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ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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Le lendemain il y avait visite dentaire `a la prison. Les deux autres jeunes gens encore debout, croyaient appendre la chose `a Fandor et s’effrayaient fort de leur 'equip'ee :

— Jamais les copains ne vont ^etre en 'etat, demain matin, d'eclaraient-ils en montrant leurs compagnons affal'es sur les coussins de la voiture qui les emmenait, de se rendre `a la visite. Diable, cela va faire du grabuge.

Et, beno^itement, alors, Fandor avait propos'e :

— Bah ! ne pourrais-je pas les remplacer ? J’ai des notions d’art dentaire. Vous diriez au m'edecin-chef que vos amis sont malades et que l’un de vos camarades s’est spontan'ement offert `a venir `a la prison.

Ce plan savamment ourdi, perfectionn'e par les jeunes 'etudiants eux-m^emes, avait parfaitement r'eussi.

Qu’allait faire Fandor, H'el`ene une fois partie ?

Le journaliste, avec la m^eme prestesse qu’il avait mise `a d'eguiser la jeune fille du manteau d’infirmi`ere, se d'ev^etit lui-m^eme.

Il envoya sa longue blouse dans un coin de la petite pi`ece o`u il se trouvait. D’un revers, il d'ecolla les moustaches postiches, les sourcils d’emprunt qu’il s’'etait compos'es, il d'epouilla enfin sa perruque, il redevint lui-m^eme, alors que, quelques minutes auparavant, il 'etait m'econnaissable, si m'econnaissable qu’il avait d^u se nommer `a la fille de Fant^omas.

— Cela marche comme sur des roulettes, murmura-t-il.

Et moins de quatre minutes apr`es le d'epart du m'edecin-chef, par le m^eme couloir o`u il avait fait passer la fille de Fant^omas, tenant un sac d’instruments dentaires `a la main, – ce qui constituait pour le portier une sorte de passeport, – Fandor s’enfuyait, non sans avoir, pour compliquer les choses, boucl'e `a double tour la porte du petit local o`u il venait de jouer son r^ole d’aide-dentiste.

Il sortit sans la moindre difficult'e de la prison… m^eme, tout joyeux, il s’appr^etait `a se moquer de la facilit'e avec laquelle on pouvait faire 'evader une prisonni`ere quand on savait s’y prendre, lorsque, soudain, au d'etour de la place sur laquelle 'etait construite la prison, il s’arr^eta, un cri de rage aux l`evres :

— Eh bien ? interrogea Fandor, nerveusement, cependant que le cocher, non moins 'etonn'e, le consid'erait avec curiosit'e, eh bien ? comment ^etes-vous l`a ? Vous n’avez donc vu personne ?

— Non, personne, monsieur.

— L’infirmi`ere que je vous avais annonc'ee n’est pas venue vous trouver ?

— Non, monsieur, non, je l’attends toujours…

La fille de Fant^omas n’avait-elle pu s’enfuir ? Avait-elle 'et'e reprise ? Ou bien s’'etait-elle enfuie plut^ot que de se rendre au rendez-vous que lui avait assign'e son sauveur ?

17 – CHEZ LES BIFFINS

— Et alors, la m`ere, est-ce qu’on s’en va prendre une tourn'ee ?

— On ira, le p`ere, on ira. Tout de m^eme, tu peux bien attendre que j’aie fini de donner `a manger `a Papillon ?

— D’accord, si Papillon a faim.

— Eh oui, il a faim, la brave b^ete. D’ailleurs, soit dit sans te le reprocher, mon homme, depuis quelques jours, tu ne t’occupes plus assez de lui. C’est de l’ingratitude, ca, vois-tu. Ca n’est pas parce qu’il a onze ans bien sonn'es qu’il faut le laisser crever de faim.

— D’accord, la m`ere, d’accord.

Papillon 'etait un grand vieux cheval, d'egingand'e, qui, depuis de longues ann'ees, tra^inait la roulotte familiale le long des routes de France.

Papillon, qui 'etait une b^ete, avait, pr'etendait la m`ere Zizi, plus d’intelligence que bien des hommes.

