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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Quand vous voudrez.

— Soit, poursuivit l’officier en mettant la main `a sa poche de revolver, tout de suite…

— O`u cela ? demanda simplement Fandor.

Le lieutenant avait sans doute l’habitude de ces duels `a l’am'ericaine.

— Dans le jardin du cercle. Monsieur.

Autour des deux adversaires, on chuchotait, on haussait les 'epaules.

De semblables altercations 'etaient fr'equentes dans un milieu aussi m'elang'e.

Toutefois, peu de gens partageaient l’opinion de l’officier. Le joueur heureux avait de la chance, et voil`a tout. Il ne trichait certainement pas.

Mais la partie pouvait reprendre sans les deux hommes qui avaient d'ecid'e de se battre. C’'etait l’essentiel.

Le lieutenant Wilson Drag, cependant montrait avec courtoisie le chemin `a Fandor et celui-ci se disposait `a quitter la salle de jeu, lorsqu’une voix claire et jeune, nettement timbr'ee, articula :

— M. J'er^ome Fandor.

— Qu’y a-t-il ? r'epliqua le journaliste en se retournant tout d’une pi`ece.

C’'etait Teddy qui l’interpellait.

— Monsieur J'er^ome Fandor, reprit l’adolescent, vous ne pouvez pas vous battre avec monsieur.

Teddy d'esignait le lieutenant Wilson Drag.

— Ah ! balbutia Fandor interloqu'e, pourquoi donc ?

— Parce que, reprit Teddy qui s’efforcait d’affermir sa voix l'eg`erement tremblante, parce que cet officier est d'eshonor'e.

Une violente rumeur s’'eleva dans la salle.

D'esormais le jeu s’interrompit `a toutes les tables, on s’empressa autour des trois acteurs du drame. L’officier devenu bl^eme interpellait `a son tour Teddy avec une nuance de reproche :

— Comment ? c’est vous, Teddy mon ami… vous qui d'eclarez une semblable chose ? je vous somme de vous expliquer.

L’adolescent ne paraissait pas autrement troubl'e.

— Je dis, reprit-il, que le lieutenant Wilson Drag est d'eshonor'e. C’est un voleur en effet, il a d'erob'e, voici sept jours, les dix mille livres sterling gagn'ees par le n`egre Jupiter. Vous comprendrez, messieurs, qu’on ne peut pas se battre avec cet homme.

— Des preuves, criait-on, des preuves.

Teddy haussant sa petite taille sur la pointe de ses pieds, montra quelqu’un qui s’approchait du groupe :

— Demandez, fit-il, `a M. Hans Elders, si ce que j’avance est exact ? Le vol a 'et'e commis chez lui… Jupiter a port'e plainte contre inconnu, sur la demande de M. Hans Elders qui a, je crois, accord'e quarante-huit heures au lieutenant Wilson Drag pour r'eparer… Il n’a pas r'epar'e.

`A l’'emotion de la foule succ'edait une stupeur muette. De l’air d’un homme qu’accable un aveu, Hans Elders venait de reconna^itre :

— Notre ami Teddy, dit la v'erit'e, messieurs, j’ai chass'e de chez moi le lieutenant Wilson Drag, alors qu’il venait de commettre ce vol…

— Non, hurla brusquement le malheureux officier, non, monsieur Hans Elders, je vous le jure sur la t^ete de ma m`ere, comme je vous l’ai d'ej`a jur'e, je suis innocent… je suis innocent…

— Taisez-vous, cria une voix brutale.

L’officier se retourna.

— Ah, mon Colonel, vous qui me connaissez ?

Derri`ere le lieutenant venait en effet de se dresser le colonel Moriss, commandant en chef l’escadron des lanciers de la Reine auxquels appartenait Wilson Drag.

Le colonel, tr`es 'emu, tordait sa moustache blanche et ne r'epondit pas `a l’imploration de son subordonn'e :

— Monsieur, fit-il, j’ignorais le crime dont vous ^etes accus'e. Mais le scandale est d'esormais public et pour l’honneur de l’uniforme il faut que la lumi`ere 'eclate pleine et enti`ere. Nous vous r'ehabiliterons si vous ^etes innocent, mais vous serez ch^ati'e si vous ^etes coupable… Capitaine Bulcher, je mets d'esormais le lieutenant Wilson Drag sous votre surveillance, vous en ^etes responsable.

Le capitaine Bulcher, un colosse au teint basan'e, qui 'etait officier de l’arm'ee indig`ene, prit par le bras le lieutenant et l’entra^ina hors des salles de jeu.

Dans celles-ci, en d'epit des efforts des croupiers, le baccara 'etait d'esert'e.

De tous c^ot'e on interrogeait Hans Elders et Teddy, et Fandor.

H'elas, des explications fournies par les deux premiers, il ne pouvait subsister de doute pour personne.

L’officier Wilson Drag 'etait bien coupable, on l’avait pour ainsi dire pris en flagrant d'elit et c’'etait m^eme son futur beau-p`ere, – puisque le lieutenant devait 'epouser Winifred – qui avait 'et'e oblig'e de le chasser.

Cependant que Hans Elders donnait d’abondantes explications sur le scandale, Teddy, que cette singuli`ere ex'ecution dont il avait 'et'e le principal auteur, devait remuer, se renfermait de plus en plus dans un mutisme maussade. Profitant d’un moment o`u il cessait de retenir l’attention, il s’esquiva du cercle.

Fandor s’'elanca `a sa poursuite et le rattrapa au vestiaire.

Ne voulant point lui montrer, par ses premi`eres paroles, le fond de sa pens'ee, ni lui laisser deviner ses appr'ehensions, il l’interpella sur un ton jovial :

— Eh l`a, mon ami Teddy ?

— Que me voulez-vous, monsieur Fandor ?

— Dieu, quel air tragique. Vous avez l’air bien press'e de partir ? Voulez-vous que nous allions fumer une cigarette ensemble ?

— Dans un salon 'ecart'e, si vous le voulez bien.

Les deux jeunes gens se retrouv`erent, en t^ete `a t^ete, dans la salle de lecture, vide : il 'etait deux heures du matin.

Le journaliste bouillant d’impatience interrogea :

— Cette fois m’expliquerez-vous ?

— Quoi ? fit Teddy en ouvrant de grands yeux 'etonn'es, limpides et si innocents, que Fandor en demeura surpris.

— Mais… votre attitude… votre facon d’^etre.

— Je vous ai tir'e d’affaire, murmura simplement Teddy, en vous 'evitant un duel avec le lieutenant Wilson Drag qui, certainement, vous aurait 'etendu raide mort, avant que vous n’ayez lev'e le doigt.

— Grand merci, r'epliqua Fandor, je dois reconna^itre que vous vous trouvez toujours l`a lorsqu’il s’agit de me tirer d’affaire. Mais, v'eritablement, vous ^etes trop aimable, et cette sympathie exag'er'ee commence `a me peser. D’ailleurs si vous avez accus'e le lieutenant Wilson Drag de ce vol, c’est que vous le savez coupable ?…

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