L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Vous voulez dire que vous avez tir'e tous les deux ?
— Non. Nous n’avons tir'e ni l’un ni l’autre.
Le policier lui expliqua alors comment, dans la bagarre survenue imm'ediatement apr`es le coup de feu, il avait 'et'e s'epar'e du myst'erieux vieillard. Il ne l’avait pas revu. Sa fuite 'etait-elle due au hasard ou `a la protection de complices ?
Fandor n’'ecoutait plus.
— Vous n’avez en somme tir'e ni l’un ni l’autre et un coup de feu a retenti ?
— Oui. Qui visait-on ?
— Qui ?
13 – VOLEUSE `A LA TIRE
Boulevard Malesherbes, la foule des passant s’'etait arr^et'ee quelques instants, en face du magasin de nouveaut'es Paris-Galeries, pour regarder avec cette curiosit'e b'eate qui est la caract'eristique de la badauderie parisienne, une voiture automobile en panne sur le bord du trottoir.
Puis, comme l’accident paraissait devoir s’'eterniser et que le spectacle ne se modifiait pas, les passants, peu `a peu, s’en 'etaient all'es indiff'erents, peu soucieux de savoir ce qu’il allait advenir des malheureux immobilis'es ainsi sur la voie publique par les myst`eres de la carburation ou les d'efaillances de l’allumage.
Au bout de quelques instants, un homme surgit de dessous la voiture automobile. Il avait tremp'e la moiti'e de son corps dans le ruisseau, de telle sorte que ses v^etements lui moulaient le bras et la jambe d’un c^ot'e seulement. De l’autre, ses habits 'etaient macul'es de cambouis. Il avait de la graisse et du noir sur le visage, sur le col, dans les cheveux. D’une voix caverneuse, il appela d'esesp'er'e, cependant qu’il se dressait `a demi de dessous la voiture :
— Nalorgne, passez-moi la clef anglaise !
C’'etait P'erouzin, dont la voiture, une fois encore, se trouvait en panne et qui s’efforcait de la r'eparer. Il r'ep'eta d’une voix charg'ee d’angoisse :
— La clef anglaise ! Nalorgne, voulez-vous me la passer ? Elle doit ^etre dans le coffre arri`ere, ou sur le coussin de devant.
S’exprimant ainsi, P'erouzin jetait des regards d'esesp'er'es en direction de Paris-Galeries `a son ins'eparable ami qui demeurait plant'e sur le trottoir, `a quelques pas de lui, debout le long d’un arbre, et immobile comme s’il avait 'et'e frapp'e de paralysie soudaine.
— La clef anglaise, r'ep'eta P'erouzin, d’un ton larmoyant.
— Non, dit Nalorgne.
Puis, il reprit sa position immobile, semblant 'etudier fixement quelque chose. P'erouzin, d’abord interdit par, cette br`eve r'eplique, insista de nouveau :
— Qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi ne voulez-vous pas me passer la clef anglaise ? J’en ai pourtant besoin, c’est le tuyau du carburateur qui s’est desserr'e, ca fuit comme un panier, nous perdons toute notre essence. Je vous en prie, la clef anglaise !
Encore une fois, Nalorgne r'epondit :
— Non.
P'erouzin allait protester, puis il r'efl'echit qu’une altercation ne servirait `a rien, sinon `a le ridiculiser, lui et son coll`egue. L’ancien notaire 'etait de bonne composition et peu partisan des discussions.
— Si Nalorgne me refuse la clef anglaise, pensa-t-il, c’est qu’il doit avoir ses raisons pour cela. Peut-^etre a-t-il peur de se salir les mains ?
Et, brave homme, P'erouzin se tira, non sans peine, de dessous l’automobile. Il allait monter sur le marchepied de la voiture pour fouiller sous les coussins et en retirer l’outil qui lui 'etait n'ecessaire, lorsque Nalorgne lui fit un signe, cependant qu’il murmurait imperceptiblement :
— Laissez donc cela tranquille, venez et regardez…
P'erouzin obtemp'era : il suivit des yeux le doigt de Nalorgne qui lui d'esignait quelque chose, quelqu’un plut^ot, dans la foule amass'ee devant les 'etalages de Paris-Galeries.
