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ЖАНРЫ

L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Ce fut au tour de J'er^ome Fandor de sourire : dans le ton de Fant^omas, dans le soin que le bandit prenait `a se conduire en homme du monde, il reconnaissait la mani`ere habituelle de son formidable adversaire. Fant^omas aimait, le plus souvent, couvrir ses plus atroces forfaits, d’apparences aimables. Il prenait des pr'ecautions oratoires pour dire les pires cruaut'es.

— Fant^omas, r'epondit J'er^ome Fandor, mon ton sera le v^otre. Vos paroles inspireront les miennes. Pourquoi m’avez-vous fait venir ?

— Pourquoi ^etes-vous venu ?

— Je n’ai pas l’habitude, Fant^omas de n'egliger les appels que l’on m’adresse et que je peux prendre pour des demandes de secours, votre lettre 'etait 'equivoque. Je pouvais supposer qu’elle 'emanait de l’une de vos victimes ayant besoin de mon appui, je pouvais supposer aussi…

Fant^omas, de la main, interrompit le jeune homme :

— Inutile de vous justifier, je n’ai nullement l’intention de vous bl^amer. D’ailleurs, si je ne me trompe pas, vous ^etes venu ici croyant venir chez Juve. Est-ce exact ?

Fandor s’inclina :

— C’est exact.

— Vous voyez, Fandor, que je ne me suis pas tromp'e `a la tranquillit'e avec laquelle il y a deux minutes encore, quand vous 'etiez seul dans cette pi`ece, vous feuilletiez le journal.

— Vous m’observiez ?

— Je vous observais, en effet, vous n’^etes point surpris j’imagine, que l’appartement que j’habite soit quelque peu truqu'e. Vous comprenez qu’il y a des trous dans la muraille, et…

`A son tour, J'er^ome Fandor interrompait :

— Aucune importance. Que d'esirez-vous Fant^omas ?

Le bandit semblait h'esiter `a r'epondre. Il fronca les sourcils, soupira, puis, brusquement mit la main `a sa poche :

Fant^omas avait vu l’involontaire tressaillement de son visiteur. Avec une intonation bonasse, il s’empressa de le rassurer :

— Tranquillisez-vous donc, commencait-il, je ne vous veux aucun mal.

En m^eme temps il tirait de sa poche un 'etui d’argent qu’il pr'esentait `a Fandor.

— Une cigarette, voulez-vous ?

La situation 'etait embarrassante. Pour qui connaissait Fant^omas, il 'etait t'em'eraire d’accepter quoi que ce f^ut de sa part. 'Etait-ce bien une cigarette ordinaire, en effet, qu’il tendait au journaliste ? Cette cigarette n’'etait-elle pas empoisonn'ee ? Ne cachait-elle aucun artifice terrible, 'epouvantable ?

J'er^ome Fandor, consid'erant l’'etui ouvert, fut sur le point de refuser l’offre du bandit. Mais, au m^eme moment, avec sa gaminerie habituelle, J'er^ome Fandor remarquait que les rouleaux de tabac que lui offrait son interlocuteur 'etaient du meilleur aspect, semblaient provenir d’une bo^ite de tabac de luxe.

— Apr`es tout, pensa Fandor, je ne m’offre pas souvent des cigarettes de cette esp`ece, et du moment que c’est Fant^omas qui r'egale, je ne vois pas pourquoi je ne go^uterais pas `a ce tabac blond.

— Vous ^etes trop aimable, Fant^omas, j’accepte avec plaisir.

Fant^omas, au m^eme moment, venait brusquement de retirer la main :

— Au fait, murmurait le bandit, vous pourriez croire que cette cigarette est empoisonn'ee, mais je vais vous rassurer.

Et, sans attendre les protestations de Fandor, qui finissait par trouver tr`es amusant de faire ainsi des gr^aces et des politesses au Ma^itre de l’'Epouvante, Fant^omas ouvrait un tiroir de son bureau, y prenait une bo^ite de cigarettes non encore entam'ee :

— Je les ai achet'ees hier soir, au bureau de tabac de la Civette, expliquait Fant^omas, vous pouvez ^etre assur'e, la bande 'etant intacte que je ne les ai point truqu'ees.

J'er^ome Fandor 'eclatait de rire :

— D'ecid'ement, faisait-il, s’asseyant sur un fauteuil voisin, d'ecid'ement, Fant^omas, vous recevez d’une facon exquise. Tout de m^eme, pour la troisi`eme fois, je suis oblig'e de vous demander ce que vous me voulez ?

