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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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C’'etait le seul 'etablissement qui ne fermait point de la nuit et o`u l’on pouvait boire, jouer et fumer `a son aise.

Les salons du rez-de-chauss'ee 'etaient r'eserv'es aux gens qui voulaient paisiblement lire les journaux et les revues. Mais, au premier 'etage, un brouhaha intense 'etait de rigueur, notamment dans la grande salle du baccara o`u cinq tables ne ch^omaient pas.

Les femmes n’'etaient pas admises, mais les hommes, sans distinction de profession ou d’origine, pouvaient s’y r'eunir, du moment qu’ils avaient acquitt'e le droit d’entr'ee.

Le comit'e du cercle, toutefois, 'etant compos'e en majorit'e d’Am'ericains, l’entr'ee de ces locaux 'etait formellement interdite `a tout homme de couleur. Mais la plus grande latitude 'etait accord'ee aux blancs et jamais on ne se pr'eoccupait de leur 'etat civil, encore moins de leur casier judiciaire.

Fandor, sit^ot arriv'e dans l’immense salle, avait reconnu quelques t^etes famili`eres.

Machinalement, comme invinciblement attir'e vers lui, il s’'etait rapproch'e de l’homme dont il avait 'et'e toute une semaine le modeste employ'e. Fandor avait apercu, vautr'e dans un fauteuil de cuir, le chercheur de diamants Hans Elders, ample, `a demi assoupi, fumant b'eatement un cigare voluptueux.

— Celui-l`a, s’'etait dit le journaliste, je le conna^itrai. Et il avait ajout'e :

— Peut-^etre m^eme… le reconna^itrai-je ?…

En pensant ainsi, Fandor, malgr'e lui, songeait `a Fant^omas, si expert, si subtil dans l’art des travestissements. Fandor, de son regard perspicace et chercheur, d'etaillait les moindres traits du visage de cet homme, interrogeait ses gestes, sa silhouette. Hans Elders 'etait-il Fant^omas, ainsi que Fandor le redoutait `a la fois et l’esp'erait ? Mais non, ce personnage, myst'erieux peut-^etre, lui 'etait, `a coup s^ur, inconnu. Ce n’'etait pas Fant^omas.

Fandor, pour avoir la tenue d'ecente et correcte exig'ee par les r`eglements du cercle, avait d^u faire un rude accroc `a son modeste capital et le journaliste qui, de propos d'elib'er'e, avait renonc'e `a sa profession de ratisseur de terre, profession modeste sans doute, mais assez lucrative – car chaque ouvrier touche une prime d`es qu’il trouve un diamant, et le cas est fr'equent, – se rendait compte qu’il ne pourrait mener longtemps une existence oisive de snob, sans avoir `a pourvoir aux n'ecessit'es de son existence mat'erielle.

Quelques livres sterling se trouvaient encore au fond de sa poche et le journaliste qui, machinalement, les remuait dans ses mains, se disait qu’apr`es tout, il aurait peut-^etre tort de ne pas risquer la chance et de se tenir perp'etuellement loin du fameux tapis vert.

Fandor, qui n’'etait pas joueur, 'etait superstitieux et il savait que le proverbe dit :

« Aux innocents, les mains pleines. »

C’'etait le baccara le plus simple et le plus net.

Fandor, apr`es avoir observ'e que le tableau de droite gagnait d’une facon `a peu pr`es r'eguli`ere depuis quelques instants, d'ecida, par esprit de contradiction et peut-^etre parce qu’il faisait un subtil raisonnement, de jouer sur le tableau de gauche.

Il risqua une livre sterling, une fois… deux fois… trois fois. D`es lors, Fandor 'etait pris dans l’engrenage, d’autant plus qu’il gagnait. Le journaliste comprenait le jeu.

Il s’agissait d’avoir neuf ou tout au moins le chiffre l’approchant le plus pr`es, et cela avec deux cartes, trois au maximum.

La chance favorisait le journaliste ; au bout d’un quart d’heure, d'ej`a en possession d’un petit tas d’or, auquel se m^elaient quelques billets de banque. Fandor s’initiait aux subtilit'es du tirage `a cinq.

Brusquement, alors qu’il gagnait toujours, le jeu s’arr^eta ; la banque venait de sauter. L’homme qui la tenait s’'etait lev'e, tout p^ale, sans mot dire, et se retirait, se perdant dans la foule indiff'erente, cependant que le croupier, d’une voix glapissante, criait autour de lui :

— Aux ench`eres, messieurs, la banque `a cent livres, deux cents…

— Cinq cents, fit une voix.

Fandor, pr'ecis'ement `a ce moment, avait enfoui son b'en'efice dans les poches de ses v^etements et, sans la moindre pudeur, se pr'eparait `a partir. Mais, lorsqu’on devina ses intentions, ce fut, dans les groupes des pontes qui l’entouraient, un concert de protestations :

— Ne partez pas, disait-on, vous avez la veine. Restez-nous allons gagner avec vous… marchez donc, il faut encore faire sauter la banque.

'Etourdi, Fandor consentit `a rester. Il 'eprouvait m^eme une certaine 'emotion en s’apercevant qu’il 'etait d'esormais le plus rapproch'e de la table et que c’'etait `a lui qu’il appartenait maintenant de prendre les cartes que distribuait le banquier.

En levant les yeux sur le banquier, Fandor eut un sursaut. Son adversaire n’'etait autre que le petit Teddy.

Pauvre Teddy.

Heureux Fandor.

Les pontes avaient eu raison d’insister aupr`es du journaliste pour qu’il continu^at `a jouer. La chance, en effet, les favorisait merveilleusement par l’interm'ediaire de Fandor qui, `a chaque coup, abattait huit ou neuf d’une facon presque r'eguli`ere. Teddy perdait tout ce qu’il voulait, et m^eme ce qu’il ne voulait pas.

Or, au fur et `a mesure qu’il gagnait, Fandor sentait `a son front perler une sueur froide.

— Comment le jeune Teddy poss'edait-il tant d’argent ? D’o`u lui venait cet or qu’il dilapidait aussi gaillardement ?

— Parbleu, pensa Fandor, voil`a qui confirme mes soupcons, ce Teddy est une sinistre petite crapule…

Mais le journaliste devait en rester l`a de sa r'eflexion. Quelqu’un, avec autorit'e, lui avait mis la main sur l’'epaule, et ce quelqu’un, 'elevant la voix au milieu du silence, n'ecessaire au jeu, d'eclarait, d'esignant Fandor :

— Ne continuez pas, messieurs, cet individu-l`a est un tricheur.

Fandor demeura un instant interdit, puis, bondissant sous l’insulte, il quitta sa chaise, se redressa, d'evisagea son interlocuteur et poussa une exclamation de surprise !

L’homme qui venait de l’accuser, c’'etait le lieutenant Wilson Drag. Les deux hommes se d'efiaient du regard.

— Monsieur, vous allez retirer ce que vous venez de dire et me faire des excuses.

— Je maintiens ce que j’ai dit, monsieur, il est impossible que vous ne trichiez pas. Vous gagnez trop…

L’officier ne poursuivit pas. Une gifle magistrale avait claqu'e sur sa joue. Appliqu'ee par Fandor.

— Vous me rendrez raison, monsieur, criait l’officier.

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