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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Or, les deux hommes en t^ete `a t^ete, entre quatre murs, avaient eu une longue conversation qui n’avait 'et'e suivie d’aucune tentative d’arrestation, aucune tentative d’assassinat.

Certes, les deux hommes au cours de leur entretien s’'etaient tenus sur une prudente r'eserve et m'efi'es l’un de l’autre, mais en r'ealit'e les circonstances 'etaient telles qu’ils avaient 'et'e oblig'es de s’'epargner mutuellement.

Fant^omas tenait Juve par le secret du lieu o`u vivait Fandor.

Fant^omas 'etait tenu par Juve, car il avait besoin de son indulgence et de sa neutralit'e pour retrouver dans la r'egion m^eme o`u il savait Fandor, un ^etre 'eminemment cher `a son coeur. Et pour le d'ecouvrir il avait besoin de la complicit'e, tout au moins de l’inaction provisoire du c'el`ebre policier.

Les deux hommes avaient donc conclu un pacte tacite et le premier 'episode de leur action commune avait 'et'e de prendre passage `a bord du British Queen, o`u Juve s’'etait inscrit sous le nom de Duval et Fant^omas sous celui de Smith.

Ces adversaires, plus que jamais irr'econciliables malgr'e tout, s’'etaient mutuellement surveill'es lors de l’embarquement. Ils ne s’'etaient pas perdu de vue tout le temps que le navire avait mis `a appareiller et c’'etait seulement une fois celui-ci hors de vue des c^otes, qu’ils avaient tant soit peu rel^ach'e leur mutuelle surveillance.

Quelle allait ^etre d'esormais leur existence pendant les vingt-deux jours de constante cohabitation qu’ils allaient vivre `a bord du paquebot ? Malgr'e les promesses 'echang'ees, Fant^omas redoutait la col`ere de Juve, et Juve se m'efiait de la mauvaise foi de Fant^omas. L’un et l’autre peut-^etre, d`es le lendemain du d'epart, avaient d’excellentes raisons pour se confirmer dans leurs inqui'etudes respectives, car apr`es la sc`ene des cabines, ils cess`erent compl`etement de se voir.

Fant^omas 'etait devenu introuvable et Juve avait disparu. L’on se demandait m^eme dans le voisinage de leurs cabines, qui pouvaient bien ^etre cet 'etrange M. Duval et ce bizarre M. Smith, car ni l’un ni l’autre n’occupaient leurs appartements respectifs.

***

`A quelques jours de l`a, cependant qu’au lointain s’estompaient les c^otes du Portugal et que la chaleur de plus en plus vive annoncait l’approche de l’Afrique, deux hommes, dans l’entrepont, 'etaient accoud'es sur la main courante qui permettait de se pencher sur la chambre des machines.

C’'etait un matelot anglais, un type de vieux loup de mer `a la barbe grise en collier, au teint brique h^al'e par la brise et un individu aux allures de cocher de bonne maison qui, profitant, semblait-il d’un certain loisir, avait n'eglig'e de faire la toilette de son visage et d’^etre ras'e ainsi qu’il convient.

Les deux hommes venaient de lier connaissance et s’entretenaient cordialement.

— Moi, d'eclarait le matelot, j’en ai encore pour deux jours, car nous allons arriver aux ^Iles et j’y d'ebarquerai.

— Je vais plus loin, assurait le cocher. Mon patron est vice-gouverneur du S'en'egal, il m’a fait demander voici trois semaines. Nous reviendrons d’ailleurs bient^ot en Europe.

Le matelot hocha la t^ete cependant qu’il consid'erait sournoisement son interlocuteur dont il identifiait difficilement les traits, vu la p'enombre qui r'egnait dans l’entrepont.

Leur conversation, d’ailleurs, 'etait rendue difficultueuse par le bruit des machines, qui, tr'epidantes et pouss'ees `a pleins feux, produisaient autour d’elles un vacarme aussi r'egulier qu’assourdissant.

Apr`es une pause, le cocher interrogea :

— Ce sont des

« compound », n’est-ce pas, `a quadruple extension ?

— Oh oui, dit le matelot, sans aucun doute.

Le marin, tout en bourrant une pipe, dut 'ecouter encore l’interrogation de son interlocuteur.

Celui-ci, pr'eoccup'e, semblait-il, du m'ecanisme de la machine `a vapeur, interrogeait :

— N’entendez-vous pas des petits chocs qui semblent faire vibrer toute la m'ecanique ?

— Oh ! r'epliqua encore le marin, cela n’a aucune importance. Ces bruits sont tr`es normaux dans des machines aussi puissantes que celles du British Queen.

— Tr`es normaux, tr`es normaux. C’est `a savoir ? Ces chocs m’'etonnent, ils n’ont pas l’air tr`es naturels…

Le matelot haussa les 'epaules :

— Vous n’y entendez rien, la machine va tr`es bien ; moi qui suis marin, je m’y connais, tandis que vous…

Le matelot dut interrompre sa d'eclaration car, au moment m^eme o`u il parlait, des coups de sifflets stridents transmettaient des ordres `a la chaufferie et, quelques instants apr`es, une des machines ralentit, puis s’arr^eta.

C’'etait pr'ecis'ement celle qui produisait le bruit insolite qu’avait remarqu'e le cocher.

Le cocher interrogea un quartier-ma^itre qui passait et celui-ci expliqua :

— Vous avez raison, il y a en effet une l'eg`ere avarie `a la machine de b^abord. Ces claquements m'etalliques que vous avez entendus, proviennent soit d’un segment qui bouge, soit du piston qui est desserr'e. Mais ce n’est rien du tout.

Cependant que le matelot prenait une mine fort 'etonn'ee, le cocher lui mettait la main sur l’'epaule, puis, se penchant `a son oreille, il murmurait d’un ton ironique :

— Fant^omas, il est inutile de chercher `a m’illusionner plus longtemps. Voil`a trois jours que je vous piste… Assur'ement, vous ^etes merveilleusement grim'e en marin et votre voix elle-m^eme est m'econnaissable, mais lorsqu’on prend la peau d’un personnage, il faut pouvoir en jouer le r^ole d’une facon absolue. Or, mon brave matelot, vous ignorez compl`etement le moindre d'etail des machines `a vapeur et c’est… un vulgaire cocher qui doit vous donner une lecon.

Fant^omas, car c’'etait lui en effet d'eguis'e en matelot, se mordait la l`evre, dissimulant son d'epit, il r'epliqua :

— Cette lecon, je la recois, non pas d’un vulgaire cocher… mais bien de mon adversaire… le policier Juve. Vous m’avez d'ecouvert… sans doute… je vous ai identifi'e aussi. Mais il ne me pla^it pas que vous passiez votre temps `a m’espionner. Vous avez ma parole d’honn^ete homme…

— Pardon, j’ai la parole de Fant^omas. Ce n’est peut-^etre pas tout `a fait la m^eme chose.

Sur ce, les deux interlocuteurs furent s'epar'es un instant par l’irruption dans l’entrepont d’une 'equipe de m'ecaniciens.

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