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ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— On a dit que je vais mourir, murmura-t-elle. Qui ?

Soudain, lady Beltham s’arr^eta. Comme si elle e^ut 'et'e chang'ee en statue, comme si la mort e^ut suspendu sa marche, elle demeurait immobile, au milieu de la grande pi`ece, devenue plus p^ale encore.

La porte du salon s’'etait ouverte.

Un homme d’une extr^eme 'el'egance, un homme jeune, moul'e dans une jaquette de coupe irr'eprochable, au visage 'energique, aux yeux vifs, venait d’appara^itre.

Il s’inclina devant elle, et sa voix 'etait douce :

— Bonjour, ma ch`ere, Vous allez bien ?

Lady Beltham, d’abord, ne r'epondit pas.

Si forte avait 'et'e son 'emotion, en voyant s’ouvrir la porte devant la silhouette de cet homme, au moment o`u elle se posait une question abominable, que les mots s’'etranglaient dans sa gorge. Puis elle faisait effort sur elle-m^eme. Un p^ale sourire errait sur ses l`evres blanchies :

— Bonjour, mon cher, r'epondit-elle, de sa voix d’or, aux intonations grisantes. Je vous remercie d’^etre venu prendre de mes nouvelles, vous avez eu raison.

— Mais, comtesse, ne suis-je pas toujours le plus empress'e des galants ?

— Je me plais `a le reconna^itre. Toutefois…

— Toutefois ?

L’'el'egant gentleman qui entretenait la ma^itresse de Fant^omas s’'etait laiss'e tomber n'egligemment sur un moelleux divan.

— Toutefois ? Que veut dire cette restriction ?

— `A quoi bon ?

Elle venait machinalement de traverser la grande pi`ece, elle s’assurait que les portes 'etaient bien ferm'ees sous les tentures et que nul ne pouvait surprendre la conversation qu’elle allait avoir avec son visiteur.

— Vous d'esirez une cigarette ? demanda-t-elle.

— Volontiers.

Elle tendit une coupe d’onyx aux merveilleuses nervures, o`u s’amoncelaient de fins rouleaux de tabac d’Orient.

— Toutefois ? Vous ne m’avez pas r'epondu.

Lady Beltham r'ep'eta `a haute voix :

— `A quoi bon ? Je ne saurais vous le dire maintenant.

— Renseignez-moi, ma ch`ere, vous semblez nerveuse.

H'elas, `a ce mot, l’attitude de lady Beltham changea brusquement.

On e^ut dit qu’une parole imprudente faisait d'eborder la coupe d’amertume dont elle s’abreuvait depuis quelques jours.

Lady Beltham, d’un bond, se pr'ecipita, tomba `a genoux au pied du sofa sur lequel 'etait install'e son visiteur.

Et c’est d’une voix tremblante, d’une voix bris'ee, d’une voix de sanglots, qu’elle interrogea :

— Fant^omas, disait lady Beltham, Fant^omas, pourquoi ai-je peur ?

L’'el'egant gentleman, cependant, avait brusquement fronc'e le sourcil, s’'etait redress'e :

— Folies ! dit-il.

Il la releva, il appuya ses deux mains sur les 'epaules de sa ma^itresse, il la contraignit `a lever les yeux :

— Qu’avez-vous ma ch'erie ?

Lady Beltham r'ep'eta :

— Fant^omas, j’ai peur.

— De quoi ?

Lady Beltham plongea ses yeux dans ceux de celui qui l’interrogeait :

— J’ai peur, articula la jeune femme, j’ai peur d’^etre tu'ee et j’ai peur d’^etre tu'ee par toi, Fant^omas.

— Folies, r'ep'eta Fant^omas.

Nerveusement, cependant, encore qu’il voul^ut affecter le plus grand calme, Fant^omas jeta sa cigarette inachev'ee :

— Lady Beltham, demandait-il, je vous prie de me r'epondre en toute franchise : je vous connais assez pour savoir que vous ^etes capable de ma^itriser vos nerfs. Vous n’^etes point de ces femmes douillettes et insupportables qui ont une ^ame de poup'ee et qui toujours ont peur de tout. Pour parler comme vous venez de me parler, vous avez sans doute des raisons, des motifs s'erieux. Confiez-les-moi. Qu’y a-t-il dans ma conduite, dans ma facon d’^etre, qui puisse vous donner `a penser de semblables horreurs ?

