L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda P'erouzin.
La silhouette de Fant^omas, `a ce moment, disparaissait dans le haut de l’avenue Niel.
— Il ne va rien se passer du tout, reprit Nalorgne.
— Ou s’il se passe quelque chose, ajouta P'erouzin, c’est que Fant^omas se fera arr^eter. Parbleu, nous sommes l`a.
— Oui, nous sommes l`a ! r'ep'eta son acolyte avec fiert'e. Quand Fant^omas vient seulement se renseigner, on peut causer. Cela ne fait pas de mal, mais s’il tentait quelque chose…
Et le fantoche prit une pose farouche.
***
`A six heures du matin, Juve seulement commencait `a respirer. La nuit avait 'et'e tr`es calme, aucun incident ne l’avait marqu'ee, Fant^omas n’'etait point venu. Rien ne s’'etait pass'e, lady Beltham 'etait sauve, 'evidemment.
Juve qui, de la nuit, n’avait ferm'e l’oeil et s’'etait continuellement promen'e en compagnie de L'eon et Michel dans la galerie sur laquelle s’ouvrait la porte de la chambre de lady Beltham, se frotta les mains avec satisfaction.
— L'eon, dit-il, mon vieux L'eon, Fant^omas, pour une fois, aura eu peur de nous, aussi parbleu, nos pr'ecautions 'etaient trop bien prises. Il ne pouvait rien contre lady Beltham. Il a eu l’intelligence de comprendre qu’il valait mieux s’abstenir que de s’exposer `a un 'echec.
— Oui, dit L'eon. Et vous croyez, patron, que maintenant lady Beltham est sauve ?
— Je suis tent'e de le croire.
`A ce moment, dans la chambre o`u reposait la ma^itresse de Fant^omas, un r'eveil sonna. Juve 'etait convenu la veille avec lady Beltham que ce r'eveil sonnerait `a six heures du matin. Lady Beltham devait alors imm'ediatement se lever et ouvrir la porte au policier.
— Attention, dit Juve joyeusement. Nous allons voir la rescap'ee et peut-^etre apr`es les 'emotions de cette nuit, voudra-t-elle bien nous faire quelques confidences ?
Juve esp'erait, en effet, que, sauv'ee de Fant^omas, lady Beltham se d'eciderait `a parler. Il ajouta cependant :
— Mais soyons respectueux, laissons `a lady Beltham le temps de se lever.
Juve et les deux agents caus`erent encore quelques minutes, puis soudain Juve devint nerveux :
— Ah ca, d'eclara le roi des policiers, c’est extraordinaire. Est-ce que par hasard lady Beltham dormirait si bien que le r'eveil ne l’aurait point tir'ee de son somme ?
Juve s’approcha de la porte et frappa des coups d’abord timides, puis bient^ot plus forts.
— Lady Beltham ! appela-t-il. Lady Beltham !
Aucune r'eponse.
Les trois hommes se recul`erent, et, sans m^eme s’^etre concert'es, `a coups d’'epaule, firent sauter la porte hors de ses gonds.
`A peine, d’ailleurs, un battant 'etait-il tomb'e que Juve bondissait dans la pi`ece.
Il s’'elancait avec une imp'etuosit'e folle et, soudain, de stupeur, au milieu de la pi`ece, il s’immobilisa :
— Ah mal'ediction ! hurlait le policier.
Sur le lit de milieu, dans la chambre close, dans la chambre barricad'ee, dans la chambre o`u personne n’'etait entr'e, o`u personne, mat'eriellement, n’avait pu entrer, lady Beltham 'etait 'etendue immobile, glac'ee, morte.
19 – LA SUBTILE ASPHYXIE
Fandor 'etait depuis quelques instants arriv'e au Th'e^atre Ornano et cherchait avec peine `a d'ecouvrir le p`ere Coutureau parmi la foule des figurants, des machinistes.
Ce fut un pompier, le fameux pompier de service que l’on rencontre in'evitablement dans tous les th'e^atres, occup'e `a d'evisager les actrices, qui finit par prendre en piti'e le malheureux journaliste et lui indiqua celui qu’il cherchait.
— Voil`a M. Coutureau.
— C’est pas malheureux, grogna Fandor.
En m^eme temps il se pr'ecipita vers le brave homme et l’empoigna par le bras :
— C’est vous monsieur Coutureau ?
— Moi-m^eme, jeune homme. Qu’est-ce qu’il y a pour votre service ?
— Je viens plut^ot pour le v^otre, ripostait Fandor.
Et comme le p`ere Coutureau le regardait, interloqu'e, Fandor entra^inait le brave homme `a l’'ecart :
— C’est au sujet de votre fille Rose que je me trouve ici.
Imm'ediatement la figure du p`ere Coutureau se rembrunit.
Depuis quelque temps, le pauvre malheureux n’avait gu`ere l’habitude d’entendre parler de sa fille sans qu’il en r'esult^at pour lui des inqui'etudes ou des ennuis. Qu’allait-il encore apprendre ?
— Vous venez au sujet de ma fille ? r'epondait le p`ere Coutureau. Expliquez-vous, monsieur.
Il n’appelait plus Fandor
— 'Ecoutez, reprit Fandor, il faut que j’aille vite et droit au fait, par cons'equent t^achez de me r'epondre avec franchise.
— Mais qui ^etes-vous ?
— Quelque chose comme un policier.
La r'eponse 'etait vague et le p`ere Coutureau roulait des yeux stup'efi'es.
— Bon, bon, faisait-il, parlez !
— Voil`a, continuait Fandor. Vous avez lu les journaux ce matin ?
— Oui, monsieur.
— Vous avez vu alors que la comtesse de Blangy, ou plus exactement lady Beltham, car telle 'etait en r'ealit'e le nom de cette grande dame, 'etait morte assassin'ee ?
— Oui. Apr`es ?
Le front du p`ere Coutureau se barra d’un pli soucieux. Ce d'ebut de conversation ne laissait pr'ejuger rien de bon `a son avis. Qu’allait-il encore apprendre ?
— Eh bien, poursuivit Fandor, `a tort ou `a raison, la police se figure que votre fille est pour quelque chose l`a-dedans.
— Ma fille ? Seigneur Dieu !
Le p`ere Coutureau leva les bras au ciel, il protesta avec effarement :
— Mais jamais Rose n’a connu lady Beltham.
— C`a, faudrait pas me la faire ! Je veux bien ^etre gentil, monsieur Coutureau, mais, en revanche, ne vous payez pas ma t^ete, ca co^ute cher d’ordinaire. Votre fille n’a peut-^etre pas connu lady Beltham mais elle a s^urement connu la comtesse de Blangy, puisqu’elle l’a vol'ee.
— Elle l’a vol'ee par 'etourderie, monsieur.