Чтение онлайн

ЖАНРЫ

L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
Шрифт:

M. Lerey, qui connaissait parfaitement le caract`ere du chef de la S^uret'e, car il y avait d'ej`a fort longtemps qu’il travaillait sous ses ordres, se garda soigneusement de croire au d'esespoir de M. Havard.

— T'e, monsieur Havard, r'epondit-il donc au chef de la S^uret'e, vous voulez plaisanter, j’imagine, je ne vois pas ce qui peut vous embrouiller en ce moment ? C’est limpide, tout cela, limpide.

Mais M. Havard n’avait pas plaisant'e. Il avait m^eme si peu plaisant'e en affirmant qu’il ne comprenait plus rien `a l’affaire du portefeuille rouge, que le calme satisfait de son subordonn'e acheva de le mettre en col`ere :

— Ah vous trouvez que c’est limpide, fit-il en tapant un violent coup de poing sur son bureau. Eh bien, moi, je trouve que vous avez un certain toupet, ou encore un formidable g'enie, monsieur Lerey. Car, enfin, de deux choses l’une ? Ou vous avez trouv'e toutes les explications voulues et vous ^etes un grand homme. Ou vous n’avez m^eme pas compris les myst`eres qui vous entourent, et…

— Et je suis un imb'ecile ? t'e, monsieur Havard, il y a peut-^etre de l’un et de l’autre. J’ai des id'ees, j’ai des clart'es sur la chose. Mais peut-^etre aussi que je me trompe…

— Eh bien, parlez, mon ami, voyons, d’apr`es vous, qu’est devenu le portefeuille rouge, depuis le moment o`u le Skobeleff a fait naufrage ? Vous avez lu les rapports de Juve ?

— Je les ai lus, monsieur Havard, et c’est en me fondant sur eux que je vais vous r'epondre : le Skobeleff naufrag'e, notre ami Juve sauve le portefeuille et le cache dans une anfractuosit'e de la falaise. `A ce moment, c’est ce que Juve vous a dit, il part par la route en prenant dans ses poches un faux portefeuille, de facon `a attirer les recherches de ses ennemis.

— Apr`es ? Qu’arrive-t-il ?

— Apr`es, monsieur Havard ? Il arrive que le prince Nikita, averti par Juve, se rend en Bretagne pour aller chercher dans la cachette le fameux portefeuille rouge.

— Mais il n’y est plus ? Qui le poss`ede, alors d’apr`es vous ?

— H'e, monsieur Havard, Juve, dans un rapport, vous en a inform'e. C’est tr`es probablement la fille de Fant^omas. C’est elle qui est venue, pendant que Juve s’en allait, reprendre le portefeuille qu’elle lui a vu cacher, et cela est si vrai que, rappelez-vous-en, Juve, persuad'e que la jeune fille l’a dissimul'e dans la roulotte du p`ere et de la m`ere Zizi s’en va perquisitionner dans cette roulotte. Vous vous rappelez, monsieur Havard, comment cette perquisition s’est termin'ee ?

— Naturellement, par la d'egringolade de la roulotte, d'egringolade provoqu'ee par Fant^omas, affirme Juve. Et alors ?

— Alors, monsieur Havard, alors c’est tout.

M. Havard haussa les 'epaules. Une seconde, il sembla m^achonner entre ses dents quelque apostrophe virulente adress'ee au chef du Service des Recherches, mais il se contint.

— Alors, d'eclara-t-il, ce n’est pas tout, monsieur Lerey. C’est m^eme `a ce moment, au contraire, que ces affaires deviennent tragiques. Voyons, vous ^etes au courant des 'ev'enements de ce matin ?

— Vous visez, monsieur Havard, la communication de l’ambassade russe ?

