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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Mais le cavalier connaissait, probablement pour l’avoir maintes fois suivie, la route qu’il avait emprunt'ee cette nuit. C’est avec une main ferme qu’il dirigeait sa monture, il ne paraissait avoir aucune difficult'e `a s’orienter et, ne prenait souci de rien, sauf des trois b^etes qu’il sifflait par moments, et par moments encore, encourageait de la voix :

— Ta"iaut ! petits ! l`a ! c’est beau ! et n’aboyez pas !

Les chiens, superbes b^etes, comprenaient avec une intelligence quasi-humaine les recommandations de leur ma^itre. `A sa voix, de brefs frissons leur couraient le long de l’'echine. Leur t^ete f'eroce se levait vers lui, dans leurs yeux un regard d’affection brillait et puis ils sautaient vers lui comme pour qu^eter une caresse, une flatterie de la main, et cela en poussant un court grognement rauque qui, sans doute, affolait le cheval, car la b^ete alors pointait, ruait et force 'etait au cavalier de la calmer, de la pousser en avant en usant de toute sa vigueur.

— Dr^ole d’endroit ! dr^ole de course disait `a haute voix le cavalier, qui maintenant souriait presque. Je me demande si je n’ai point tort de faire ce que je vais faire et si je n’emploie pas des moyens trop romanesques. J’aurais pu d'eposer ma trouvaille chez lui. Mais serait-ce prudent ? Il hospitalise sans cesse n’importe qui. Si par hasard il n’'etait pas seul cette nuit je risquerais de lui faire cette restitution pour qu’un autre en profite. Tant pis, je vais l’intriguer un peu. Le jeu en vaut d’ailleurs la peine.

Le cavalier soudain interrompait son monologue brutalement, il venait d’arr^eter sa monture, net, au tournant d’un ravin.

— Tiens ! fit-il presque `a voix haute, je suis arriv'e ? c’est curieux comme la nuit les distances paraissent plus courtes que le jour. J’'etais si absorb'e par mes r'eflexions qu’en v'erit'e je ne me doutais nullement que j’'etais d'ej`a au carrefour. Allons ! D'ecidons-nous…

D’un mouvement souple, d’un saut l'eger qui e^ut prouv'e `a qui ne s’en serait pas encore apercu qu’il 'etait jeune, tr`es jeune, le myst'erieux cavalier qui ce soir-l`a chevauchait sur les plateaux d'eserts des collines qui avoisinent la ville de Durban, descendit de cheval.

Il r'efl'echit quelques instants.

Puis, de l’une des fontes de la selle il tira une longe, la passa `a la gourmette du mors, puis il attacha l’extr'emit'e de la corde `a la branche basse d’un arbre.

— L`a, mon ami, d'eclara-t-il, et t^achez de ne point hennir.

Son cheval attach'e, le cavalier maintenant s’occupa des chiens. Il les siffla, les rassembla : en un tour de main il passa au collier des trois superbes animaux une autre corde, qu’il attacha aussi `a un arbre voisin.

— Et maintenant nous allons rire, s’'ecria le cavalier de la nuit.

Ses chiens attach'es, il revint vers son cheval et ouvrit soigneusement un paquet pris au trousquin de sa selle. Ce paquet d'efait, il alla le faire flairer aux chiens…

— Voyez cela, mes petits amis, leur dit-il, `a voix basse et comme persuad'e que les b^etes devaient comprendre ses paroles, c’est de la viande, de la bonne viande, et comme il y a toute une journ'ee que vous n’avez mang'e, j’imagine qu’elle vous fera plaisir.

Le cavalier tenait, en effet, un quartier saignant de viande rouge. S’'eloignant alors des chiens qui tiraient sur la corde, le cavalier se dirigea alors vers une maison noy'ee dans l’ombre, une ferme, une cahute plut^ot. Le cavalier s’en approcha, prenant garde de ne faire aucun bruit.

