Чтение онлайн

ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
Шрифт:

— Un petit bravo pour l’orateur, r'epondit Fandor.

Mais, gavroche comme il l’'etait, le journaliste, bien entendu, ne voulait pas se plier `a la consigne.

— Plus souvent, pensait-il, que je vais me mettre en rang, pour aller au r'efectoire. Il m’emb^ete, le pion.

Fandor, sans s’occuper des appels qu’on lui adressait, s’'ecartait du groupe des voyageurs et entreprit de remonter le long du train pour se rendre compte des d'eg^ats que lui avait occasionn'e la chute des branches incendi'ees.

— C’est 'epatant, pensait-il, rien n’a br^ul'e. C’est mieux ignifug'e qu’un d'ecor de th'e^atre.

Mais, brusquement, comme il suivait l’une des grandes voitures qui composaient le Sud-Express, voil`a que Fandor tressaillit. Tout le monde avait d^u descendre du train. Il avait entendu des employ'es contraindre les voyageurs les plus r'ecalcitrants `a quitter leurs compartiments. Or, Fandor apercevait pr'ecis'ement, `a l’int'erieur de l’un des wagons, deux individus, deux individus qui ouvraient une valise, qui semblaient y fouiller, qui y fouillaient m^eme certainement.

— Qu’est-ce qu’ils font, ces cocos-l`a ? pensait Fandor.

Il allait monter d’autorit'e `a bord de la voiture, pour aller constater quels 'etaient les voyageurs demeur'es dans le train en d'epit des r`eglements, lorsqu’il crut entendre, tout pr`es de lui, deux voix qui murmuraient :

— Dis donc, est-ce qu’ils y sont, les copains ?

— Tout ce qu’il a de plus, mon vieux. Ah, la belle combine. On va en faire un chopin [3] !

Cette fois, Fandor ne put plus h'esiter. Il se baissa, il regarda en-dessous des wagons, de l’autre c^ot'e du train, il apercut les jambes de deux individus qui se h^ataient, marchant vers la locomotive.

— Bougre de bougre, jura Fandor, mais si je ne suis pas compl`etement fou, il me semble que la chose est claire, il y a ici une bande d’individus qui profitent de l’incendie pour piller les bagages.

Et Fandor, songeant `a la face de l’homme qu’il avait rencontr'e lorsqu’il allait au lavabo, avec un de ces subits rappels de m'emoire que l’on a parfois, se rappelait le nom de l’homme :

— Mais, sapristi, se disait-il `a lui-m^eme, je sais qui c’est. C’est mon ancien professeur, c’est le p`ere Grelot, le ma^itre de vol `a la tire, en personne.

Et Fandor prit sa course. Depuis qu’il s’occupait d’affaires polici`eres, il avait acquis un v'eritable flair, un v'eritable instinct, qui lui permettait de deviner, de pressentir les drames, les affaires louches.

— Il se passe ici, murmurait Fandor, quelque chose d’invraisemblable, de tr`es peu catholique. T^achons de voir quoi.

Fandor, que les employ'es, fort occup'es `a rassembler les voyageurs, ne surveillaient gu`ere, s’'elanca vers la locomotive. Le journaliste venait habilement de d'ecider une manoeuvre fort simple. Puisque les individus qui causaient de l’autre c^ot'e du train, se dirigeaient eux-m^emes vers la machine, Fandor allait passer devant cette machine, et forc'ement les rencontrer, les voir et peut-^etre les reconna^itre.

Ce plan 'etait peut-^etre bien combin'e, il ne devait pas r'eussir cependant. En effet, au moment m^eme o`u J'er^ome Fandor arrivait `a la hauteur de la machine, le train d'emarrait.

— Je suis sem'e, se dit Fandor.

Mais il 'etait bien trop t^etu pour renoncer `a une chose, une fois d'ecid'e `a un projet. Comme le train d'emarrait, J'er^ome Fandor, le plus lestement du monde, sautait sur le marchepied du fourgon `a bagages attel'e au tender.

