exceptions – mais non comme norme. Le rapport de hasard cessera ou tendra `a une liaison plus durable, le mariage indissoluble – `a l''emancipation d'un devoir sans fin, `a l'affranchissement d'une cha^ine, peut-^etre volontairement accept'ee – mais toujours une cha^ine.

La vie protestait constamment contre ces deux extr^emes. L'indissolubilit'e dumariagea ete acceptee hypocritement ou sans s'en rendre compte. Une rencontre de hasard n'avait jamais d'investiture – on la cachait – comme on se vantait du mariage. Tous les efforts pour r'eglementer officiellement les maisons publiques – scandalis`erent l'opinion publique, le sens moral – nonobstant leur caract`ere de restriction. On voit dans la r'eglementation m^eme une reconnaissance.

L'homme sain fuit 'egalement le clo^itre et le haras, la st'erile abstinence du moine et l'amour st'erile des courtisanes.

Pour le christianisme plein de contradictions entre le dogme et la pratique – le mariage est une concession, une faiblesse. Le christianisme tol`ere le mariage comme la soci'et'e tol`ere le con cub in at. Le pr^etre est 'elev'e au c'elibat `a perp'etuit'e, – en r'ecompense de sa victoire sur la nature humaine.

Rien d''etonnant que le mariage chr'etien est sombre et triste, injuste et accablant – il restaure l'in'egalit'e contre laquelle pr^eche l''evangile et rend la femme esclave de son mari. La femme est sacrifi'ee par rancune, l'amour (d'etest'e par l''eglise) puni en elle, elle est sacrifi'ee par principe. – Sortant de l''eglise l’amour devient de trop, il c`ede la place au devoir. Du sentiment le plus lumineux, le plus plein de bien-^etre – le christianisme fait une souffrance, une douleur, un p'ech'e, une maladie. Le genre humain devait p'erir – ou ^etre incons'equent. La vie ne cessait de protester.

Elle protestait non seulement par des faits – reni'es par le faits – reni'es par le repentir et les remords – mais par la sympathie et la r'ehabilition. Cette protestation commenca au plus fort du catholicisme et de la f'eodalit'e.

Rappelez-vous l'existence sombre de ces temps po'etis'es de la chevalerie? – Un mari terrible, Raoul Barbe Bleu, arm'e jusqu'aux dents, jaloux, sans piti'e, `a c^ot'e un moine, aux pieds nus, fou par fanatisme, pr^et `a venger sur les autres ses privations, sa lutte mutile, – des 'ecuyers, des ge^oliers, des bourreaux… – et quelque part dans un donjon ou une tourelle, dans une cave ou une oubliette – une jeune femme en larmes, le d'esespoir dans le coeur, un page encha^in'e… et pas une ^ame qui s'en inqui`ete. Tout est inexorable dans ce monde, partout la force, l'arbitraire, le sang, l'esprit born'e… et les sons nasillards d'une pri`ere latine.

Mais derri`ere le dos du moine, du confesseur, du ge^olier – complices du mari – sentinelles f'eroces de l'honneur du mariage, en compagnie avec les fr`eres et les oncles de l’'epoux et de l’'epouse… se forme la legende populaire, retentit la complainte – et s'en va d'un village `a l'autre, d'un ch^ateau `a l'autre… avec le troubadour ou le minnesinger chantant les malheurs de la femme… la complainte est toujours pour elle. Le tribunal s'evit – la chanson absout. L''eglise maudit l'amour hors du mariage, la chanson maudit le mariage sans amour. Elle prend cause et fait pour le page amoureux, pour la femme aimante, pour la fille opprim'ee – non par des raisonnements, mais par les larmes, par la compassion. La chanson populaire – c'est la pri`ere la"ique du peuple, l'autre issue dans sa vie de mis`ere, de travail, de faim, d'angoisse. Les jours de f^ete apr`es les lithanies `a la Vierge – on pleurait les complaintes pour la malheureuse femme, que l'on n'attachait pas au pilori – mais pour laquelle on priait – et que l'on recommandait `a protection et aide – de la Mater dolorosa.

Des chansons et complaintes – la protestation s'accrut peu a peu – en roman et drame. Dans le drame elle devient force. L’amour offens'e, refoul'e, les noires myst`eres de la vie de famille – ont acquis leur tribune, leur tribunal, leurs jur'es. Les jur'es du parterre et des loges – acquittaient toujours les personnes et accusaient les institutions…

Bient^ot le monde commencant `a se s'eculariser, soutenant le ariage – c`ede. Le mariage perd en partie son caract`ere relieux et acquiert une nouvelle force polici`ere et administrative. Le mariage chr'etien ne pouvait se justifier que par l'intervention d'une force divine – il y avait une logique en cela, login folle… mais cons'equente. Le fonctionnaire de l'Etat qui met son 'echarpe tricolore et vous marie le code en main – est plus absurde que ne l'est le pr^etre – officiant dans son costume sacerdotal, entour'e de bougies, d'encens, de musique. La prenier consul Bonaparte lui-m^eme – l'homme le plus prosa"iquement bourgeois par rapport `a l'amour, `a la famille – s''etait apercu que le mariage dans une maison de police 'etait par trop pi`etre – et demandait `a Cambac'er`es – d'ajouter quelques phrases obligatoires aux paroles du maire, quelque chose de relatif

«au devoir de la femme de rester fid`ele `a son mari» (du mari pas un mot) – de lui ob'eir, etc.