Il ne manifesta d’ailleurs aucune h'esitation et, d’une main s^ure, il d'ecrocha la cheville de bois qui retenait les volets.

— C’est sa chambre, murmura-t-il, et il passa la t^ete par la fen^etre :

`A droite, contre le mur, une table. Plus loin, une chaise sur laquelle des v^etements 'etaient pos'es. Enfin, au fond de la chambre un lit, un grabat plut^ot.

Un homme sommeillait lourdement.

— Quel r'eveil il va avoir, pensait le cavalier.

Et, disant cela, le jeune homme avait jet'e `a l’int'erieur de la pi`ece, le quartier de viande qu’il tenait toujours. Le dormeur ne s’'etait pas r'eveill'e.

Ce devait ^etre ce qu’avait esp'er'e le cavalier car il se frotta les mains, satisfait, cependant qu’une sorte de rire muet lui 'eclairait le visage :

— Mon vieux Jupiter, dit-il `a mi-voix, dans cinq minutes vous allez avoir grand peur, mais dans une demi-heure, j’imagine qu’un autre sentiment va s’emparer de vous.

***

'Etrange type que le bon n`egre Jupiter, ami de la famille Hans Elders. La nature qui l’avait dou'e d’une force hercul'eenne, l’avait, en m^eme temps, dot'e de cette sorte de bonhomie enfantine, de cette na"ivet'e du Bon Noir des l'egendes.

Jupiter, enfant du hasard, qui n’avait jamais connu tr`es exactement ses parents, s’'etait 'elev'e un peu tout seul. De bonne heure il avait 'et'e, au cours d’une razzia, emmen'e loin du village cafre o`u il avait vu le jour.

Jupiter, dans la bonne, comme dans la mauvaise fortune, 'etait rest'e le m^eme. Son 'egalit'e d’humeur 'etait parfaite et il 'etait toujours enjou'e malgr'e tout.

Il avait, `a vrai dire, des col`eres terribles, des paroxysmes de chagrin et de d'esespoir, mais l’espace d’un quart d’heure. Jupiter tenait `a bien manger, `a mieux boire, `a dormir tranquille, il n’aimait pas exag'er'ement travailler, et n’e^ut 'et'e l’amour ardent qu’il professait pour ce qu’il appelait son noble m'etier de boxeur, il aurait pass'e sa vie dans un farniente tranquille, dans une oisivet'e monotone et plaisante.

Jupiter pourtant avait 'eprouv'e un violent chagrin, lorsqu’un voleur inconnu l’avait d'epouill'e de la riche bourse de son dernier match. Mais, une heure apr`es le vol, il n’y songeait m^eme plus.

On lui avait d'erob'e sa bourse, c’'etait vrai, mais il lui restait en somme une parure de chemise, ainsi que le bracelet d’or, et Jupiter qui ne connaissait pas exactement la valeur de l’argent, n’'etait pas 'eloign'e de consid'erer qu’il 'etait pr'ef'erable qu’on lui e^ut vol'e les cent mille francs plut^ot que son bijou qui valait une fortune.

Jupiter n’avait donc perdu ni le boire ni le manger. Moins encore, il n’avait pas perdu ses qualit'es de dormeur extraordinaire.

Et dans son lit, dans la cahute qu’il occupait, une cahute qu’il avait 'elev'ee lui-m^eme, on ne savait trop pourquoi dans ce ravin isol'e, il dormait b'eat, en homme qui n’a aucun souci et qui r^eve `a un festin gigantesque.

Et dans ce r^eve d’un bonheur fou, Jupiter `a l’imagination gargantuesque, go^utait des plaisirs impossibles et irr'eels…

Soudain, comme il 'etait en train d’attaquer un p^at'e 'enorme o`u quelque cuisinier avait, dans une p^ate croustillante et dor'ee, enferm'e un mouton entier, il sursauta… des cris rauques avaient retenti, il avait senti sur son corps quelque chose de lourd et de remuant s’abattre par trois fois.

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