Fant^omas venait de r'epondre, semblait-il avec une grande franchise. Il interrogeait avec ardeur, avec inqui'etude aussi.

H'elas, il avait trop de fois jou'e la com'edie. Tant de fois il s’'etait `a ce point ri des sentiments les plus sacr'es, qu’il 'etait de ceux auxquels on ne peut croire.

Lady Beltham eut un rire de folle :

— Jurez-moi que vous m’aimez !

— Lady Beltham, dit-il lentement, je vous jure que je vous aime comme au premier jour. Il y a des choses que l’on n’oublie pas et que vous avez faites pour moi, lady Beltham, je vous jure, et vous devriez savoir ce que vaut la parole de Fant^omas, que vous m’^etes sacr'ee et que je donnerais ma vie…

Il s’interrompit, car lady Beltham sanglotante, venait de tomber sur un fauteuil.

— Alors, hurla la malheureuse, alors, je ne sais pas, je ne sais plus, je ne peux pas comprendre.

Et la voix lui manquant, elle sanglotait plus d'esesp'er'ement encore. C’'etait vraiment une sc`ene tragique, d’un tragique intense, inou"i, qui se d'eroulait entre les deux amants.

En vain, Fant^omas essaya-il de consoler sa ma^itresse, en vain, s’efforcait-il de lui prouver qu’il l’aimait toujours, qu’il 'etait horrible de supposer qu’il p^ut penser au crime odieux dont on l’accusait. Par moments, sans doute, il arrivait `a calmer un peu la malheureuse, puis, il semblait qu’une pens'ee obs'edante se r'eveillait en l’esprit de lady Beltham, et elle se reprenait presque d'elirante, `a lui dire :

— J’ai peur de vous, Fant^omas, j’ai peur de vous !

Petit `a petit, cependant, usant de mots tr`es doux, proc'edant avec une d'elicatesse dont beaucoup ne l’auraient pas cru capable, Fant^omas, finit par faire avouer `a lady Beltham d’o`u provenait son attitude.

Et alors, le bandit changea de visage :

— Madame, disait-il, je ne vous aurais jamais crue capable de pareils enfantillages. Si ce sont v'eritablement les propos de cette vieille femme qui vous ont mis en un tel 'etat, je ne sais ce que je dois penser de votre force d’^ame. Je vous jure que je ne connais pas cette femme, pas plus que sa fille Rose Coutureau. Je vous jure que j’ignore cette lettre dont elle vous a parl'e. Que signifierait-elle d’ailleurs ? Pourquoi vous 'ecrirais-je pour vous annoncer un crime dont l’horreur suffit `a me faire reculer ? Oh madame, mais r'efl'echissez donc ! Pour avoir jet'e ainsi le trouble dans votre ^ame, il n’y a qu’un homme, et cet homme n’est pas moi.

— Qui est-ce donc ? demanda lady Beltham.

— Juve, r'epondit Fant^omas. Vous le savez, Juve est mon ennemi acharn'e, rien ne d'esarmera sa col`ere, rien ne saurait 'epuiser sa haine, toutes les ruses lui sont bonnes. Il croit remplir son devoir en me poursuivant, il me poursuivrait avec toutes les armes. Madame, rassurez-vous. Cette Rose Coutureau et cette vieille femme, je les retrouverai, je les ferai parler. Je saurai qui a envoy'e vers vous cette messag`ere sinistre, car elle a 'et'e envoy'ee chez vous, parbleu ! C’est trop 'evident, on le voit, cela ne fait pas de doute, pour vous amenez `a rompre avec moi ! Qui peut le vouloir ? Juve, je vous l’ai dit, mais la ruse est enfantine, madame. Je suis capable de bien des choses, je ne vous mens point en ce moment pourtant, je vous aime et cela doit vous faire plus confiante en moi, plus d'efiante aux mensonges de mes ennemis.

Fant^omas se leva, il posa `a nouveau ses deux mains sur les 'epaules de lady Beltham, il se pencha sur elle, il fr^ola de ses l`evres, le front de sa ma^itresse :

— Maud, dit Fant^omas, Maud, croyez-vous donc qu’un homme comme moi, quand il aime, n’aime pas pour la vie ? Croyez-vous donc que jamais une autre femme pourrait me s'eduire ? Croyez-vous donc que je ne sais pas, combien vous m’aimez vous-m^eme ?

Lady Beltham, gris'ee par la caresse de son amant, r'ep'eta tout bas, ce qui 'etait h'elas, la v'erit'e :

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