D`es que le mariage sort des domaines de l''eglise, il devient un exp'edient, une simple mesure d'ordre publique. C'est aussi de ce point de vue que l'on envisage les nouveaux Barbe Bleu – l'egislateurs et notaires – ras'es et poudr'es, en perruques d'avocats en soutane de juge – pr^etres du Code Civil et ap^otres de la Chambre des D'eput'es.

Le mariage civil n'est au fond qu'une mesure 'economique, l''emancipation de l'Etat de la lourde charge d''education – et l'asservissement renforc'e de l'homme `a la propri'et'e. Le mariage sans l'intervention de l''eglise devient un engagement pur et simple, engagement `a vie de deux individus qui se livrent mutuellement. Le l'egislateur ne s'inqu`ete pas de leurs croyances, de leur foi, – il n'exige que la fid'elit'e au contrat et s'il est rompu – il trouvera des moyens pour le punir. Et pourquoi pas? En Angleterre, dans ce pays classique du droit individuel – on emploie des punitions inhumaines contre de pauvres enfants de seize ans – enr^ol'es entre deux verres de gin par un vieux d'ebauch'e de soldat – un mucker de caserne – au profit d'un r'egiment de Sa Majest'e. – Pourquoi donc ne pas punir par l'opprobre, la honte, la ruine, la petite fille qui d'eserte – apr`es s'^etre engag'ee, sans bien savoir ce qu'elle fait, `a aimer `a perp'etuit'e un homme qu'elle a `a peine connu – plus encore, on la livre `a son ennemi, `a son propri'etaire, comme le d'eserteur `a son lupanar de sang – le r'egiment, lui, il saura de son c^ot'e la punir pour avoir oubli'e que le mariage comme les season-tickets ne sont pas transf'erables.

Les

«Barbe Bleu» ras'es trouv`erent aussi leur troubadours et romanistes. Contre le mariage – contrat indissoluble – s''el`eve bient^ot le dogme psychiatrique, physiologique, – le dogme de la puissance absolue de la passion et de l'incomp'etence de l'homme `a lutter contre elle.

Les esclaves `a peine 'emancip'es du mariage se font serfs volontaires de l'amour libre… de cette puissance sans contr^ole – et contre laquelle toutes les armes sont faibles.

Tout contr^ole de l'intelligence est 'elud'e – elle n'a rien a y voir toute domination de soi-m^eme – d'eclar'ee nulle ou impossible. L'asservissement de l'homme `a des puissances fatales, insoumises `a lui – est l'oeuvre toute contraire de l''emancipation de l'homme dans la raison, de l''education de l'homme et de son caract`ere – but vers lequel doit tendre toute doctrine sociale.

Les puissances fictives – si les hommes les acceptent pour des r'eelles – en ont toute l'intensit'e et toute la force – et cela parce que le fond, le substratum que l'homme donne ou apporte est le m^eme. Un homme qui craint les revenants et celui qui craint

in chien enrag'e–ont la m^eme crainte etles deux peuvent mourir par la frayeur. La diff'erence consiste en cela que dans un de ces cas il y a une possibilit'e de prouver que le danger est fictif – tandis que c'est impossible dans l'autre.

Moi je nie compl`etement la place royale que l'on donne `a l'amour. Je nie sa puissance souveraine et illimit'ee, je proteste de toutes mes forces contre l'infaillibilit'e des passions, contre l''eternel acquittement de tous les faits – par des entra^inements au-dessus des forces de l'homme.

Nous nous sommes 'emancip'es de tous les jougs: de Dieu et du diable, du droit romain et du droit criminel, nous avons proclam'e la raison – comme seul guide et r'egulateur de notre conduite – et tout cela pour nous prosterner aux pieds d'Omphale comme Hercule et nous endormir sur les genoux de Dalila en perdant toute l`a force acquise…

Et la femme… est-ce que vraiment elle a passionn'ement cherch'e son affranchissement de l'autorit'e de la famille, de la tutelle 'eternelle, de la tyrannie du p`ere, du mari, du fr`ere… cherch'e ses droits au travail, `a la science, `a une position sociale – pour recommencer une existence de roucoulement d'une colombe et de d'ependre d'une dizaine de L'eons L'eon – au lieu d'un seul?..

Oui, c'est la femme que je plains le plus, le Moloch de l'amour la perd plus irr'evocablement. Elle croit en lui beaucoup plus et elle souffre plus. Elle est plus concentr'ee sur son rapport sexuel que l'homme, elle est plus r'eduite `a l'amour. On lui tou<rne> [425] plus l'esprit qu'`a nous-et on lui diver<tit> [426] moins la raison.

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Рукопись повреждена. – Ред.

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