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Африка. История и историки
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Florence Bernault et Nicolas Bancel s’attachent `a d'emonter les p'erip'eties qui ont jalonn'e les ann'ees de crise postcoloniale d'eclench'ees entre autres par la loi Taubira (2001) et par le fameux «article 4» de la loi de f'evrier 2005 intimant aux enseignants d’enseigner les «aspects positifs» de la colonisation, en particulier en Afrique du Nord. Florence Bernault analyse l’ambigu"it'e de la r'eaction diversif'ee mais globalement conservatrice des intellectuels francais `a la crise postcoloniale actuelle, `a travers les malentendus et les oppositions qui se sont manifest'es. Elle interroge l’incapacit'e du discours h'eg'emonique r'epublicain `a saisir le sens et l’int'er^et de la mont'ee d’expressions et de revendications nouvel-

les, telles que celles du CRAN ( Conseil repr'esentatif des Associations noires) ou des Indig`enes de la R'epublique, qui sont souvent rejet'ees de facon univoque. Nicolas Bancel explicite `a son tour les p'erip'eties qui ont abouti `a cette crise. La loi du 23 f'evrier 2005 fut en fait l’aboutissement de dix ann'ees d’un combat politique obstin'e, de la part des secteurs les plus conservateurs du pays, pour fabriquer une imagerie coloniale propre `a satisfaire les revendications nationales identitaires qui s’afrment aujourd’hui [842] .

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Ces deux papiers compl`etent heureusement l’analyse de ces questions que j’ai entreprise in Enjeux politiques de l’histoire coloniale,Marseille, Agone, 2009, 190 p.

Didier Gondola se place du c^ot'e des minorit'es discrimin'ees pour 'evoquer la persistance de relations de type colonial entre la France et ses populations, citoyens ou r'esidents, d’ascendance africaine. Il analyse le lien entre la marginalisation des travailleurs d’origine immigr'ee et le poids des int'er^ets 'economiques francais, notamment p'etroliers, sur l’exemple du scandale Elf au Congo. En comparant la situation des diasporas noires en Grande-Bretagne, aux 'Etats-Unis et en France, il met l’accent, pour cette derni`ere, sur le poids du mythe colonial qui tend `a

«essentialiser» la question noire, aussi bien dans les milieux politiques conservateurs qu’au sein de la gauche souverainiste.

Enfn la derni`ere partie rend compte de signes et de tensions de type nouveau qui pourraient ofrir des indices d’'evolution, notamment dans le domaine de la culture populaire. On peut n’^etre pas d’accord avec la th`ese de Pierre T'evanian, qui prend 'energiquement parti contre la loi de 2004 interdisant le port de symboles religieux trop visibles `a l’'ecole. Il n’en d'eveloppe pas moins avec fnesse les tenants et aboutissants de cette loi, dont il fait «en d'epit des anti-racistes et des militants qui ont d'efendu la loi au nom du f'eminisme ou du s'ecularisme», un exemple manifeste d’«exclusionnisme raciste». Faisant partie des premiers, je reste n'eanmoins sceptique sur sa d'emonstration, dans la mesure o`u elle glisse sur tout ce qui ne concerne pas le tchador: soulignant non sans raison l’«hyst'erie anti-foulard» r'ev'el'ee par la mesure, nulle part il ne mentionne n'eanmoins que tout signe religieux est interdit `a l’'ecole (et pas seulement musulman): aucune mention des quatre malheureux jeunes sikhs qui en furent exclus, ni de l’interdiction de croix agressives; il parle des «femmes» ( women) `a qui l’on interdit ce port alors qu’il s’agit en tr`es grande majorit'e de jeunes flles mineures (il faudrait 'ecrire girls), et il confond, plus grave, «'ecole» et «espace public» (cf. p. 193) – alors que cette distinction devient essentielle d`es lors que c’est dans l’espace public que des extr'emistes politiques parlent d’interdire le port de la burka

