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ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Bravo, s’'ecria P'erouzin, je n’aurais pas raisonn'e autrement. C’est une affaire superbe que nous allons traiter l`a.

Les deux hommes, apr`es avoir affect'e des mines farouches, reprirent des visages riants pour recevoir le p`ere Coutureau qui rentrait dans la pi`ece.

Et le voyant venir avec une bouteille, les deux amis feignirent une extr^eme surprise.

— Non par exemple ! C’est vous qui r'egalez ?

— Bien s^ur, d'eclara Coutureau.

Nalorgne et P'erouzin protest`erent :

— Mais non, mais non, nous ne pouvons pas accepter ou alors, ce sera `a charge de revanche !

D'ej`a le vieil habilleur avait rempli les verres :

— Comme vous voudrez, fit-il.

On but une premi`ere bouteille, on en but encore une autre, et le p`ere Coutureau, qui n’'etait pas avare, s’applaudissait de la d'ecision prise par sa fille quelques heures auparavant, et qui avait eu pour r'esultat de garnir tr`es copieusement sa cave.

Le plus dur toutefois 'etait `a faire, car il s’agissait de d'ecider le p`ere Coutureau `a quitter son logis et `a accompagner les agents de la S^uret'e jusque chez les mastroquets les plus proches.

Au bout de quelques instants, il s’y d'ecidait cependant :

— Si je fais des mani`eres, messieurs, d'eclara-t-il, ce n’est point pour vous fausser compagnie, mais bien parce que je tombe de sommeil. Cela se comprend, je n’ai pas ferm'e l’oeil de la nuit.

Cependant qu’il allait qu'erir son chapeau, P'erouzin dit `a l’oreille de Nalorgne.

— Vous voyez, il n’a pas ferm'e l’oeil de la nuit ! C’est le remords qui le travaille. S^urement qu’il a tremp'e dans l’affaire.

Tous trois descendirent l’escalier, gagn`erent la rue. On avisa un marchand de vin. Nalorgne paya la premi`ere tourn'ee. Le p`ere Coutureau toutefois, ne semblait gu`ere se d'ecider `a parler. Il avait dit, assurait-il, tout ce qu’il savait sur cette affaire de la fameuse lady Beltham, dont il se foutait, au fond.

Nalorgne et P'erouzin d'eployaient des efforts d’intelligence extraordinaires pour obtenir de nouveaux renseignements. Comme ils approchaient du bas de la rue Clignancourt, ils virent un rassemblement. Coutureau, en bon badaud qu’il 'etait, voulut s’en approcher, quant `a Nalorgne et P'erouzin, ils savaient ce dont il s’agissait. La foule entourait une automobile qui stationnait le long du trottoir sous la garde d’un agent. Or, cette voiture, c’'etait la leur, et d`es lors, l’id'ee leur vint qu’ils n’avaient rien de mieux `a faire que d’y faire monter le p`ere Coutureau sous pr'etexte d’une promenade et de le conduire ensuite `a la S^uret'e.

Les deux agents ne tard`erent pas `a convaincre leur invit'e de l’opportunit'e de cette promenade.

— C`a par exemple, fit le p`ere Coutureau, ce n’est pas ordinaire ! Si jamais je m’'etais dout'e que j’irais me promener aujourd’hui en automobile… J’aurais plut^ot jur'e que j’allais roupiller toute la journ'ee.

P'erouzin s’installa au volant. Nalorgne fit monter Coutureau `a c^ot'e de lui, et s’installa lui-m^eme sur le marchepied.

Par hasard, la voiture d'emarra sans difficult'e, et P'erouzin, avec audace, allait s’engager dans les rues mouvement'ees du centre de Paris, mais Nalorgne, qui 'etait la prudence m^eme, lui recommanda :

— Prenez donc par les boulevards ext'erieurs, nous aurons moins de monde et l’on pourra faire de la vitesse.

