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ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Et l’automobile ?

— Elle ne s’en ira pas, soyez tranquille, nous avons assez de peine `a la faire marcher et vous vous y connaissez, du moins on le pr'etend. Songez donc, jamais personne d’autre ne pourra la faire d'emarrer. Et si, par hasard, d’ailleurs, cela arrivait, ce serait une b'en'ediction, car nous en serions d'ebarrass'es.

Ce dernier souhait que formulait Nalorgne 'etait perdu pour P'erouzin qui s’'elancait sur les traces de la grande dame 'el'egante, fort inquiet `a l’id'ee qu’il allait falloir l’aborder et que peut-^etre celle-ci aurait un m'ediocre plaisir `a entrer en conversation avec un homme aussi sale que l’'etait P'erouzin qui venait de passer une demi-heure sous la voiture. Nalorgne, cependant, embo^itait le pas `a la petite femme aux cheveux 'ebouriff'es. Et, tout en la suivant, cependant qu’elle se dirigeait d’un pas assur'e vers la Madeleine, il se r'ep'eta les instructions que lui avait donn'ees jadis son chef supr^eme, M. Havard :

— Le bon agent de la S^uret'e ne doit pas faire de scandale lorsqu’il proc`ede `a une arrestation. Les choses doivent passer inapercues.

Et Nalorgne, estimant qu’il fallait suivre `a la lettre ces instructions, n’aborda point la petite femme avant qu’elle ne se f^ut 'eloign'ee de Paris-Galeries.

Le coeur battait un peu `a Nalorgne, car c’'etait la premi`ere fois, depuis qu’il 'etait inspecteur de la S^uret'e, qu’il allait enfin r'eussir une arrestation. Oh, il 'etait bien trop malin, pensait-il, pour r'ev'eler tout de suite sa qualit'e. D`es lors, pressant le pas, retroussant sa moustache et s’efforcant d’avoir l’air d’un s'educteur, il d'epassa la petite femme et, l’ayant heurt'ee `a l’'epaule pour qu’elle le regard^at, il lui d'ecocha un coup d’oeil si peu 'equivoque, si caract'eristique, que les plus 'ehont'ees professionnelles du trottoir ne l’auraient pas reni'e.

La petite femme le regarda, et, bien qu’elle f^ut fort troubl'ee, faillit 'eclater de rire. Nalorgne, cependant, engageait la conversation :

— Dites donc, mademoiselle…

— Ah, non, tr`es peu ! Quelle caricature !

Nalorgne avait entendu. Ca, par exemple, c’'etait raide. Et instantan'ement, il lui revint `a l’esprit qu’il 'etait inspecteur de la S^uret'e, qu’il incarnait la Puissance, et que laisser quelqu’un se moquer de lui, c’'etait permettre que l’on bafou^at l’autorit'e. D`es lors, changeant brusquement d’attitude, il laissa lourdement sa main s’abattre sur l’'epaule de la gamine, et d’une voix de stentor lui d'eclara :

— Au nom de la loi je vous arr^ete !

L’effet ne manqua pas de se produire. La gamine poussa un cri terrible, essaya de s’arracher `a Narlogne, mais celui-ci la maintenait de ses doigts crisp'es sur son 'epaule. La petite femme se jeta par terre, roulant sur le trottoir, entra^inant dans sa chute le grand inspecteur de la S^uret'e. Un attroupement consid'erable se produisit et aussit^ot, les commentaires de la foule se manifest`erent, peu flatteurs `a l’'egard de cet homme qui brutalisait cette malheureuse :

— Il en a du culot le fr`ere ! Quelle brute ! Si c’est permis de maltraiter ainsi une gosse !

— Attends un peu, propre `a rien ! On va t’apprendre `a tomber sur les gens ! Canaille, va !

Peu s’en fallut que Nalorgne ne s’en tir^at avec force blessures et horions. Mais, heureusement, deux agents en uniforme 'etaient survenus. Nalorgne se fit conna^itre, et les sergents de ville, 'ecartant la populace, finirent par r'etablir l’ordre, par restituer la petite femme au policier. Puis, l’un tra^inant l’autre, suivis des gardiens de la paix et d’une foule consid'erable, ils s’achemin`erent vers le bureau de police de la rue d’Anjou.

