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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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— Fandor ne vient pas, songeait H'el`ene tandis que les gendarmes l’emmenait brutalement, c’est assur'ement qu’il ne veut pas venir, c’est qu’il ne doit pas venir, c’est qu’il se venge de mon p`ere et de moi en favorisant mon arrestation.

H'el`ene, `a vrai dire, se trompait du tout au tout.

`A peine Fandor avait-il rappel'e `a lui ses esprits dans la pharmacie o`u il venait de panser ses blessures – une 'ecorchure `a l’'epaule – qu’il songeait au sort de la malheureuse enfant.

— Mis'ericorde, pensait le journaliste, se rappelant brusquement le brouhaha, la col`ere de la foule au moment de l’accident, mis'ericorde, ils vont l’'echarper.

Qu’allait dire, d’ailleurs, la fille de Fant^omas si on l’arr^etait ?

Allait-elle livrer son identit'e ? refuserait-elle de r'epondre ?

Mais, dans ce cas, que d'eciderait le magistrat ? Ne trouverait-il pas dans ce mutisme une raison suffisante pour maintenir la jeune fille sous les verrous ?

Quittant la pharmacie o`u l’on venait de le soigner, Fandor se pr'ecipita au Palais de Justice de Morlaix, demanda le Procureur, d'ecid'e `a obtenir la mise en libert'e de l’innocente H'el`ene.

Mais au Palais de Justice, Fandor ne trouva qu’un greffier imb'ecile, un certain M. Lerouge, qui refusa d’abord de le recevoir `a cette heure avanc'ee de la nuit, puis enfin, consentit `a s’entretenir quelques minutes avec lui, mais avec un m'econtentement visible, car il 'etait fort occup'e `a consulter l’indicateur des chemins de fer pour trouver un train qui le men^at rapidement le lendemain `a Paris, o`u il comptait aller faire un peu la f^ete.

Fandor finit par 'eclater lorsque le greffier lui communiqua que le procureur 'etait `a Brest, occup'e non des devoirs de sa charge, mais d’une charmante petite amie qu’il avait l`a.

Quand il arriva enfin au commissariat, Fandor y trouva, non plus le commissaire, qui venait de partir se coucher, mais bien un simple brigadier de gendarmerie, fort aimable, celui-l`a, mais terriblement d'esireux de ne rien faire de nature `a le compromettre.

Fandor dut parlementer pendant plus de vingt minutes pour obtenir que le brigadier consent^it `a enregistrer une d'eclaration formelle dans laquelle le journaliste affirmait qu’il y avait eu

« accident », non pas « crime », et qu’il se refusait `a porter plainte.

`A quoi bon d’ailleurs, 'etant donn'e que la jeune fille resterait, dans tous les cas, enferm'ee jusqu’au lendemain matin.

Furieux, rageur, jalousant la tranquillit'e de Juve, qui, confortablement install'e dans un wagon du rapide, se dirigeait vers Paris, Fandor se retrouvait donc `a deux heures du matin sur la place d'eserte de Morlaix.

En maugr'eant le journaliste rentra se coucher… Il dormit tr`es mal, se r'eveilla `a l’aube.

— Peste de peste, grommelait-il, que dois-je faire maintenant ? Les instructions que Juve m’a donn'ees sont, en somme, assez peu explicites. Je dois muser le long de la route, pour donner le change `a Fant^omas, et lui faire croire que, malgr'e ma tranquillit'e apparente, je ram`ene le portefeuille rouge `a Paris. Bien. « Muser », qu’est-ce que ca signifie au juste ?

De tr`es bonne heure, J'er^ome Fandor retourna au poste de police, et l`a, profitant de ce que le commissaire de Morlaix ne le connaissait pas, il interviewa le fonctionnaire sous un pr'etexte quelconque, et parvint `a savoir ce qu’H'el`ene 'etait devenue.