Cette derni`ere phrase avait pour but d’'epater le p`ere Coutureau, car en r'ealit'e, il ne s’agissait nullement de faire de la vitesse, mais bien d’'eviter l’'eventualit'e d’une panne dans les quartiers encombr'es o`u le prisonnier aurait pu s’'echapper facilement.

Coutureau, d’ailleurs, ne se doutait pas le moins du monde qu’il 'etait prisonnier. Il se laissait aller au charme de la promenade, et, b'eatement carr'e sur le si`ege avant, `a c^ot'e de P'erouzin, il se laissait envahir par une douce somnolence que favorisait la caresse d’air frais qu’il recevait en plein visage, tandis que la voiture avancait.

On suivit le boulevard de la Chapelle, on passa au pied de Belleville, puis on gagna la place de la Nation, et d`es lors, par les grandes avenues qui avoisinent la Bastille, les promeneurs gagnaient le boulevard Bourdon.

Tout cela, naturellement, ne s’'etait pas fait d’une traite, et l’on avait stationn'e `a maintes reprises chez les marchands de vin.

Nalorgne et P'erouzin s’'etaient pris `a ce jeu dangereux et d'esormais, le moins ivre des trois, c’'etait peut-^etre le p`ere Coutureau qui devait `a ses qualit'es professionnelles de buveur un merveilleux entra^inement.

On resta en panne boulevard Bourdon, vers six heures du soir, alors que la nuit tombait.

— C’est la magn'eto, affirma p'eremptoirement P'erouzin, cependant que Nalorgne, non moins cat'egorique, d'eclarait :

— C’est le diff'erentiel.

Il s’agissait de voir, peut-^etre m^eme d’essayer de r'eparer. Toutefois, les deux inspecteurs de police se regardaient, navr'es. Ils 'etaient descendus de la voiture, et tous deux songeaient au p`ere Coutureau qu’il ne fallait pas laisser s’enfuir.

Or, sans doute, devant bien se douter de ce qui l’attendait, il profiterait des pr'eoccupations m'ecaniques de Nalorgne et de P'erouzin pour se sauver et dispara^itre. Les inspecteurs regard`erent leur futur prisonnier.

Celui-ci ne semblait avoir aucune vell'eit'e de s’en aller. De plus en plus tass'e, enfonc'e dans la banquette rembourr'ee de l’automobile, il dormait.

Et soudain, une horloge voisine sonna six coups.

Comme s’il 'etait m^u par un ressort, le p`ere Coutureau se dressa :

— Ah nom de Dieu, six plombes d'ej`a ! fit-il. Faut que je me d'ebine, j’ai juste le temps d’aller d^iner et de monter au th'e^atre.

Et il bondit de la voiture, avec une certaine vivacit'e, tr'ebuchant d’ailleurs pourtant, car il 'etait ivre et tr`es endormi.

Mais, `a ce moment, Nalorgne et P'erouzin se pr'ecipit`erent sur lui. En l’espace d’une seconde ils lui pass`erent les menottes, puis, d’une voix solennelle, d'eclar`erent en m^eme temps :

— Au nom de la loi, je vous arr^ete !

— Hein ? qu’est-ce que vous chantez ? interrogea le p`ere Coutureau qui demeurait abasourdi.

Mais Nalorgne et P'erouzin n’avaient pas le temps de r'epondre. `A leur d'eclaration, venait de succ'eder une exclamation sardonique et railleuse. Un quatri`eme personnage qu’ils n’avaient point vu venir avait surgi soudain derri`ere eux. Cet homme avait cri'e d’une voix claironnante :

— Imb'eciles ! Vous n’^etes que des idiots !

Boursoufl'es de leur importance, Nalorgne et P'erouzin se retourn`erent. Ils virent devant eux un homme `a la robuste silhouette, v^etu modestement d’un complet sombre, coiff'e d’un chapeau melon. Il 'etait ras'e, son visage exprimait l’'energie et une flamme brillait dans ses prunelles.

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