Si Nalorgne, `a ce moment, avait r'efl'echi aux instructions de M. Havard, il aurait d^u s’avouer, en bonne conscience, qu’il ne les avait pas strictement observ'ees. Cette arrestation d’une toute petite femme par un policier robuste avait ameut'e tout le quartier.

La prisonni`ere, au commissariat, fut transf'er'ee dans le local r'eserv'e aux personnes arr^et'ees sur la voie publique. Quelques instants apr`es, Nalorgne qui ne la quittait pas, fut invit'e `a passer avec elle dans le cabinet du commissaire. Il y trouva P'erouzin et la grande dame 'el'egante qui, toute p^ale, achevait de d'eclarer au commissaire qu’en effet, son porte-monnaie venait bien de lui ^etre d'erob'e. P'erouzin se rapprocha de Nalorgne :

— Vous savez, fit-il d’un air important que cela a 'et'e tr`es difficile de la d'ecider `a venir jusqu’ici. Elle m’a pris pour un gigolo, elle croyait que je voulais lui offrir quelque chose et tout d’abord, elle m’a saqu'e [19].

— C’est comme moi avec la petite, fit Nalorgne, mais j’ai eu du flair et j’ai r'eussi `a l’arr^eter tout de m^eme.

P'erouzin consid'era Nalorgne avec admiration, puis il se regarda lui-m^eme avec complaisance et, constatant que les deux personnes qu’il avait fallu amener au commissariat y 'etaient, il d'eclara d’un air convaincu :

— Nous sommes d'ecid'ement des types 'epatants !

Le commissaire, bri`evement, notait les d'eclarations de la grande dame. Lorsqu’il eut termin'e, il lui tendit la plume :

— Veuillez, madame, fit-il, inscrire au-dessous de ces lignes, votre nom et votre adresse.

— Est-ce bien n'ecessaire ?

— Indispensable, madame, 'etant donn'e la plainte que vous formulez.

La personne vol'ee parut h'esiter un instant, mais elle se d'ecida cependant `a faire conna^itre son identit'e et, cependant qu’elle signait au-dessous du texte r'edig'e par le commissaire, elle murmura :

— Je suis la comtesse de Blangy, 214, avenue Niel… Vous n’avez plus besoin de moi, monsieur ?

— Un instant, fit le commissaire qui, se tournant vers Nalorgne, demanda : c’est la voleuse ?

— Oui, monsieur le commissaire, d'eclara l’ancien pr^etre en poussant devant lui la gamine qui chancelait d’'emotion.

— L’a-t-on fouill'ee ? demanda le magistrat.

La gamine protesta en pleurant :

— Il m’a bouscul'ee m’sieu… Y m’a frapp'ee comme une brute, mais il n’a rien trouv'e sur moi. Cependant, je regrette ce que j’ai fait.

D’un geste brusque la gamine fouilla son corsage et en tira le porte-monnaie qu’elle avait audacieusement d'erob'e quelques instants auparavant.

— Voil`a votre galette, fit-elle en s’adressant `a sa victime. Comptez voir. Il n’y manque rien.

La comtesse de Blangy eut un regard apitoy'e pour la voleuse :

— Pauvre petite, murmura-t-elle. Les mauvais exemples sans doute…

Mais elle avait h^ate de s’en aller. Le magistrat toutefois ne lui rendait pas son argent :

— Il est indispensable, fit-il, que je garde provisoirement votre bourse `a titre de pi`ece `a conviction. Toutefois, madame, vous pouvez vous retirer. Vous serez certainement convoqu'ee par le juge d’instruction.

Une demi-heure plus tard le magistrat avait termin'e l’interrogatoire de la gamine. Elle avait dit s’appeler Rose Coutureau, exercer la profession d’artiste au Th'e^atre Ornano et vivre avec son p`ere qui remplissait les fonctions d’habilleur et de gardien d’accessoires `a ce m^eme 'etablissement. Cette r'ev'elation avait d'etermin'e d’ailleurs une explosion de larmes :

— Quand il va me retrouver, avait hurl'e la petite, s^ur qu’il me tuera !

Mais le magistrat s'ev`erement, bien qu’avec ironie, avait r'epondu :

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