La brave femme citait `a l’appui de ses dires ce fait remarquable `a son compte, que Papillon mangeait beaucoup plus l’hiver que l’'et'e.

— Voyez donc, affirmait la m`ere Zizi, si ca n’est pas une preuve qu’il comprend que l’hiver on est en vacances, que c’est le moment de prendre du bon temps.

Dans la bizarre industrie qu’ils exercaient, le p`ere et la m`ere Zizi faisaient de l’ann'ee deux parts in'egales : du mois de f'evrier au mois d’octobre, ils 'etaient boh'emiens, couraient la campagne, gagnant pi`etrement leur vie en pr'esentant des spectacles forains, puis, le mois d’octobre arriv'e, ils regagnaient en toute h^ate la banlieue parisienne, s’installaient dans la plaine de Saint-Ouen et l`a, prenaient leurs quartiers d’hiver en vivant de petite besogne d’occasion : paniers tress'es, oiseaux apprivois'es, tous m'etiers qui ne les rendaient pas millionnaires, mais qui les aidaient `a passer la mauvaise saison. Et la m`ere Zizi trouvait plaisant de remarquer que, pendant les beaux mois de l’ann'ee, Papillon mangeait cent fois moins.

— Cette b^ete, affirmait-elle, elle est sobre comme un chameau, tout cheval qu’elle est. Quand elle travaille, elle se contente de peu de chose, quand elle ne fait rien, elle passe son temps `a manger.

En fait, l’explication 'etait plus simple : Papillon, qui 'etait un philosophe, pr'ef'erait tout bonnement l’avoine qu’on lui servait pendant l’hiver `a l’herbe fra^iche qu’on lui laissait brouter le long des routes l’'et'e.

Ce jour-l`a, le p`ere et la m`ere Zizi, install'es depuis quelque temps d'ej`a dans la plaine de Saint-Ouen, avaient projet'e de se rendre au march'e aux oiseaux.

Ils avaient donc d'etel'e le matin Papillon, l’avaient attach'e `a l’envers, la t^ete pr`es de la roulotte, puis, ils 'etaient partis de compagnie vers le Quai aux Fleurs.

Les affaires avaient bien march'e. Le p`ere Zizi avait gagn'e quelques sous et, le soir venu, les deux Boh'emiens d'ecid`erent, apr`es avoir toutefois vers'e `a Papillon sa ration habituelle d’avoine, d’aller faire un tour chez le petit bistro voisin.

Le p`ere et la m`ere Zizi s’'etaient donc 'eloign'es de leur roulotte, en devisant. Ils avaient travers'e l’extraordinaire agglom'eration que constituent les cabanes de chiffonniers, des biffins parisiens qui habitent en grand nombre derri`ere la porte de Saint-Ouen, sur les terrains de zone militaire.

Aussi bien les deux boh'emiens 'echangeaient en passant de nombreux bonjours, donnaient force poign'ees de mains. Ils 'etaient populaires, les deux 'epoux, il y avait bien dix ans qu’ils venaient chaque ann'ee camper `a la m^eme place, et il n’'etait pas un seul biffin qui ne t^int `a honneur de leur pr'esenter ses devoirs.

— Et alors, ca va, la m`ere Zizi ?

— Pas trop mal, mon vieux, pas trop mal. Et vous, la chiffonnerie ?

— Euh, le cuivre ne donne rien cette ann'ee, il y a un peu de bo^ites de sardines et des bouteilles d’eau min'erale, mais c’est bien tout.

— De quoi joindre les deux bouts, alors ?

— Comme vous dites, la m`ere Zizi. Mais il y a un gosse de plus `a la maison.

Le p`ere Zizi 'eclatait de rire.

— Ah bien vous, alors, vous suffiriez `a repeupler la France. Combien donc que vous ^etes ?

— Quatorze, maintenant. Tous bien portants et travailleurs.

Plus loin, par-dessus la haie, se trouvait un petit enclos, dont le sol 'etait exhauss'e d’un amas de d'etritus tir'es des poubelles parisiennes et class'es avec un soin extr^eme : `a droite des bouchons, un peu plus loin des vieux papiers, plus loin encore les morceaux de ferraille.

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