— La jeune fille arr^et'ee hier soir ? Figurez-vous qu’elle est d'ej`a transf'er'ee `a Brest. Elle est partie ce matin.

— `A Brest. Pourquoi diable a-t-on transf'er'e la prisonni`ere `a Brest ? Nous ne sommes pas dans le ressort judiciaire du Tribunal de l`a-bas et puisqu’il y avait flagrant d'elit ici ?

— Figurez-vous, mon cher monsieur, que la place dont nous disposons ici, `a Morlaix, est en r'ealit'e fort restreinte. Bien entendu, nous avons des salles communes et des cellules. Or, il 'etait impossible, n’est-ce pas, de mettre la prisonni`ere dans une salle commune, puisque les r`eglements interdisent de d'etenir en

« commun » des hommes et des femmes. Restaient les cellules… Eh bien, les cellules, au nombre de quatre, sont en ce moment toutes occup'ees par des inculp'es d'etenus pr'eventivement et maintenus au secret par ordonnance de notre juge d’instruction. D`es lors, o`u conserver la prisonni`ere ? Vous devinez, mon cher monsieur, que nous avons 'et'e oblig'es de la diriger sur Brest, o`u il y a une prison de femmes.

— Mais l’instruction, comment se fera-t-elle ?

— Oh, l’instruction, l’instruction il est bien 'evident qu’elle sera fort contrari'ee par cette captivit'e au loin. J’imagine qu’on attendra, au Parquet, pour s’occuper de cette jeune fille, que les prisonniers actuellement en cellule, ici, `a Morlaix, aient 'et'e remis dans les locaux communs. Alors, on pourra faire revenir de Brest cette boh'emienne et l’affaire suivra son cours.

Fandor n’en demandait pas plus.

Il se dirigea vers la gare o`u, quelques minutes plus tard, il prenait un billet `a destination de Brest.

***

— Eh ! la prisonni`ere 22. Voyons, l’inculp'ee, o`u ^etes-vous ?

Dans le grand dortoir, une gardienne venait d’appara^itre, qui s’impatientait visiblement :

— Num'ero 22 ? est-ce qu’il va falloir vous prendre par la main ?

— Que voulez-vous ? demanda une jeune fille `a la d'emarche hautaine.

— Je viens vous avertir que vous serez lib'er'ee prochainement.

— Comment cela ?

La fille de Fant^omas – car c’'etait elle – avait fr'emi en s’entendant annoncer une prochaine mise en libert'e.

— Comment va-t-on me mettre en libert'e, je n’ai pas encore 'et'e interrog'ee ?

La gardienne haussa les 'epaules.

— Moi, dit-elle, je ne sais pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il est arriv'e des pi`eces au greffe de la prison, et que j’ai vu que l’on pr'eparait votre transfert de la salle commune. Si on vous retire d’ici, ca n’est pas pour vous mettre en cellule, 'etant donn'e que vous n’avez rien de grave sur la conscience. Donc, c’est que vous ^etes renvoy'ee des fins de la plainte. Je vous en pr'eviens, parce que je pense que si vous avez quelques sous `a votre sortie, vous n’oublierez pas que c’est moi qui ai pris soin de vous pendant votre s'ejour ici.

— C’est entendu, r'epondit H'el`ene, je vous remercie de me pr'evenir et si vous pouvez h^ater les formalit'es de lev'ee d’'ecrou, je vous en serais tr`es reconnaissante.

La gardienne s’'eloigna.

H'el`ene songeait `a ce moment `a l’extraordinaire facilit'e avec laquelle on signait sa mise en libert'e.

Elle n’'etait pas 'eloign'ee m^eme de penser que, peut-^etre, elle devrait sa rapide sortie de prison `a un effet de la volont'e de Fant^omas.

— Mon Dieu, pensait-elle, pourvu qu’en quittant cet horrible endroit, je ne tombe pas entre les mains de mon p`ere ?

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