— Attention, se dit en m^eme temps le journaliste. Il ne s’agirait pas que je me fasse pincer l`a-dessus, on s’imaginerait `a coup s^ur que moi-m^eme je suis cambrioleur.

Le train, d'ej`a, roulait plus vite. Fandor, cramponn'e `a une main-courante, r'efl'echissait `a la conduite qu’il devait tenir, lorsqu’un grand cri, un cri d’homme 'epouvant'e, un cri qui s’'etouffait imm'ediatement, retentissait `a ses oreilles.

Fandor pr^eta l’oreille, mais il n’entendit plus rien. Seulement, le train acc'el'erait sa marche. Alors qu’il e^ut 'et'e logique, 'etant donn'e que le remblai 'etait d’une solidit'e douteuse, que le convoi pass^at tr`es lentement, il marchait `a toute allure.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? pensa Fandor.

`A ce moment, sur le tender, une figure apparaissait, une figure que le journaliste reconnut :

— Je suis foutu, pensa l’ami de Juve, s’il me voit… Mais c’est B'eb'e qui est l`a. Est-ce donc la bande de Fant^omas qui…

J'er^ome Fandor, comme toujours, 'etait victime de son courage. Au moment m^eme o`u il reconnaissait le terrible apache B'eb'e, il abandonna le marchepied du fourgon `a bagages.

R'eussissant des prodiges d’adresse et risquant vingt fois de se laisser tomber sur la voie o`u il e^ut 'et'e infailliblement 'ecras'e, n'egligeant les flamm`eches que l’incendie, redevenu tout proche, lui jetait au visage, J'er^ome Fandor parvint, par les tampons d’attelage, `a se hisser sur le tender. Le train, `a cette minute, lanc'e `a toute vapeur, marchait `a folle allure. J'er^ome Fandor se cramponna sur les briquettes de charbon. Il glissait en avant, il allait apercevoir les m'ecaniciens, lorsqu’un cri d’horreur s’'echappait de sa gorge.

Devant lui, `a quelques centim`etres peut-^etre, cach'es par une manne d’osier dans laquelle du charbon 'etait empil'e, J'er^ome Fandor d'ecouvrait, quoi ? Deux cadavres, les cadavres du chauffeur et du m'ecanicien.

— Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

Au risque de tomber, Fandor se dressait tout `a fait, il 'etait `a moiti'e du tender. Il allait voir ceux qui conduisaient la machine maintenant. J'er^ome Fandor vit. Mais, au moment m^eme o`u il distinguait les traits de ceux qui dirigeaient le convoi, o`u il reconnaissait avec une horreur sans nom les deux terribles criminels qu’'etaient le Bedeau et B'eb'e, les deux lieutenants de Fant^omas, J'er^ome Fandor se sentit brusquement pris aux 'epaules, courb'e en avant avec une force irr'esistible.

La t^ete du malheureux journaliste heurtait des briquettes de charbon, puis une main se posa sur son cr^ane, on l’'etouffait en l’appuyant contre le poussier. J'er^ome Fandor entendit `a peine une voix qui murmurait :

— Lie-lui les pattes. Tiens bon. Ah mince alors, son compte est clair `a celui-l`a. Tu te rappelles les instructions ?

Fataliste et philosophe, J'er^ome Fandor se dit :

— Eh bien, voil`a. Je suis foutu. Ca devait arriver.

Le train filait toujours `a toute allure.

16 – 'ECLAIRCISSEMENTS OU COMPLICATIONS

« Monsieur le pr'esident. Messieurs,

« C’est au nom de la Soci'et'e moderne, de la Morale, au nom de l’'Equit'e, que je requiers aujourd’hui contre le pr'evenu que vous avez amen'e `a cette audience, l’application rigoureuse de la loi. Il faut que la justice se montre, non seulement s'ev`ere, mais encore impitoyable. Il est temps de r'eprimer toutes ces d'epr'edations et d’en finir avec les malfaiteurs que n’arr^ete aucune interdiction et que n’'emeut aucun ch^atiment. »

Поделиться с друзьями: