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ЖАНРЫ

L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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— Il va l^acher prise, pensait Juve, il va se tuer.

L’horreur 'etait si bien marqu'ee, d’ailleurs, sur le visage de Fant^omas, que Juve 'eprouvait, sans m^eme sans rendre compte, une v'eritable commis'eration pour son ennemi 'epouvant'e.

— Fant^omas, cria Juve, l^achez votre revolver, il tombera au second 'etage o`u il n’y a personne. Tenez-vous bien je vole `a votre secours.

Mais que se passa-t-il alors dans l’^ame du tortionnaire ? Aux paroles de Juve, Fant^omas tressaillait violemment. On e^ut dit qu’il se r'eveillait d’un cauchemar 'epouvantable. Une crispation atroce d'efigurait ses traits.

— Juve, Juve, r^alait le bandit, vous ne m’aurez pas vivant. Jamais.

En m^eme temps, Fant^omas jeta dans le vide, non seulement son revolver, mais encore la serviette bourr'ee de billets de banque.

Un rire effroyable, un rire o`u des cris passaient, s’'echappait de sa gorge. Et Juve, impuissant, vit le bandit se dresser sur les montants de la tour, se jeter dans le vide.

— Le malheureux, s’'ecria le policier.

Mais le cri de compassion qui s’'echappait des l`evres du policier se changea en cri de rage.

— Ah mal'ediction !

Le bandit venait d’inventer une ruse derni`ere, une ruse qui le sauvait. Fant^omas ne s’'etait pas renvers'e en arri`ere dans l’ab^ime, il avait, au contraire, bondi en avant, vers la cage de l’ascenseur. C’est sur le toit de l’ascenseur, arr^et'e `a quelques m`etres de l`a, que le mis'erable tomba. Le poids de son corps 'ebranla l’appareil qui, lentement descendit vers les 'etages inf'erieurs. Et Juve, la rage au coeur, le d'esespoir dans l’^ame, ne put que hurler :

— Il s’enfuit. Il s’'echappe. Il va rattraper `a coup s^ur le portefeuille aux billets de banque.

Juve 'etait toujours cramponn'e aux poutrelles de fer. Avec des yeux o`u s’amassaient des larmes de d'epit, il voyait Fant^omas qui, sur le toit de l’ascenseur continuait `a crouler, `a dispara^itre dans la nuit.

29 – LE DERNIER MOT

Mme Granjeard, ce matin-l`a, le 31 du mois, jour de l’'ech'eance, p'en'etrait, effroyablement p^ale, dans le bureau o`u son fils Paul, bl^eme, lui aussi, alignait fi'evreusement des chiffres sur une longue feuille de papier blanc.

— Bonjour, Paul.

— Bonjour, ma m`ere.

Mme Granjeard, la porte ferm'ee, traversa le cabinet de travail de son fils, s’approcha de son bureau et l`a, debout, hautaine et autoritaire, froissant rageusement dans ses mains divers documents annot'es au crayon bleu, elle rit :

— Tu v'erifies l’'ech'eance ?

— Oui, ma m`ere. Je faisais le total des cr'eances que nous devons solder aujourd’hui.

— J’ai fait aussi ce calcul.

— Et vous avez trouv'e combien, ma m`ere ?

— Sept cent dix mille francs. Nous payons aujourd’hui la majeure partie des approvisionnements de l’usine.

— En effet, ma m`ere.

— Je voulais vous demander, maman, dit Paul Granjeard, enfin, si vous avez tenu compte de la note que j’ai laiss'ee il y a quatre jours sur votre bureau. Nous nous sommes si peu vus ces temps-ci. Sans t'emoins.

De p^ale qu’elle 'etait, Mme Granjeard 'etait devenue livide.

Lourdement, la s`eche commercante se laissait tomber sur un fauteuil ; elle ne r'epondait pas.

— Maman, continuait Paul Granjeard d’une voix qui maintenant tremblait, sans qu’il f^it rien pour la rendre plus assur'ee, maman, vous me faites peur. Voyons, vous avez bien trouv'e cette note, n’est-ce pas ? vous avez bien compris ce que je vous disais ? Je vous pr'evenais que pour faire face `a l’'ech'eance, il 'etait n'ecessaire que vous r'eunissiez les fonds qui ont repr'esent'e votre part dans la succession de mon p`ere. Je vous disais que moi-m^eme je ne pouvais liquider assez rapidement ma propre part. Vous avez cet argent, maman ?

D’une voix sourde, accabl'ee, Mme Granjeard r'epondit :

— Non.

— Vous n’avez pas r'euni les cinq cent mille francs dont vous disposez ? Ah Maman, pourquoi ? vous me faites peur. Ne savez-vous pas qu’alors, dans quelques minutes, quand on va nous pr'esenter les traites qui viennent `a 'ech'eance, nous n’y pourrons faire face. Ce sera la faillite, la ruine de l’usine. Maman, Maman, vous avez cet argent ?

Mme Granjeard, d’une voix lass'ee, bris'ee, r'epondit encore :

— Je n’ai pas un sou, Paul.

— Mais comment allons-nous faire ?

— Tu paieras. Tu feras des billets. Tu as cinq cent mille francs aussi, Paul ?

— Maman, Maman, il faut que ce soit vous qui payiez, je n’ai pas un sou.

— Je ne dispose pas d’un centime, Paul.

— Mais ce n’est pas possible, Maman, ce n’est pas possible, vous avez votre part certainement, il faut que vous payiez. Vous ne disposez pas d’un centime ? Allons donc Vous voulez sans doute me contraindre `a faire face `a cette 'ech'eance, eh, si cela 'etait possible, je ne demanderais pas mieux. Mais comprenez-moi bien, je ne mens pas. Je n’ai plus un sou. Je suis ruin'e, absolument ruin'e.

— Tu es ruin'e, mis'erable ? Qu’as-tu fait ? Comment as-tu dilapid'e cette fortune qui nous est n'ecessaire maintenant ? Allons, r'eponds.

Il y avait des 'eclairs dans le regard de la malheureuse femme, son ton 'etait fait d’un 'epouvantable d'edain, elle 'etait pr^ete `a maudire.

— Ma m`ere, vous n’avez rien `a me reprocher. Si je n’ai plus un sou, c’est que j’ai donn'e toute ma fortune `a Juve pour qu’il sauve votre t^ete de l’'echafaud.

— Tu as donn'e cinq cent mille francs `a Juve ? Mais c’est fou. C’est horrible. Moi aussi j’ai donn'e cinq cent mille francs `a ce policier.

— Ah, hurla-t-il dans un paroxysme de col`ere et de douleur, voil`a donc o`u nous entra^ine votre crime, ma m`ere ? Vous avez pay'e pour qu’on vous sauve de la justice, j’ai pay'e moi aussi et maintenant nous sommes ruin'es.

— Tais-toi. Tu fais semblant de me croire coupable. Allons donc, je connais la v'erit'e, c’est toi, Paul, qui a tu'e Didier, et si j’ai donn'e cinq cent mille francs `a Juve, c’est pour t’emp^echer de monter sur la guillotine.

M`ere et fils, debout l’un devant l’autre, stup'efaits par les r'ev'elations qu’ils venaient de se faire, ne se croyant plus, s’accusant mutuellement, demeur`erent silencieux quelques instants :

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