Bref son raisonnement n’est pas de parfaite bonne fois, en particulier dans sa conclusion qui, en soulignant l’«humiliation collective» des seuls musulmans, fait bon march'e des r'eticences sur le voile `a l’'ecole assez largement exprim'ees par des femmes musulmanes elles-m^emes. Bref, `a l’image des anglophones dont il n’est pourtant pas, il est insensible `a ce qui reste une anomalie politique dans le monde entier: seuls le Mexique et la France ont inscrit dans la loi la s'eparation entre l’'Eglise et l’'Etat; lorsque le pr'esident du Mexique, ce pays pourtant si catholique, a bais'e l’anneau papal lors de la visite de Jean-Paul II, la premi`ere d’un pape dans cet 'Etat, ce fut un v'eritable scandale national (1979). On a oubli'e qu’en France, c’est le r'egime de Vichy qui avait r'eintroduit les pr^etres `a l’'ecole pour enseigner le cat'echisme (hors les heures de classe), privil`ege qui leur fut retir'e `a la Lib'eration. Je r'ecuse, 'evidemment, le recours actuel exclusif aux «racines chr'etiennes» suppos'ees de la France. C’est que je fais partie, je le reconnais volontiers, des intransigeants de la la"icit'e de l’'ecole publique, et ce sans concession `a quelque religion que ce soit: qu’il y ait au moins un lieu o`u, prot'eg'ees par l’'Etat qui a la responsabilit'e d’une 'education 'egalitaire, les fllettes apprennent qu’elles ont le droit de se servir de leur corps comme les garcons, elles sont libres de faire ce qu’elles veulent une fois qu’elles en ont franchi le seuil!

Sur l’exemple de Zineddine Zidane, Nacira Gu'enif-Souilamas analyse le cas d’un citoyen postcolonial, certes hors du commun, mais qui demeure apparemment insensible `a sa condition consid'er'ee par les autres particuli`ere, quels que soient les r'eactions et les commentaires du public. Celui-ci, selon les cas, va le porter au pinacle des h'eros nationaux lorsqu’il fait triompher «les Bleux», ou bien le renvoyer `a son origine kabyle lorsqu’il se laisse aller `a son fameux «coup de boule». Le tout est de comprendre le silence de Zidane: «Can the subaltern speak», comme l’a demand'e Spivak en 1988?

Peter Bloom analyse les origines et la signifcation d’une technique gymnastique tr`es particuli`ere, celle du parkour, connue dans les banlieues francaises sous le nom de Yamakasi, mot d’origine lingala signifant

«un homme fort», qui incarne un condens'e d’arts martiaux asiatiques m^el'e `a des techniques de danse congolaise. Il part de facon int'eressante de l’infuence du cin'ema sur une invention culturelle de reconnaissance interne, puisque l’origine du parkourremonte au flm «Banlieue 13» (2004) qui pr^one une esth'etique african americande gansgta-rap. Il poursuit `a travers le cin'ema beur naissant l’'evocation de l’univers clos de la vie en grand ensemble. Mais j’avoue que m’interpelle quelque peu sa comparaison fl'ee du passage du camp de transit `a la conception du grand ensemble, `a partir du HLM de La Muette `a Drancy qui fut d'evolu au sinistre usage que l’on sait sous Vichy: y eut-il, `a partir du m^eme type de b^ati, m'etaphore apr`es-guerre de l’enfermement des Juifs destin'es `a ^etre d'eport'es, `a celui des pauvres transf'er'es des bidonvilles aux grands ensembles o`u ils se trouveraient aujourd’hui dans une situation quasi comparable? Il me semble que le cin'ema l’entra^ine un peu loin…

Enfn, Charles Tshimanga a raison d’insister sur les sp'ecifcit'es et les r'ev'elations du discours du rapfrancais: les paroles n’expriment pas seulement la contestation subversive trop rapidement qualif'ee de racisme anti-blanc. Elles permettent `a une cat'egorie sociale bien d'elimit'ee et discrimin'ee, celle des jeunes de banlieue, de transcender par la d'erision leurs dif'erences de race, d’ethnie, de religion, voire m^eme de classe pour exprimer leur engagement dans le d'ebat politique francais.

Accompagn'e de r'ef'erences pr'ecises en fn de chaque article et d’une solide bibliographie g'en'erale, d’un glossaire tr`es utile des termes dits «de banlieue» et d’un index fourni, ce livre, dont le ton est mesur'e m^eme si les analyses ne manquent pas d’audace, constitue un bilan s'erieusement document'e de nos derni`eres ann'ees postcoloniales, dont on ne peut que souhaiter qu’une version francaise soit bient^ot publi'ee. En attendant, ce livre constitue un outil de travail redoutable pour tous nos coll`egues anglophones int'eress'es `a l’histoire de France, aussi bien nationale que coloniale.

Приложение

Ведущие периодические издания, посвященные африканской истории

(составитель Л. В. Иванова)

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