Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— Si ce n’est que cela, monsieur, la chose est bien facile, et je serai enchant'e de vous rendre ce service. Un autre bock ?
— Oui, r'epliqua M. Person, je veux bien, mais c’est moi qui paie. J’y tiens absolument.
Une demi-heure plus tard, ils quittaient le caf'e. L’automobiliste fit monter l’entrepreneur dans sa voiture, mit celle-ci en route, puis vint s’installer au volant, `a c^ot'e de son nouvel ami.
Le v'ehicule d'emarra doucement :
— C’est une belle machine, d'eclara l’automobiliste, au moment o`u, passant devant l’Hippodrome, le v'ehicule s’engageait sur le pont Caulaincourt. Voyez, sans 'elan, nous montons en troisi`eme vitesse. La conduite est tr`es simple, on n’a absolument `a s’occuper que de la manette des gaz. J’ajoute que l’un des gros avantages de la prise directe…
M. Person l’avait interrompu d’un cri :
— Ah, mon Dieu, que faites-vous ? Qu’est-ce que c’est ? O`u allons-nous ?
Brusquement le v'ehicule obliquait, et les voyageurs subissaient le contrecoup d’un choc d'etermin'e par la roue qui montait sur le trottoir. Person avait une extraordinaire vision : il lui sembla soudain qu’entre lui et le pilote de la voiture, venait de se dresser un troisi`eme personnage, un ^etre au visage blafard, aux yeux ternes, un homme en habit, puis soudain l’entrepreneur de travaux poussait un nouveau cri, un cri de douleur cette fois. Quelque chose l’aveuglait, lui br^ulait les yeux.
Puis ce fut un grand choc qui 'ebranla le v'ehicule, des 'eclats de vitres jaillirent de toutes parts. Person g'emit, puis s’'ecroula.
***
— O`u suis-je. Qu’est-ce qu’il y a ? que m’est-il arriv'e ?
Le vieil entrepreneur ouvrit les yeux, demeura interdit.
Il 'etait 'etendu par terre. Il avait froid. Machinalement il porta la main `a la poitrine, s’apercut que celle-ci 'etait d'ecouverte. On avait d'eboutonn'e ses v^etements, d'efait son col et sa cravate. Autour de lui se pressait une foule aux yeux exorbit'es. Quelqu’un qui le soutenait sous l’'epaule l’interrogea :
— Vous vous sentez-vous mieux ?
Person se relevait p'eniblement.
— Merci : je vais mieux, en effet. Mais que m’est-il arriv'e ?
Il se redressait `a peine qu’il poussait un cri, en apercevant, non loin de lui, la voiture automobile dans laquelle il 'etait mont'e avec un personnage rencontr'e chez Walter. La voiture avait 'et'e donner de l’avant contre le parapet du pont, elle 'etait pench'ee sur le c^ot'e, en pi`etre 'etat.
Un homme s’approcha, 'ecartant autoritairement la foule, il 'etait suivi de deux agents de police, il s’adressa `a Person :
— Monsieur, fit-il, je suis inspecteur de la S^uret'e. Cette voiture vous appartient-elle ?
— Mais non, r'epliqua l’entrepreneur, je suis mont'e dedans tout `a l’heure avec son propri'etaire ; nous avons eu sans doute un accident et puis j’ai perdu connaissance, je ne sais pas ce qui s’est pass'e.
Le policier qui interrogeait M. Person n’'etait autre que L'eon, l’inspecteur de la S^uret'e qui faisait 'equipe avec Michel et ce soir-l`a le remplacait dans la surveillance quotidienne du pont Caulaincourt.
L'eon, un excellent homme, ancien subordonn'e de Juve, portait sur son visage la trace ind'el'ebile de la cruaut'e de Fant^omas : L'eon en effet 'etait borgne. Quelques mois auparavant, il avait perdu un oeil dans un effroyable accident dont la cause avait 'et'e d'etermin'ee par le Roi du Crime.
— Il m’a sembl'e, dit l’entrepreneur, qu’`a un moment donn'e, j’ai vu tout d’un coup surgir le fant^ome dans la voiture.
Tandis que certains agents recherchaient le propri'etaire de l’automobile qui avait disparu, l’un d’eux qui fouillait le v'ehicule poussait un cri :
— Non, ce n’est pas possible.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
L’agent sortit de l’int'erieur de la voiture, il tenait des v^etements, des v^etements noirs, fins et souples, et un plastron blanc.
— Encore, grogna L'eon.
Il s’approchait de l’agent, mais il s’arr^eta court. Derri`ere lui, un g'emissement venait de retentir, qui s’'etait 'echapp'e des l`evres de M. Person.
— Vol'e, murmurait Person, vol'e, je n’ai plus mon portefeuille. Disparu.
— Qu’est-ce que vous dites ?
— Oui, monsieur, j’ai 'et'e odieusement d'epouill'e. Figurez-vous que j’avais vingt mille francs en billets de banque. Ils ont disparu. Ah, mon Dieu, ah, mon Dieu !
***
— Enfin, mon cher Juve, y comprenez-vous quelque chose ?
— Rien, dit Juve.
Le policier se trouvait au Palais de Justice, dans le cabinet du juge d’instruction qui avait remplac'e l’infortun'e Mourier, myst'erieusement assassin'e quarante-huit heures plus t^ot.
Or, le magistrat qui avait pris la suite du d'efunt n’'etait autre que M. Fuselier, juge habile et document'e, qui, `a maintes reprises, avait eu `a intervenir dans des proc`es, dans des enqu^etes auxquelles Juve 'etait m^el'e, et non pas Juve tout seul, mais encore et aussi Fandor, enfin et surtout, Fant^omas.
— Non, mon cher monsieur Fuselier, j’avoue que les myst`eres se multiplient autour de nous. Ils sont tragiques. Et ils restent incompr'ehensibles. Je n’y comprends rien.
— H'elas, fit Fuselier, c’est `a peu pr`es comme moi. Ce pauvre Mourier a laiss'e des affaires embrouill'ees, dossiers mal tenus, enqu^etes en d'esordre. Il 'etait de la vieille 'ecole et ne proc'edait point dans ses instructions avec la m'eticuleuse m'ethode de la jeune g'en'eration.
« 'Ecoutez, reprit Fuselier, vous ^etes, mon cher ami, le seul inspecteur de la S^uret'e en qui j’aie confiance et sur lequel je puisse compter. Nous avons, non seulement des relations l’un et l’autre qui remontent `a pas mal d’ann'ees, mais encore une intimit'e, une camaraderie, qui me permettent, m’adressant `a vous, de solliciter bien plus le concours d’un ami que l’appui d’un collaborateur.
— Exact. Mais o`u voulez-vous en venir ?
— `A ceci, fit Fuselier : la S^uret'e g'en'erale, les inspecteurs ordinaires, M. Havard lui-m^eme, sont des gens que je tiens pour parfaitement incapables de nous sortir de cet imbroglio. Il faut que nous marchions ensemble Juve. Vous allez avec moi vous occuper de toutes les instructions dont je suis charg'e. L’affaire de la Maison d’Or, vous savez bien ce vol `a l’esbroufe [12] qui a 'et'e commis avec une audace sans pareille. L’histoire 'egalement de ce malheureux homme auquel on a coup'e les oreilles, victime encore de Fant^omas, assur'ement. Enfin, Juve, il faut tirer au clair la s'equestration dont vous avez 'et'e victime et aussi il est indispensable que nous venions `a bout de cette ahurissante affaire du spectre de la rue Caulaincourt, qui non seulement terrifie, assassine, mais vole encore !