— Voyez-vous, poursuivit myst'erieusement Nalorgne, cette toute petite personne brune, aux cheveux 'ebouriff'es, qui a l’air de s’int'eresser vivement `a l’'etalage des corsets sold'es `a quatre francs soixante-quinze ?
P'erouzin ouvrit des yeux arrondis de surprise :
— Je la vois, en effet. C’est bien la toute petite femme, celle qui a plut^ot l’air d’une gamine, d’une fillette ?
— C’est cela m^eme.
— Ce n’'etait pas la peine de me d'eranger. J’ai 'enorm'ement `a faire sous la voiture, si c’est tout ce que vous aviez `a me dire… Je suis 'etonn'e qu’un inspecteur de la S^uret'e comme vous, qui, en outre, est un ancien pr^etre, tombe ainsi en arr^et devant la premi`ere petite bonne femme venue et croit n'ecessaire de d'eranger ses coll`egues de leur travail.
— Vous serez toujours plus b^ete que nature, P'erouzin, fit-il, et je me demande comment j’ai pu autrefois m’associer avec vous pour monter un bureau d’affaires.
— Qui n’a pas r'eussi, d’ailleurs…
— Regardez-la ! Sacr'ee gamine, va ! Voyez-vous ce qu’elle va faire ?
— Je devine, elle va faire un coup, un mauvais coup. Sans doute chiper quelque chose `a l’'etalage ?
L’ex-notaire suivit curieusement des yeux la gamine qui, apr`es avoir examin'e sans grande attention les corsets, passait au rayon de fleurs et plumes, semblant s’int'eresser vivement aux d'eclarations enthousiastes que faisait le vendeur pr'epos'e `a l’'ecoulement de cet article. Mais, cependant qu’elle regardait ainsi, ses mains, qu’elle dissimulait sous une sorte de p`elerine, allaient et venaient autour d’elle, ses doigts 'ecart'es fr^olaient sans cesse les gens qui se trouvaient `a proximit'e. La gamine aux cheveux 'ebouriff'es semblait se pr'eoccuper particuli`erement de suivre de tr`es pr`es une dame fort 'el'egante qui s’int'eressait, elle, aux objets expos'es.
— Attention, ca va y ^etre dans un instant. Voyez plut^ot !
La gamine s’'etait rapproch'ee de plus pr`es encore de la grande dame. Celle-ci portait suspendu `a la saign'ee du coude, un r'eticule qui battait le long de sa jupe. Il 'etait `a peu pr`es `a quarante centim`etres au-dessus du sol.
La petite femme, soudain, profitant d’une l'eg`ere bousculade, laissa tomber son mouchoir sur le trottoir, et avec un geste fort naturel, se pencha pour le ramasser, mais en m^eme temps, plus rapide que l’'eclair, elle avait ouvert le r'eticule de sa voisine, elle y plongeait une main, petite main adroite, qu’elle retirait aussit^ot ; puis, de l’air de la plus parfaite innocence, elle s’'ecarta, fit quelques pas dans la direction oppos'ee.
P'erouzin n’avait rien vu, mais lorsque Nalorgne lui eut dit :
— J’ai compris, en effet. Cette petite personne a ramass'e un objet par terre, mais il n’y a pas d'elit. C’est son mouchoir qui lui appartenait.
— Et dire, grommela-t-il, que c’est `a des gens comme ca que l’on confie la surveillance de Paris ! Mon cher P'erouzin, nous allons faire une capture sensationnelle, entendez-vous ? Et pour r'eussir compl`etement, nous ne sommes pas trop de deux. 'Ecoutez, ob'eissez-moi : vous allez aborder cette grande dame 'el'egante qui s’en va. Vous allez lui dire ceci : « Madame, votre porte-monnaie vient de vous ^etes d'erob'e, mais la police tient la voleuse, veuillez m’accompagner au poste de la rue d’Anjou, et votre argent vous sera rendu. » Moi, de mon c^ot'e, je vais arr^eter la petite femme qui s’est empar'ee de ce porte-monnaie et je serai au bureau de police lorsque vous y arriverez avec la victime. Allez, d'ep^echez-vous !