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ЖАНРЫ

Le Cadavre G?ant (Гигантский кадавр)
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Sans cesse il se r'ep'etait :

— Il y a des hallucinations collectives !

Et, malgr'e lui, il ne pouvait pas y croire, 'etant bien certain d’^etre dans son bon sens, 'etant bien convaincu que ce qu’il voyait, il le voyait r'eellement.

Vingt minutes `a peine s’'etaient 'ecoul'ees que le rayon du soleil avait chang'e de place et que, d'esormais, la silhouette fantastique avait disparu.

Certes, on rep'erait parfaitement bien l’endroit o`u quelques instants auparavant chacun avait vu le g'eant 'etendu.

Il 'etait toujours l`a, ce gros quartier de roche, gros comme une maison, sur lequel le g'eant semblait avoir appuy'e son pied d'echauss'e ; elle 'etait toujours l`a, dress'ee vers le ciel, cette aiguille de granit contre laquelle le gigantesque personnage appuyait ses 'epaules et sa t^ete ; mais au lieu et place du corps formidable que chacun avait apercu il n’y avait plus que le glacier bien connu de tous les habitants de la r'egion, le glacier en forme de fer `a cheval et autour duquel 'etait r'eparti une mousse 'epaisse et floconneuse de neiges 'eternelles.

— Il 'etait l`a et il n’y est plus… Qu’a-t-il pu devenir ? articula Michel les dents serr'ees.

Nul ne lui r'epondit dans la classe.

`A l’heure du d'epart, quelques instants apr`es, les enfants s’en allaient en silence, cependant que le ma^itre de son c^ot'e songeait, tout pensif, tr`es troubl'e :

— Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? et d’o`u provient cette extraordinaire apparition ?…

Chapitre XVII

Le bon locatair

e

Ce m^eme jour, dans la matin'ee, M me F'erot, la m`ere du petit Louis, qui avait 'et'e puni la veille `a l’'ecole de Grenoble, s’en allait au march'e de Dom`ene.

Dom`ene est un village distant de quinze kilom`etres environ de Grenoble. Il est coquettement situ'e au pied de la cha^ine de Beldone, presque sur les bords de l’Is`ere, qui coule `a cet endroit en flots larges et tranquilles, et longe la route qui conduit jusqu’`a Chamb'ery.

Dom`ene, comme tous les villages des environs de Grenoble, est un important march'e de gants, et M me F'erot, qui occupait dans une des maisons de commerce de Grenoble une modeste situation, venait `a Dom`ene afin de s’y approvisionner pour le compte de sa maison.

La jeune femme, car c’'etait une femme de trente-cinq ans environ, avait pris le tramway 'electrique pour arriver jusqu’au village, et descendait aux premi`eres maisons. Elle ne se rendait pas en effet tout de suite sur la place, o`u les ouvri`eres fabricantes de gants 'etaient r'eunies ce jour-l`a, mais prenant un petit sentier `a gauche, dissimul'e entre deux haies qui s'eparaient un champ de tabac d’une verdoyante prairie, elle descendit presque jusqu’au bord de l’Is`ere, et s’arr^eta `a la grille en bois d’un jardin aux allures coquettes, au parterre bien entretenu.

Ce jardin entourait une maison de confortable apparence, construite en pierre de taille, comportant deux 'etages et coiff'ee d’un toit rouge en briques ondul'ees.

C’'etait l`a 'evidemment une propri'et'e d’agr'ement qui devait ^etre charmante `a habiter, car elle avait dans une r'egion magnifique une vue enchanteresse ; du premier 'etage en effet, rien qu’en se penchant `a la fen^etre, on embrassait d’un coup d’oeil la pittoresque vall'ee de l’Is`ere au premier plan, tandis qu’en face s’'elevaient les premiers contreforts du massif de la Chartreuse, l’horizon 'etait limit'e `a gauche par le sommet du Casque-de-N'eron, et `a droite par les aiguilles pointues du Grand-Som.

M me F'erot venait `a peine de tirer le cordon correspondant `a une cloche plac'ee sur le mur de la maison que de gros aboiements retentirent.

Un chien de berger, un superbe molosse, surgissait soudainement d’une niche et se pr'ecipitait de l’int'erieur du jardin vers la grille, de l’autre c^ot'e de laquelle se tenait M me F'erot en attendant qu’on vienne lui ouvrir.

La jeune femme, assur'ement, 'etait une famili`ere de la maison, car, loin de s’'epouvanter de l’apparition brusque du gros chien et de son accueil peu hospitalier, elle le calma du geste et de la voix, sans para^itre nullement effray'ee.

— Tais-toi, Dick ! tais-toi ! criait-elle.

Et le gros chien s’'etant approch'e de la barri`ere, flaira la visiteuse par la claire-voie de la grille, puis se mit `a remuer la queue tout en cessant d’aboyer.

M me F'erot n’attendait pas longtemps. Une porte de la maison s’'etait ouverte d`es le premier appel de la sonnette, et quelqu’un apparut sur le seuil qui descendit ensuite les marches du perron, puis s’en vint au-devant de la visiteuse.

C’'etait une femme ^ag'ee, d’une silhouette imposante et distingu'ee, et dont la chevelure blanche faisait `a son visage un cadre tr`es doux et tr`es s'eduisant.

M me F'erot, sit^ot qu’elle apercut la personne qui venait au-devant d’elle, esquissa un sourire, et salua la vieille dame d’un aimable bonjour.

Celle-ci r'epondait de la m^eme facon, mais il semblait qu’en d'epit de son attention `a para^itre 'egalement aimable et joyeuse, elle devait avoir un perp'etuel souci dans l’existence, souci auquel elle devait cette grande ride qui barrait son front d’un sillon profond comme une blessure.

La vieille dame ouvrit la grille et s’effaca pour laisser entrer dans le jardin M me F'erot.

— Quel bon vent vous am`ene ? interrogea-t-elle.

Et elle semblait assez surprise de recevoir cette visite `a une heure aussi matinale.

Son interlocutrice, qui s’'etait inclin'ee devant elle, r'etorqua aussit^ot :

— Je viens vous parler d’une affaire, madame Verdon, d’une affaire qui est susceptible de vous int'eresser… Vous avez bien cinq minutes `a me donner, je suppose ?

— Mais certainement, fit la vieille dame, donnez-vous donc la peine d’entrer dans la maison.

— Oh ! c’est inutile, fit M me F'erot. Je suis un peu press'ee ; c’est aujourd’hui march'e de gants `a Dom`ene, et il faut que je fasse des achats pour mes patrons. Seulement, voil`a, j’ai profit'e de ce que je venais dans votre pays pour vous proposer quelque chose, et cela tombe bien, c’est hier soir qu’on m’a pos'e la question.

— De quoi s’agit-il ? fit M me Verdon.

— Voil`a, madame, poursuivit M me F'erot. Vous cherchez, n’est-il pas vrai, des pensionnaires ?

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