Fant^omas, en face du jeune homme, venait lui aussi, de se choisir un fauteuil. Il frotta une allumette, la tendit `a Fandor, la rejeta n'egligemment dans une coupe de cristal, puis, d’une voix chang'ee, d’une voix qui, soudain, devenait ^apre et imp'erieuse, il r'epondait :

— Ce que je veux de vous Fandor ? Un renseignement. O`u est H'el`ene ?

De surprise, d’'emotion, le journaliste s’'etait relev'e.

— Vous voulez savoir o`u est votre fille ? Je ne puis vous le dire, Fant^omas. D’abord, si je le savais, je vous le cacherais et ensuite, je ne le sais pas.

— Vous mentez, Fandor, vous savez o`u est H'el`ene.

Haussant les 'epaules, d'edaigneux, J'er^ome Fandor r'epliqua :

— Fant^omas, si vous 'etiez un homme ordinaire, quelconque, je r'epondrais `a vos paroles par une paire de gifles qui serait peut-^etre la premi`ere chose que vous n’auriez point vol'ee. Mais tr^eve de plaisanteries, vous ^etes un assassin, et je suis un honn^ete homme. Vous pensez faire bon march'e de mon existence ? et je pr'etends quelque jour, le plus vite possible, vous remettre aux mains de Deibler. La situation est nette. Vous croyez que je sais o`u est H'el`ene ? Je ne le sais pas. Je l’ai vue r'ecemment. Nous devions nous retrouver en un endroit convenu. Ce matin, j’ai recu un t'el'egramme m’apprenant qu’elle partait en voyage, ne me disant pas o`u elle se rendait. Voici tous les renseignements que je puis vous donner.

D'ej`a, Fant^omas semblait changer d’attitude.

— Vous mentez, r'ep'eta-t-il. Cela va vous co^uter cher, Fandor. Je vous donne cinq minutes pour r'efl'echir.

— C’est beaucoup trop, fit Fandor.

— Cinq minutes pour comprendre que votre situation ne vous permet pas de vous refuser `a me renseigner, continua Fant^omas. Je vous donne ma parole que, de deux choses l’une : ou vous allez me dire o`u est H'el`ene et vous sortirez d’ici sans qu’aucun malheur ne vous soit arriv'e, ou vous vous obstinerez `a garder le silence, et je vous tuerai impitoyablement.

J'er^ome Fandor, qui 'etait debout, se rasseyait en entendant ces mots. Il tira sa montre avec un flegme imperturbable, et d'eclara :

— Il est exactement 11 heures 5, Fant^omas, `a 11 h. 10, vous me tuerez.

Tel 'etait le calme de Fandor, telle 'etait la tranquillit'e avec laquelle il parlait, que Fant^omas se m'eprenait `a sa pens'ee :

— J'er^ome Fandor, hurla presque le bandit, incapable de ma^itriser plus longtemps sa col`ere, vous vous imaginez sans doute que je plaisante ? Vous croyez que je n’oserais point vous tuer ? Vous assassiner comme vous dites ? Ici, dans cette maison ? Vous comptez sur le secours de ma domestique, des voisins ? Ah c`a, oubliez-vous donc que je suis de ceux qui ne laissent rien au hasard ? Allons, rendez-vous compte vous-m^eme. Heurtez ces murs, vous verrez qu’ils sont matelass'es, heurtez le plancher, vous verrez que je l’ai fait matelasser encore, et le plafond aussi est matelass'e ; cette pi`ece o`u je vous ai attir'e est silencieuse comme un s'epulcre. Ma domestique est sortie, les voisins n’entendront point vos cris.

— O`u diable avez-vous vu que j’aie jamais cri'e ? interrompait Fandor. Fant^omas, vous perdez le sens. Vous jouez les croquemitaines devant moi, c’est idiot. D’ailleurs, nous perdons du temps, il est maintenant 11 h. 7, et dans trois minutes, vous allez me tuer. Pr'eparez-vous, vous serez en retard.

Les moqueries de Fandor n’avaient qu’un effet : elles amen`erent Fant^omas `a ma^itriser sa col`ere. C’'etait d’un ton pos'e qu’il insista :

— J'er^ome Fandor, r'efl'echissez bien. Ne vous trompez pas au sens de mes paroles. Je n’ai jamais renonc'e `a l’un de mes projets. Dites-moi o`u est H'el`ene, ou pr'eparez-vous `a mourir. Rien ne peut vous sauver. Nous sommes seuls. Je suis seul avec vous et par cons'equent…

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