— Oui, la communication de l’ambassade, qui m’est arriv'ee `a cinq heures du soir et qui m’apprenait que, par le fait d’un myst'erieux hasard, le prince Nikita a failli tuer Ellis Marshall en faisant assaut avec lui `a la salle d’armes. Ce qui est au moins 'etrange, vous en conviendrez, si vous voulez bien penser qu’une heure `a peine apr`es l’arriv'ee de la lettre de l’ambassade, j’apprends que les domestiques d’Ellis Marshall ont retrouv'e leur ma^itre mort assassin'e, la gorge ouverte d’un coup de rasoir en son domicile. De vous `a moi, qu’est-ce que cela vous donne `a penser ? Le prince Nikita, d’une part, `a onze heures du matin, `a la salle d’armes, manquant de tuer Ellis Marshall, un agent qui doit le g^ener, manquant de le tuer, vous m’entendez, ratant son coup et puis, deux heures apr`es, ce m^eme Ellis Marshall d'ecouvert chez lui, mort assassin'e.

— Ce qui me donne `a penser ? Hum…

Et, se d'ecidant enfin `a riposter :

— Cela ne me donne rien `a penser, monsieur Havard.

— Vraiment ? Eh bien, moi, savez-vous ce que j’ai fait en apprenant cet assassinat ?

— Ma foi non, monsieur Havard ?

— Eh bien, je n’ai pas h'esit'e. J’ai fait appeler Juve, et je lui ai dit :

« Juve, allez d’urgence chez Ellis Marshall et assurez-vous que c’est bien, comme je le crois, le prince Nikita qui a assassin'e ce bonhomme. Si vous en obtenez la preuve imm'ediatement, nous 'etouffons l’affaire. »

— Et Juve vous a dit, monsieur ?

— Eh bien, il ne m’a rien dit, pour la bonne raison qu’il n’est pas encore revenu. Le prince Nikita a eu son 'etrange accident `a onze heures du matin, `a la salle d’armes. J’ai recu `a trois heures la lettre de l’ambassade me le signalant. `A trois heures et demie on me t'el'ephonait la mort d’Ellis Marshall, et Juve partait imm'ediatement. Depuis, plus aucune nouvelle. Je ne sais m^eme pas ce qu’est devenu Juve.

Or, M. Havard n’avait pas fini sa phrase, que la porte de son cabinet s’ouvrit.

Juve 'etait radieux.

— Quand on parle du loup, monsieur Havard, commenca-t-il.

Mais M. Havard n’'etait pas d'ecid'ement en 'etat de plaisanter. Il coupa brusquement la parole `a Juve pour lui demander :

— Eh bien ? Quel est l’assassin ? Est-ce le prince Nikita qui a tu'e Ellis Marshall ? Pourquoi ce meurtre ?

Juve, sans se presser, avec un calme merveilleux qui contrastait avec l’'enervement de M. Havard, se d'ebarrassa de son chapeau, plia le journal qu’il tenait `a la main, puis enfin se laissa tomber dans un grand fauteuil plac'e face au bureau de M. Havard.

— Chef, dit tranquillement Juve, vous n’y ^etes pas.

— Allons donc.

— Mais d’abord, voici qui va singuli`erement 'eclairer votre religion. Monsieur Havard, savez-vous pourquoi Ellis Marshall a 'et'e tu'e ?

— Non. Dites.

— Parce qu’il poss'edait le portefeuille rouge.

— Ellis Marshall avait le portefeuille rouge ? Vous ^etes certain de ce que vous avancez ?

Juve haussa l'eg`erement les 'epaules, parut h'esiter avant de se d'ecider `a r'epondre :

— Ma foi, certain, monsieur Havard, c’est un gros mot. Je ne suis pas certain qu’Ellis Marshall avait « le » portefeuille rouge, mais je suis s^ur qu’il poss'edait « un » portefeuille rouge.

— Allons, expliquez-vous.

Mais Juve avait pour habitude de ne pas se d'emonter, de ne jamais s’'emouvoir. Tout naturellement, d’ailleurs, il poursuivait, d’autant plus calme que son interlocuteur 'etait plus agit'e :

— Voil`a, je m’explique, monsieur Havard.

Et Juve, sans se presser, tranquillement, informa le chef de la S^uret'e que s’il avait 'et'e fort long `a mener son enqu^ete, la cause en 'etait aux multiples d'emarches qu’il avait cru devoir effectuer.

— Je me suis rendu `a la salle d’armes. Il m’a sembl'e int'eressant de savoir, en effet, dans quelles circonstances le prince Nikita avait failli tuer Ellis Marshall.

Поделиться с друзьями: